Section de français de la Faculté des lettres
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Auteur
Feihl, Marie
Titre
La reine Guenièvre, Morgane la Fée : de l’objet et l’obstacle au statut d’héroïne. Adaptations et représentations des personnages arthuriens au cinéma et dans la bande dessinée internationale
Directeur
Wahlen, Barbara
Résumé
Cette étude a pour sujet principal l’étude dans un contexte de théorie des genres de l’adaptation et de la représentation de deux personnages féminins médiévaux au cinéma et dans la bande dessinée : la reine Guenièvre et Morgane la Fée. En effet, une des composantes majeures de ce travail est la contextualisation du personnage féminin médiéval dans une histoire et une politique sociale qui n’ont eu de cesse d’évoluer, engendrant des bouleversements conséquents d’une décennie à l’autre : la montée du féministe et les idées qui en découlent sont tout à fait centraux. Le travail s’axe sur ces deux femmes car il s’agit de figures qui ont su façonner un idéal – entendons par là un fantasme – dans l’imaginaire collectif. Guenièvre est la belle reine de Logres, femme du légendaire roi Arthur et amante de Lancelot. Morgane, quant à elle, a été réduite à travers les siècles à une figure négative. Peu savent qu’elle était, à la base, un personnage positif : il n’en reste que la femme lubrique, mauvaise, rusée et puissante.
Mises en perspective à la fois entre elles, mais aussi avec l’histoire de l’émancipation féminine, Guenièvre et Morgane présentent une part inconnue, nouvelle et fascinante de leur féminité. Le cinéma, théâtre moderne, ainsi que la bande dessinées sont deux lieux d’adaptation et de reproduction particulièrement parlants dans notre société actuelle. Enfants, adultes, tous sont confrontés à ces médias et la force de leurs regards pèsent sur la reine et la fée. Seront-elles alors en adéquation avec ce qu’ils attendent ? Parviennent-elles au statut d'héroïne ?
Après analyse, deux schémas distincts mais qui rejoignent un même but se sont dessinés. Guenièvre, reine de Logres, demeure un objet de quête, un personnage passif avec une portée héroïque moindre voire inexistante. Même dans la série Merlin qui propose une Guenièvre noire, venant d'un milieu pauvre et qui s'élève par ses qualités morales, celle-ci ne reste qu'une raison pour Merlin et Arthur d'agir. Pourtant, on y voit une volonté de la placer au même rang que les protagonistes masculins secondaires, est-ce une réelle amélioration ? Elle demeure toujours un objet de quête, un personnage passif servant de raison aux protagonistes masculins pour agir.
Pour Morgane, le constat est presque le même dans le sens où, son personnage mauvais des textes des clercs médiévaux, ne garde finalement que cette méchanceté, cette duperie et la luxure. Elle n'est jamais dépeinte autrement et en devient presque parodique. Elle pourrait tout aussi bien avoir un autre nom, mais non, il faut que ce soit Morgane tant son nom est associé au mal. Il n'y a bien que dans la bande dessinée où son personnage évolue vers une représentation positive et active de la féminine. Ces deux schémas, pour la reine et pour Morgane, concourent à nous faire comprendre que la femme reste soumise au patriarcat.
La question soulevée dans la conclusion du travail est particulièrement intéressante. Ainsi, ces deux personnages féminins n'obtiennent pas ce statut d'héroïne et reste cantonnés à une représentation de la féminité passive ou dangereuse. Pourtant, il semble exister un terrain fertile pour une émancipation de ces protagonistes féminins et celui-ci se trouve étrangement dans des personnages qui présentent à la fois un côté masculin et un côté féminin : à l'image de Tristan dans Camelot 3000 qui cristallise à lui seule la question du genre et de sa représentation. Tristan est un homme, réincarné dans un corps de femme, doit-il se voir comme une femme ou un homme ? Est-ce le corps ou le genre qui prime ? Qu'en est-il de sa relation avec Iseult ? Est-elle homosexuelle ? Un changement se dessine dans les mentalités, le genre apparait comme quelque chose de fluctuant et on peut espérer que cela soit au profit du féminin. Le personnage de Lancelot dans la BD éponyme présente aussi ce problème de genre. C'est une femme, élevé en pensant qu'elle est un homme, elle n’apprend son vrai nom de héros que lorsqu'elle découvre qu'elle est une femme. Elle ne sait réellement ce qu'elle est, quel est son but ? Etre chevalier : mais elle est une femme, dans un corps d'homme, qui a des désirs d'homme. Toute cette problématique est fort captivante. Elle nous conduit à reconsidérer la question du féminin et du masculin dans ses représentations dans la société et plus les frontières seront floues, plus peut-être, le féminin aura une chance d'échapper à ce patriarcat écrasant.
Année
2014
Discipline
littérature médiévale
Cote_BCU
MFM 1104