Section de français de la Faculté des lettres
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Auteur
Barciela, Andrea
Titre
Transfuges sociaux : autobiographies et auto-sociobiographies, une écriture littéraire sociologiquement inscrite ?
Directeur
Meizoz, Jérôme
Résumé
On appelle « transfuges sociaux » des individus qui transitent d’une classe sociale à une autre. Qu’il s’agisse d’une ascension sociale ou d’un déclassement, les transfuges connaissent une mobilité sociale qui leur permet d’éprouver différents milieux sociaux, souvent contradictoires, auprès desquels ils se construisent. Considérés généralement comme des cas d’exception, les expériences qui découlent de leurs trajectoires atypiques n’ont de cesse d’interroger notre représentation du monde social.
Considérée comme une transfuge de classe, Annie Ernaux explicite sa démarche d’écriture ainsi que sa posture d’écrivaine en émettant l’hypothèse selon laquelle un texte pourrait devenir d’autant plus universel qu’il est personnel. En effet, l’auteure semble dresser, à travers son œuvre, des repères permettant de circonscrire des considérations à la fois génériques et formelles quant à la mise en récit d’une expérience liée à sa condition de transfuge social. Mais aussi d’une expérience intime dans laquelle il est possible de se reconnaître au-delà de la variété et de la particularité des histoires individuelles :
Cependant, comment envisager un tel phénomène ? Que signifie s’écrire en articulant sa vie aux structures sociales qui nous façonnent ? Qu’est-ce que ces types de mise en récit nous disent sur le monde et surtout, quelle valeur accorder à ce type de format ? N’est-ce pas une entreprise trop ambitieuse et indéniablement vouée à l’échec que de prétendre parler aux noms des autres ? Comment le récit d’une personne pourrait-il englober suffisamment d’aspects pour circonscrire un environnement social aussi complexe que le nôtre ? À l’instar des factualistes cherchant à saisir un réel qui s’échappe aussitôt qu’on pense avoir mis le doigt dessus, dans quelle mesure pouvons-nous faire surgir le social contenu dans ce qu’Annie Ernaux nomme le destin individuel ? Quels procédés textuels sont mobilisés afin de rendre compte de cette objectivation du vécu à laquelle se livre le scripteur ? De quelle manière s’opère ce mouvement qui tend à estomper son expérience intime et singulière vers des propriétés plus générales, des processus collectifs, voire sociologiques ? Autrement dit, pour reprendre l’expression d’Isabelle Charpentier, comment concevoir une « écriture littéraire sociologiquement instruite » ?
Afin de répondre à toutes ces interrogations, il s’agira dans ce travail d’observer et d’analyser, au regard de l’œuvre d’Annie Ernaux, différents récits autobiographiques d’auteurs transfuges. Une étude comparative dans laquelle je confronterai les textes de deux sociologues et de deux écrivains : l’Esquisse pour une auto-analyse (2004) de Pierre Bourdieu et Retour à Reims (2009) de Didier Eribon, ainsi que Le Chêne Brûlé (1969) de l’écrivain Gaston Cherpillod et En finir avec Eddy Bellegueule (2014) d’Edouard Louis.
Année
2020
Discipline
littérature moderne
Cote_BCU
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