Section de français de la Faculté des lettres
Mémoires
Accueil
Rechercher
Liste des enregistrements
Afficher tout
Rapport récapitulatif
Consulter enregistrement
Auteur
Gamboni, Laura
Titre
“ Elégie de la mort violente ”, le deuil dans l’œuvre de Claude Esteban.
Directeur
Wyss, André
Résumé
Ce mémoire traite du thème de la mort et du deuil dans l’œuvre de Claude Esteban, poète franco-espagnol né en 1935 à Paris. Il analyse principalement “ Elégie de la mort violente ” (1989), recueil rédigé après la mort de sa femme, et qui se situe à une place charnière de l’œuvre. En effet, si l’on compare l’œuvre antérieure à 1989 avec celle ultérieure, on prend conscience du bouleversement occasionné par la confrontation à la mort réelle. Ce mémoire est donc divisé en trois parties : l’œuvre antérieure où le thème de la mort occupe déjà une place essentielle,“ Elégie de la mort violente ”, et l’œuvre postérieure, dont je tente de cerner la réorientation radicale. La seconde partie, la plus importante, insiste sur trois enjeux du texte élégiaque : la question du langage, celle du sujet de l’écriture, et enfin celle du rapport au monde extérieur et aux hommes. Le premier enjeu, que j’ai nommé “ le langage poétique et la mort ”, traite du double aspect de la parole poétique face à la mort : menacée dans ses fondements par la confrontation au néant, elle frôle le mutisme ; cependant, malgré la douleur et les doutes, elle s’impose comme la seule possibilité de survie, construisant une œuvre qui se fait mémoire de la disparue et chemin de deuil. L’analyse des trois parties stylistiquement très différentes du recueil met en lumière l’évolution au sein même du langage. Ce dernier passe en effet de l’expression brute de l’événement tragique et de la douleur à son élargissement dans un chant qui permet l’universalisation et le partage de la plainte. Le second enjeu, nommé “ la douleur du poète ”, met en lumière la perte des repères suscitée par la mort de la personne aimée, ainsi que la prise de conscience de sa propre finitude en miroir à celle de l’autre. Ce recueil retrace tout un parcours allant de la révolte face à l’inacceptable jusqu’à l’acceptation de la perte et de sa propre mort. Le troisième enjeu, nommé “ L’absence de l’autre ; l’absence aux autres ” traite du rapport à la femme disparue et au monde extérieur. Si au départ la douleur ainsi que la tentative de maintenir un contact avec la morte se font au détriment du rapport aux autres, l’acceptation progressive de la disparition se fera au bénéfice d’une réouverture au monde extérieur. Au vu de l’évolution interne à “ Elégie de la mort violente ” ainsi que de sa mise en perspective avec le reste de l’œuvre, je suis arrivée à la conclusion que ce recueil, né d’un bouleversement total, amorce une poésie plus lyrique, c’est-à-dire ancrée dans l’intimité même du poète, et résolument tournée vers le lecteur. Il s’y dessine la nécessité d’un rapport nouveau à la mort, au langage et à la poésie. Dans la lucidité douloureuse de la fragilité humaine, cette poésie se recentre sur l’essentiel. Partant de l’expérience la plus intime qui soit, elle parvient à en faire une parole qui rassemble.
Année
2002
Discipline
littérature moderne
Cote_BCU
MFM 703