Configuration de la Une : le discours de la presse écrite entre exigences de crédibilité, d’actualité et séduction du lecteur
Burger, Marcel
L’étude porte sur l’effet de captation engendré par les pages de titre de journaux. Il s’agit de voir comment le titre et l’illustration de la Une peuvent séduire le lecteur et quel contrat de lecture ils établissent. Pour cela, nous avons sélectionné un corpus de quotidiens et d'hebdomadaires présentant tous le même événement en couverture (attentats contre les Etats-Unis du 11 septembre 2001). Il s’agira donc de comprendre les effets produits et voulus par les instances de communication et de cerner le lectorat idéal auquel elles s’adressent. De plus, cette analyse nous permettra d'identifier les moyens de séduction mis en œuvre par les journaux dans un contexte relativement grave et face à une concurrence inhabituelle ne leur permettant pas de se distinguer par le choix du sujet figurant à la Une. Grâce à l’étude détaillée de ces Unes d’exception, étude où l’image prend une importance considérable, nous montrerons comment les médias tentent de déjouer la concurrence tant sur l’axe intramédias que sur l’axe intermédias dans le contexte de surinformation inhabituel mis en place par les médias audiovisuels le 11 septembre 2001. A travers ce travail, nous verrons comment la presse remplit la double fonction imposées aux médias, à savoir la visée civique consistant à informer et la visée économique commune à toute entreprise commerciale. Quels seront donc les choix adoptés par les quotidiens et hebdomadaires pour vendre malgré l'homogénéité de l’actualité au lendemain des attentats du 11 septembre 2001 ? En conséquence, quels seront les moyens et les mots employés pour nommer l'innommable, dire le déjà-dit et montrer le déjà-vu ?
A une époque où l’image semble prédominer au sein d’une publicité de plus en plus omniprésente, pour ne pas dire envahissante, force est de constater que la composante textuelle reste fondamentale dans la conception des annonces publicitaires de presse écrite, cela notamment à travers le slogan. Notre travail porte précisément sur cette petite formule, bien souvent éphémère, qui arrive à captiver les regards et amuser les esprits. C’est dans le divertissement verbal que se trouve la pierre de touche du slogan publicitaire, et pour cause, nous nous sommes intéressés plus particulièrement au phénomène linguistique de l’ambiguïté. Notre mémoire se propose d’étudier les mécanismes qui permettent à ce phénomène inhérent à la langue d’être récupéré de manière ludique dans la presse publicitaire. A partir d’une synthèse théorique générale de l’ambiguïté dans la langue française, nous avons tenté d’élaborer une typologie qui rende compte de la spécificité des ambiguïtés publicitaires que nous avons analysées au travers d’un corpus de slogans issus de magazines et d’affiches urbaines. Cette analyse nous aura non seulement permis de mettre en évidence les différents éléments qui favorisent la perception et l’élucidation du jeu sur l’ambiguïté mais elle aura également contribué à discerner la stratégie publicitaire sous-jacente à l’émergence simultanée de deux sens.
Un parfum de scandale ou l’esthétique scatologique dans la littérature française du Nord du XIIe au XIVe siècle
Hicks, Eric
La question principale de ce travail était de savoir pourquoi des textes, que nous qualifions de scatologiques, ont été écrit plus de sept siècles en arrière ? D’autant que ces derniers nous choquent, nous, lecteurs qui nous pensons comme modernes. Or, si nous postulons que toute littérature est un cri, la question est de savoir qui crie, pour quelle raison et par-dessus tout à qui ce cri s’adresse-il ? Peut-être que l’être humain, d’une manière générale, se faisant fi de toutes barrières spatio-temporelles, ne peut tout simplement pas gérer au niveau symbolique ses excrétions sans recourir à tout un faisceau de tabous — au sens aussi bien de sacré que d’interdit — et que nous retrouvons de manière prégnante ce phénomène au sein de la littérature médiévale. En effet, nos ancêtres semblent avoir eu une vision bien plus saine de la joyeuse matière si chère à Rabelais. C’est pourquoi nous nous sommes efforcés de cerner ces textes, leurs contextes d’énonciations ainsi que leurs significations. Or, que constatons-nous ? L’époque médiévale semble jouir d’une relative liberté face à la matière fécale aussi bien solide que gazeuse. Nous la mettons en situation pour mieux en jouer et en rire. En revanche, la diarrhée — qui par sa liquidité se rattache au niveau symbolique à l’urine — est connotée de manière négative. Nous sommes confrontés là non au corps joyeux qui excrète un trop plein mais au corps souffrant qui se vide et se meurt. Un changement radical de mœurs va intervenir au XVIe siècle et faire glisser tout le corpus scatologique dans cette nouvelle catégorie littéraire fourre-tout que va être la pornographie.
Jardins d’Hiver et de Papier : regards croisés sur le jardin d’hiver dans le Paris et la littérature fin-de-siècle : un espace entre science et imaginaire
Reichler, Claude et Philippe Junod
La présente étude repose sur le désir de mieux comprendre la profonde dichotomie séparant les jardins d’hiver édifiés dans le Paris de la fin du XIXe siècle de leurs homologue « de papier » créés par des auteurs contemporains tels Zola, Huysmans ou Rachilde : il s’agit d’appréhender le rapport apparemment antinomique que ces serres littéraires , monstrueuses et repoussantes, entretiennent avec ce qui est alors considéré comme l’un des fleurons en matière de science et d’esthétique. Aussi la problématique autour de laquelle s’articule ce mémoire se veut-elle double, puisqu’elle envisage, au travers du motif du jardin d’hiver, d’une part les résonances et la vision au sein de quelques romans de la Fin-de-Siècle d’une époque dominée par le scientisme et, d’autre part, l’inscription de cette même littérature dans son contexte social. En s’intéressant au rôle dévolu aux jardins d’hiver parisiens dans la relation triangulaire entre science, nature et société, il apparaît alors que ces derniers, au travers des théories et des pratiques qui les sous-tendent, ne sont pas sans receler nombre d’ambiguïtés et de doutes dont le discours officiel ne rend pas compte, mais que les serres de la Fin –de-Siècle s’ingénient précisément à mettre en lumière. La mise en place d’une perspective comparatiste – entre littérature et histoire de l’art et, plus généralement, histoire sociale - permet de constater comment les serres littéraires tour à tour prennent le contre-pied des jardins d’hivers réels ou agissent comme un révélateur à leur égard, témoignant ainsi de la posture éminemment ambivalente entretenue par a Fin-de-Siècle avec son époque.
Hypertextualité ou intertextualité ? Voltaire et Jean Cocteau réécrivent l’Œdipe-Roi de Sophocle.
Heidmann, Ute
L’objet de ce mémoire est le phénomène de la « réécriture ». Ce terme est souvent utilisé pour caractériser les textes qui empruntent un sujet ou une intrigue, par exemple, à un texte antérieur. Comparer un texte à celui qu’il réécrit ne peut se limiter à un relevé des similitudes et des différences. Pour que la comparaison révèle des éléments essentiels des textes, la prise en compte de la relation intertextuelle est importante. Ce travail propose de faire de l’intertextualité un outil pertinent pour l’analyse comparée des discours. L’examen de la terminologie que Genette développe dans Palimpsestes conduit à écarter la notion d’hypertextualité au profit de celle de relation graduelle d’intertextualité. Afin de préciser son rôle dans la constitution des textes, cette étude compare les relations intertextuelles d’Œdipe de Voltaire, d’Œdipe Roi et de La Machine infernale de Jean Cocteau par rapport à l’Œdipe Roi de Sophocle. L’étude porte sur la dramaturgie, la structure narrative des intrigues et la comparaison des épisodes, qui permettent de dégager la singularité des quatre mises en texte du mythe d’Œdipe.
Dialogues sur l’Allemagne et l’avenir de l’Europe de l’entre-deux-guerres. Correspondances de Guy de Pourtalès avec Hermann von Keyserling et Stefan Zweig.
Jakubec, Doris
Ce mémoire est une présentation des correspondances de Guy de Pourtalès, écrivain franco-suisse, avec le philosophe germano-balte Hermann von Keyserling et l’écrivain autrichien Stefan Zweig. La configuration et les recherches qui ont été entreprises pour mener à bien ce travail sont celles que demande un travail d’édition : les lettres inédites ont été retranscrites en respectant au mieux leur mise en page et en suivant des règles de retranscription en usage. Les correspondances sont, d’une part, précédées d’une partie importante de présentation de leurs contextes d’énonciation et des perspectives de lecture, et sont suivies d’une synthèse ; d’autre part, elles sont accompagnées de notes de bas de page et de textes de liaison facilitant leur lecture. Situé dans le domaine de l’histoire des idées, ce mémoire met en évidence, au moyen de la comparaison, la résistance à la décadence culturelle, morale et spirituelle de l’Europe – point commun aux trois auteurs étudiés –, mais tout en insistant sur les différences dans l’attitude de chacun, dues à des origines diverses et à des destins particuliers. Des visions de l’Europe différentes y sont donc confrontées. En outre, le rapport particulier et différencié entretenu par chaque auteur avec l’Allemagne est mis en évidence et est analysé. Ce travail propose également, par l’intermédiaire de Guy de Pourtalès, de réfléchir à la place de la Suisse dans l’Europe de l’entre-deux-guerres et à sa valeur de modèle du fédéralisme pour une part des contemporains pensant l’Europe.
Les vases communicants du rêve et de la création littéraire chez Virginia Woolf et Marguerite Yourcenar. Étude comparative de The Waves et Les songes et les sorts.
Heidmann, Ute
Dans des œuvres d’appartenance générique différente, Virginia Woolf et Marguerite Yourcenar opèrent toutes deux des rapprochements insistants entre le rêve et la création littéraire. Qu’empruntent-elles au rêve pour expliquer l’écriture et inversement, et comment ces vases communicants fonctionnent-ils chez chacune ? Cette étude comparative d’un texte fictionnel (The Waves) et d’un texte de type à la fois essayiste et autobiographique (Les songes et les sorts) suit une progression en trois temps, qui correspondent à trois plans de comparaison différents. Il s’agit tout d’abord de comparer les caractéristiques génériques des deux textes et d’évaluer la notion de réalité telle qu’elle est représentée par chacune des auteures. La comparaison se concentre ensuite sur un motif précis relatif au rêve et à la création littéraire : la liberté vis-à-vis de l’espace et du temps. Enfin, les choix de composition proprement dits de Woolf et Yourcenar sont abordés à travers quelques procédés qui ont pour centre la construction de l’image, cette unité d’expression commune au rêve et à la création littéraire. En éclairant l’œuvre artistique de chacune des deux écrivaines dans une lumière mutuelle, la comparaison montre d’une part que la dynamique du rêve permet de comprendre celle de l’écriture et réciproquement; d’autre part que la construction de l’analogie entre rêve et création littéraire connaît des variations intéressantes dans des sphères linguistiques et culturelles différentes (l’Angleterre et la France) et pourtant liées par des références européennes communes.
Blaise Cendrars «Vol à voile» : l’invention d’un apprentissage
Meizoz, Jérôme
Vol à voile (1932) est un récit de Blaise Cendrars qui appartient à cette catégorie d’écrits se situant à cheval entre l’autobiographie et la fiction. Ce mémoire tente de déterminer de quelle manière ces deux registres travaillent conjointement à l’édification du mythe personnel de l’auteur : celui de l’écrivain baroudeur, de l’aventurier. L’analyse des plans générique, formel et thématique de Vol à voile permet de montrer comment le travestissement du passé de Frédéric Sauser, l’homme civil, est mis en peuvre par le récit au profit de Blaise Cendrars, le pseudonyme. Certaines ressemblances formelles et thématiques permettent également de vois en ce cours récit un prélude à la tétralogie d’après-guerre (L’homme foudroyé, La main coupe, Bourlinguer, Le lotissement du ciel).
Variations du discours de L.-F. Céline sur son style Contextualisation d’un discours en mouvement
Meizoz, Jérôme
Quelques années avant sa mort, Louis-Ferdinand Céline publie un petit livre intitulé Entretiens avec le Professeur Y, dans lequel il revendique un statut de styliste sans message. Il y fait part de son mépris pour ce qu’il nomme les « idéââs », quinze ans après s’être inscrit dans un militantisme antisémite actif. Aujourd’hui, l’entretien fictif que constitue Entretiens avec le Professeur Y est bien souvent considéré comme le véritable « art poétique » de l’écrivain, alors que, bien loin d’être le seul, il n’est que le dernier. De « Qu’on s’explique… » (1933) à Entretiens avec le Professeur Y (1955) en passant par Bagatelles pour un massacre (1937), Céline a constamment reformulé son discours au gré des circonstances. Mon travail se propose de considérer dans leur contexte l’ensemble des écrits et des interviews où Céline parle de son œuvre, de son style et de la littérature ; il pose l’hypothèse d’une rupture radicale dans le discours poétique de l’écrivain avant et après la deuxième guerre mondiale.
La parole détournée de Jean-Luc Benoziglio : une analyse stylistique de Cabinet portrait et de Tableaux d’une ex
Adam, Jean-Michel
La prose de Jean-Luc Benoziglio tire sa particularité de nombreux jeux sur une langue détournée, manipulée au gré de délires verbaux et d’associations d’idées. Observant l’utilisation du cliché dans diverses formes de modifications de la langue courante, ce travail cherche à découvrir quels sont les principaux faits de style mis en place par l’auteur dans son œuvre. Après avoir établi un cadre méthodologique basé d’une part sur la description de la stylistique littéraire de Georges Molinié et les idées de stylistique non littéraire de Charles Bally, prolongées par Jean-Michel Adam, et d’autre part sur les questions de l’auteur et du lecteur posées par Roland Barthes et Umberto Eco, deux romans particulièrement représentatifs de l’écriture de Benoziglio sont largement analysés : Cabinet portrait (1980) et Tableaux d’une ex (1989). Le but de cette étude est de voir ce qui fait l’identité de la parole de Jean-Luc Benoziglio, dans une perspective de stylistique textuelle d’auteur.
Jean Genet et les Palestiniens : Le livre d’une révolution entre fiction et Histoire
Kaempfer, Jean
Dans Un Captif amoureux, Jean Genet (1910–1986) évoque ses années aux côtés des feddayin palestiniens. Il met en scène son rôle de témoin et s’interroge sur la place de l’artiste au sein de la révolution. L’écrivain, sur le point de mourir, prolonge son témoignage historique par l’exploration de ses mythes personnels. Ce travail s’interroge sur les rapports entre fiction et Histoire, au travers notamment d’un examen de la posture auctoriale. Si l’ouvrage se veut autobiographique, le narrateur-personnage invite le lecteur à le lire comme un roman. Il pose ainsi la question du mensonge et de la littérature face à la reconstitution par l’écriture d’un réel historique. Par ailleurs, son tableau de la résistance palestinienne semble nourri de l’imagerie et des fantasmes qui portent le reste de son œuvre. En examinant les représentations révolutionnaires, on peut replacer ces attitudes dans l’esthétique de l’univers fictionnel genetien. L’étude de la métaphore de l’Histoire comme théâtre permet de comprendre le lien entre le réel historique et l’art.
L’image de la femme dans la publicité : étude quantitative et qualitative de quatre magazines féminins : Femina, Marie-Claire, Edelweiss et Jeune et Jolie
Durrer, Sylvie
Cette recherche se propose, à travers l’étude de plus de 900 publicités parues en Suisse Romande durant les mois d’octobre, novembre et décembre 2001, de dresser un portrait de l’image des femmes proposée dans la presse qui leur est destinée. Cette étude se compose de six chapitres : - chapitre 1 : présentation des divers aspects théoriques entourant la question de l’image des femmes dans la publicité - chapitre 2 : présentation du corpus et de ses particularités (rapports presse féminine / publicité) - chapitre 3 : présentation de la méthodologie (analyse quantitative et qualitative portant à la fois sur l’iconographie et le texte publicitaire) - chapitre 4 : résultats commentés de l’analyse quantitative sur l’iconographie et le texte publicitaire avec une introduction sur les rôles de l’image et du texte dans la publicité - chapitre 5 : analyse qualitative : présentation de "types" de femme rencontrés dans le corpus, analyse comparative détaillée de deux publicités mettant en scène une femme et deux hommes – conclusions
‘En la prison de desplaisance’ : Fortune dans les poèmes anglais et français de Charles d’Orléans.
Mühlethaler, Jean-Claude
Ce travail, qui envisage les poèmes anglais (ms British Library Harley 682) et français de Charles d’Orléans comme un seul et même corpus, s’intéresse à la place accordée à Fortune dans les ballades que le prince a écrites durant sa captivité anglaise. Depuis le De consolatione philosophiae de Boèce (VIe siècle après J.-C.), l’expérience de la prison est indissociable de Fortune, déesse de la chance et du destin, qui figure aussi bien les désordres du monde que l’instabilité inhérente à la condition humaine. Alors qu’elle apparaît parfois christianisée, certains auteurs de la fin du Moyen Âge ne la prennent plus au sérieux et l’utilisent pour se faire comprendre d’un public laïc ou pour justifier les erreurs des hommes. Dans les poèmes de Charles d’Orléans, qui offrent peu d’ancrage référentiel, les différentes attitudes du locuteur vis-à-vis de la déesse témoignent de la fragmentation du “je” lyrique et rappellent à quel point la lecture biographique d’un œuvre poétique est délicate. La première partie de ce travail traite des poèmes précédant La Departie d’Amours, de sujet exclusivement amoureux, alors que les poèmes suivant La Departie, qualifiés de “divers propos”, sont étudiés dans la deuxième partie. Il apparaît rapidement que la différence principale ne se situe pas entre les poèmes anglais et français, mais entre les poèmes traitant ou non de l’intériorité du locuteur. Les poèmes politiques font, en effet, appel à la volonté des hommes plutôt qu’au pouvoir de Fortune, qui n’est prise au sérieux que dans les poèmes qui traitent du “je” lyrique. La dernière partie du travail traite du lien entre Fortune et création poétique. Pour le locuteur, la déesse est une figure adverse et l’écriture qui en résulte n’aboutit pas à une réflexion sur la nature de cette force hostile, mais sur l’expression du sentiment qu’elle génère. Intériorisée, Fortune représente l’instabilité dont se nourrit le poème et les références au lieu clos figurent tout autant la souffrance du locuteur que le replis nécessaire à l’écriture.
Comment dire l’indicible et formuler l’informulable : les activités de modulation dans des confidences radiophoniques
Durrer, Sylvie
La confidence est une parole qui expose le parleur, d’autant plus lorsqu’elle s’inscrit dans le cadre d’une émission radiophonique qui fait intervenir un/e animateur/trice dans le rôle interactionnel de confident/e, et qui suppose la présence implicite des auditeurs. Ce travail se propose d’appréhender – à travers un corpus de confidences radiophoniques – toutes les formes de précautions et d’atténuations prises par les appelants pour énoncer une réalité difficilement formulable, contourner (consciemment ou pas) des thèmes délicats ou frappés de tabou, ou encore censurer des déclarations trop personnelles ou des sentiments “déplacés”. Par ailleurs, cette étude s’appuie sur le concept de modulation, ébauché par Vion, et qui englobe précisément tous les processus marquant la distance du locuteur face à ses propos et tendant à diminuer la part de subjectivité, et donc de risque que celui-ci peut investir dans l’interaction. Ces modulations relèvent donc du registre de l’euphémisme, des lexicalisations prudentes, des préliminaires, des justifications, des auto-corrections etc. Notre travail se propose d’en dresser un inventaire et d’en analyser les fonctionnements. Autrement dit, comment les contenus de ces confidences sont-ils verbalisés afin de ménager les animateurs et les auditeurs ? Quand rencontre-t-on des activités de modulation et pourquoi ?
Autour du style d’Ahmadou Kourouma. Étude des Soleils des Indépendances.
Noël, Mireille
Ahmadou Kourouma est l’un des écrivains les plus en vogue de l’Afrique de l’Ouest. Son succès actuel doit beaucoup aux particularités et à l’originalité de sa langue qui, dans un premier temps, a choqué et a été rejetée. Ahmadou Kourouma remodèle l’écriture académique française. Son style est imprégné de la culture malinké dans laquelle il a grandi et du français qu’on lui a enseigné à l’école. Il est aussi marqué par le français ivoirien et enfin par ses études supérieures menées en Afrique puis en France, ce qui explique le caractère bigarré de son écriture. Mais, cela ne suffit pas à expliquer son style : Ahmadou Kourouma s’en prend au français académique. Il viole le code normatif du langage et instaure ainsi un langage nouveau, totalement décomplexé. Il prouve qu’il peut s’exprimer autrement et montre de ce fait son désir de se libérer du carcan occidental et d’affirmer son identité propre.
Reprises du mythe d’Orphée et d’Eurydice au XXe siècle : étude comparative de La Nouvelle Eurydice de Marguerite Yourcenar et de poèmes de Margaret Atwood, H.D., Ellen Bryant Voigt et Alta
Heidmann, Ute
Ce travail examine et compare plusieurs textes de langues française et anglaise qui s’inspirent du mythe d’Orphée et d’Eurydice : La Nouvelle Eurydice, roman de Marguerite Yourcenar, et plusieurs poèmes de langue anglaise, à savoir « Orpheus » et « Eurydice » de Margaret Atwood, « Eurydice » de H.D., « Eurydice » d’Ellen Bryant Voigt et « eurydice » d’Alta. De manière plus précise, cette étude cherche à analyser, par les critères de comparaison retenus (énonciation et style), les visées de ces reprises du mythe qui construisent à chaque fois des significations nouvelles.
André Gladès (1867-1906), une vie entre sacrifice et révolte
Maggetti, Daniele
Ce mémoire repose d’une part sur des recherches biographiques et bibliographiques destinées à mieux cerner la trajectoire d’une femme écrivain peu connue, et propose d’autre part une lecture thématique de son œuvre. Nancy Vuille est née le 25 novembre 1867 à Neuchâtel, au sein d’une famille aisée. Elle déménage à Genève vers 1872, son père y ayant fondé une importante brasserie. Après sa scolarité et trois années de pensionnat en Allemagne et en Angleterre, elle suit à l’Université de Genève les cours d’Edouard Rod, auquel la liera une relation ambiguë. En 1893, elle s’installe à Paris avec son père. Dégagée des nécessités financières grâce à la fortune de celui-ci, elle n’a pas besoin de travailler pour vivre : son activité littéraire échappe donc partiellement aux contraintes qui pèsent sur la plupart des auteures de cette époque. Elle commence à publier grâce au soutien de Rod et de Louis Debarge, sous le pseudonyme d’André Gladès, et ne balise pas les domaines « féminins » que sont la littérature enfantine, populaire ou édifiante. Elle est l’auteure de nombreuses nouvelles et de trois romans, centrés sur la présentation de parcours féminins que marque le sacrifice. Son originalité réside dans le traitement de cet aspect : loin de la vision protestante et bourgeoise dominante, elle montre que les femmes qui se sacrifient empruntent une voie non rédemptrice et stérile.
La publicité en situation de communication de crise : Définition d’un sous-genre publicitaire de la presse écrite
Adam, Jean-Michel
Cette étude repose sur l’hypothèse que la publicité en situation de communication de crise constitue un sous-genre publicitaire de la presse écrite se distinguant de la publicité promotionnelle « classique » par des propriétés spécifiques. La publicité en situation de communication de crise se caractérise par un discours tout à la fois informatif et persuasif concourant à une finalité unique, c’est-à-dire modifier, voire parfois réhabiliter l’« image » d’une entreprise. Surdéterminé par un contexte d’énonciation particulièrement instable et complexe, ce discours publicitaire se voit soumis à de fortes contraintes : de transparence et de cohérence de l’information d’une part, mais également temporelle – la situation de crise exigeant une communication rapide. Au regard du corpus établi dans le cadre de ce travail et, plus exactement, de la vaste temporalité que ces publicités recouvrent, il conviendrait de distinguer trois sous-genres de publicités en situation de communication de crise classés selon le moment de leur diffusion – en « pré-crise », au moment du pic événementiel ou en « post crise » – et se signalant, dans leurs diverses réalisations, par des variations de forme et de contenu. Analysées tour à tour d’un point de vue énonciatif puis compositionnel, ces publicités en situation de communication de crise laissent néanmoins apparaître quantité de « faisceaux de régularités »1 permettant de définir un noyau prototypique de ce sous-genre publicitaire.
« Coller à son sujet », le style oralisé chez Emile Ajar
Meizoz, Jérôme
La question initiale de ce travail était de savoir si le style étonnant des romans que Romain Gary a signés du nom d’Emile Ajar (Gros-Câlin, La Vie devant soi, Pseudo, L’Angoisse du roi Salomon) relevait du style oralisé. Nous avons pu amener une réponse positive à cette question par l’étude des aspects biographique et formel de cette œuvre. Au niveau biographique, le pseudonymat de Romain Gary est très significatif : il exprime une préoccupation quant à la problématique de l’identité (l’auteur veut changer d’identité car il estime que ses œuvres ne sont pas reconnues à leur juste valeur) et il marque aussi une rupture au niveau stylistique puisque seuls les livres signés Ajar ont ce style particulier. Après une analyse formelle de l’oralité dans ces romans (marques classiques de l’oralité et figures propres à Ajar), nous avons pu constater que les personnages de ces mêmes romans étaient très proches de leur auteur Romain Gary par un aspect important de leur personnalité : leur désocialisation et leur caractère d’exclus. Autant pour l’auteur que pour ses personnages, la solution à cette identité troublée sera la recherche d’un nouveau style : le style oralisé.
Amarreuses, amoureuses, courageuses, ou les femmes martiniquaises dans l’œuvre de Raphaël Confiant.
Reichler, Claude
Ce mémoire se compose de trois chapitres. La première partie esquisse un tableau socio-historique expliquant la condition particulière des femmes antillaises de la période de l’esclavage au XXe siècles. Ce premier chapitre vise à montrer que le colonialisme a éloigné les hommes de leurs responsabilités familiales, faisant de la femme noire le "poteau mitan" de la famille. Le deuxième chapitre permet au lecteur de faire connaissance avec les femmes décrites par R. Confiant dans ses romans. Cette partie donne chair et vie à des personnages féminins forts, battants et responsables. Malgré une approche très physique des femmes de couleur, R. Confiant fait part avec lyrisme de son admiration et de son amour pour ces femmes qui portent leur famille et leur société. Le dernier chapitre recentre l’étude principalement sur deux femmes : Adelise et Lysiane, porteuses des concepts de multiculturalisme, de créolité, de diversalité chers à R. Confiant. Ces deux femmes ont pour rôle d’éveiller les consciences de leur communauté et d’apporter de la nouveauté par une langue en continuel mouvement, symbole de grande liberté et créativité.