Section de français de la Faculté des lettres
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Auteur
Capt, Vincent
Titre
ECRIVAINER. Le discours épistolaire de Samuel Daiber. Langue, psychose et inventivité.
Directeur
Adam, Jean-Michel
Résumé
L’intérêt de ce travail réside dans l’aventure où la langue se trouve embarquée : ECRIVAINER ? Le titre témoigne d’une pratique d’écriture spécifique, qui surprend, puis interroge : nous considérons les écrits épistolaires asilaires de Samuel Daiber (1901-1982) comme ce qu’Emile Benveniste qualifie de “truchement d’un autre « langage »”. C’est donc en des termes relevant du déplacement que nous abordons plus précisément une lettre datée du 28 novembre 1963 adressée à un médecin, “sortie” de la marginalité, de l’enfermement et de la stigmatisation psychiatriques par la Collection de l’Art Brut de Lausanne. Partant de l’articulation de la double dimension textuelle et sociale des pratiques discursives, ce travail reconnaît un genre de discours qui justifie le recours aux essais de Julia Kristeva, “aux frontières de la linguistique et de la psychanalyse”, où texte et contexte s’unissent par une théorie du sujet, faisant l’interdisciplinarité de cette étude. En fréquentant les marges propres au discours psychotique, nous entrons dans un univers total, qui joue sans cesse sur l’univocité du sens : par le désancrage face au code commun et le remaniement du lexique, la lettre de Samuel Daiber dit autant la plainte douloureuse, la dénégation du réel que la création foisonnante. Sachant que les internés sont relativement laissés à eux-mêmes en ce qui concerne l’expression verbale, nous pouvons affirmer nous trouver en face du discours d’un homme qui, comme Antonin Artaud le dit pour lui-même, avoue avoir perdu en partie la connaissance des mots, en faisant l’expérience extrême de se trouver étranger dans sa propre langue. Cet état d’altérité caractérise l’identité de la langue dans la langue de Samuel Daiber, dont la lecture permet d’établir le paradoxe fondateur : celui-ci passe par le double mouvement d’“une mort et d’une réinvention de soi”, si bien qu’il n’empêche pas de placer la question de l’aliénation dans le domaine de l’invention de nouvelles formes.
Année
2007
Discipline
linguistique française
Cote_BCU
MFM 868