Trois façons de reconfigurer les contes. Perrault, Grimm et Janosch (r)écrivent "La Barbe bleue" et "Le Chat botté"
Heidmann, Ute
Dans le cadre de ce mémoire, je me concentre sur les œuvres de Perrault, "Histoires ou Contes du temps passé. Avec des Moralitez", des Grimm, "Kinder- und Hausmärchen, gesammelt durch die Brüder Grimm", et de Janosch, "Janosch erzählt Grimm’s Märchen". Par le biais de la méthode de la comparaison différentielle, je montre comment ces trois œuvres s’inscrivent dans un processus de dialogisme intertextuel et comment chaque auteur révèle sa poétique des contes par le biais d’un processus de reconfiguration générique. A travers cette approche, je souligne que les textes tant de Perrault, des Grimm et de Janosch ne s’inscrivent pas dans un genre universel des contes, mais relèvent de pratiques discursives différentes selon leurs contextes et leurs cultures. En me penchant dans un premier temps sur la construction des dispositifs scénographiques mis en place par chaque auteur, puis, dans un deuxième temps, sur les (r)écritures des contes de "La Barbe bleue" ou "Blaubart" et "Le Chat botté" ou "Der gestiefelte Kater", je dévoile comment, tant Perrault, les Grimm et Janosch inscrivent leurs œuvres dans une nouvelle variation générique.
L'illusion subtile dans le Perceforest : une fiction légitime? Lectures de la métamorphose et métamorphoses du lecteur
Mühlethaler, Jean-Claude
Ce mémoire se propose d’étudier la scénographie du Roman de Perceforest en observant dans quelle mesure la composante autoréflexive de l’œuvre reflète une conception de la fiction interdépendante du contexte de production du Perceforest, visant en retour à légitimer l’œuvre dans laquelle elle s’inscrit. La poétique de l’illusion caractérisant le roman semble dessiner une éthique de la fiction, notamment en mettant l’accent sur la subtilité des personnages à même de produire des illusions. Cette notion, mise en avant par les travaux de Jacqueline Cerquiglini, sert ainsi de lien entre une conception spécifique du fait littéraire à la fin du Moyen Âge et son inscription au cœur de la poétique de l’illusion perceforestine. Cette poétique de l’illusion dessine une éthique de la fiction qui se définit dans l’usage que les faiseurs d’illusions font de leur subtilité (figures d’auteurs) et de la capacité qu’ont les spectateurs de ces illusions à se montrer subtils face à un signe complexe (figures de lecteurs). Par ailleurs, en parallèle à cette conception de la fiction qui se définit dans l’usage qui en est fait, une représentation positive de la fiction semble être mise en avant par l’exposition d’une illusion susceptible de transcender son statut afin d’exprimer une vérité : la métamorphose. Certaines métamorphoses impliquent effectivement une conversion de l’être, rendant leur assimilation à une simple illusion impossible. Les quatre métamorphoses de ce genre mettent ainsi en lumière la fonction civilisatrice que l’auteur du Perceforest assigne à son texte. Finalement, la lecture de ces métamorphoses, associée à une rhétorique de la mémoire, vise en retour métamorphoser le lecteur. L’entreprise du Perceforest se légitime alors dans les fins qu’elle se donne : agir concrètement sur le lecteur et par là même sur le monde.
Quand des héros de contes de fées font de la pub. Analyse linguistique de publicités télévisées françaises reconfigurant "La Belle au bois dormant", "Le Petit Chaperon rouge" et "Cendrillon, ou la petite pantoufle de verre" de Charles Perrault
Cordonier Noël et Pahud Stéphanie
Le sujet de ce mémoire porte sur la reconfiguration des contes de "La Belle au bois dormant", du "Petit Chaperon rouge", et de "Cendrillon, ou la petite pantoufle de verre" de Charles Perrault dans la production publicitaire télévisée française de ces cinquante dernières années.
Afin de tenter d’appréhender la variété des représentations des personnages de ces trois contes dans notre société, premièrement une analyse linguistique des textes de Perrault fait ressurgir les éléments constitutifs des représentations originales. Puis, les principales reconfigurations des trois contes au fil des siècles sont brièvement présentées : la réécriture des Frères Grimm, la réédition des Contes par Jules Hetzel, et l’adaptation cinématographique par Walt Disney. Pour allier l’image au texte, les illustrations accompagnant les récits originaux et leurs récritures, ainsi que celles de la reprise par Walt Disney, sont également analysées en tant qu’iconotextes.
Ces premières observations mènent à l’étude d’un corpus de trente spots télévisés. Les principales variations des représentations des personnages y sont analysées, afin de constater quelles versions des contes nous transmet la publicité et quelles sont leurs différences avec les textes de Perrault. Ces analyses permettent également de questionner les raisons poussant les publicitaires à reconfigurer ces contes, pour tenter de comprendre ce qu’ils peuvent apporter à leurs stratégies de vente.
L'oeuvre de Régis Jauffret sous le prisme de l'empathie: entre cruauté et apaisement
Rodriguez, Antonio
Ce mémoire poursuit un double but : il vise d’une part à fournir un regard neuf et stimulant sur l’œuvre de Régis Jauffret, une œuvre par ailleurs peu étudiée, et d’autre part à mettre en lumière la palette des réactions empathiques qui peuvent être suscitées par un texte. Plus précisément, la notion d’empathie y est utilisée comme un prisme qui révèle la richesse des romans de Jauffret, les phénomènes analysés permettant en retour d’envisager la complexité des processus au travers desquels le lecteur peut saisir les orientations affectives d’un texte.
La rencontre entre l’œuvre de Jauffret et les théories de l’empathie permet de mettre en évidence la dynamique qui associe cruauté et apaisement au sein des écrits de l’auteur, chacune de ces deux tendances mobilisant chez le lecteur un type d’empathie différent. L’analyse des phénomènes empathiques impliqués dans la lecture de Lacrimosa, qui constitue le cœur du travail, permet d’exposer cette dynamique, et se trouve ensuite prolongée par un survol des divers romans que l’auteur a publié à partir d’Histoire d’amour.
Le Roman et les enjeux de la liberté d'expression; La liberté de création face à la protection des personnes
Meizoz, Jérôme
La liberté d’expression est un droit avéré et légiféré au sein de nos sociétés démocratiques. La crainte de la censure paraît lointaine dans l’esprit collectif. Pourtant, bien que moins visible qu’au XIXème siècle par exemple, elle existe toujours. En effet, depuis la fin des années 1990, nous assistons à une recrudescence de mises en poursuites judiciaires d’écrivains contemporains. Il semble que la liberté d’expression n’implique pas le droit de tout dire, y compris dans l’espace de l’imaginaire. Des notions telles que la responsabilité de l’écrivain et la protection des personnes sont mises en avant par la justice, la presse ou encore des associations privées, et tendent progressivement à une limitation du territoire du dire des auteurs. Est-ce parce que la littérature se caractérise dorénavant par sa transgression dans le but d’un scandale qui fait vendre ? Ou au contraire assistons-nous à un retour de la morale bien-pensante ? Il convient dès lors de s’interroger sur les limites potentiellement imputables à la liberté de création et pourquoi celles-ci sont sujettes au débat. En effet, les œuvres se retrouvent de plus en plus souvent accusées d’avoir suggéré des actions répréhensibles auprès des lecteurs. La distinction entre les actes fictifs et les actes réels se floutent et la fiction se trouve jugée sur un pied d’égalité avec la réalité.
L’analyse des quatre romans de ce travail nous confronte, dans un premier temps, au vide judiciaire concernant la liberté de création ; en effet, aucune loi ne légifère l’espace créatif. Dans un second temps, nous nous interrogeons sur le rôle de l’écrivain et sur ses intentions. Enfin, nous mettons en exergue l’importance du rôle de la presse dans la réception de la littérature contemporaine. Nous analysons également l’opposition de la protection des personnes à la liberté d’expression et de création. A partir de quel moment le monde imaginaire d’un roman constitue un danger pour une personne publique ou pour la moralité de la jeunesse ? Les Particules élémentaires, Le Procès de Jean-Marie Le Pen, Plateforme et Rose Bonbon nous permettent de cerner les obstacles que doit combattre la liberté de création afin de pouvoir conserver intacte son territoire du dire.
L'énonciation comme mode de dénonciation des systèmes totalitaires postcoloniaux
LeQuellec Cottier, Christine
Ce travail souhaite analyser la manière dont le jeu scénographique établi dans chacune des œuvres du corpus permet la dénonciation des systèmes totalitaires postcoloniaux de l’Afrique noire francophone. Cette étude se pose trois questions principales. Tout d’abord, comment la relation entre savoir et pouvoir est-elle mise en place dans chaque roman ? Comment le pouvoir politique est-il mis à mal par la force linguistique des divers énonciateurs ? Ensuite, quel impact possède la transition entre une littérature orale et une littérature écrite sur nos ouvrages ? Finalement, quelles sont les différentes possibilités de communication au sein d’une production écrite et comment sont-elles exploitées par nos auteurs ? Notre analyse montre qu’un véritable dialogue s’instaure entre oralité et écriture, notamment grâce au concept d’ « oralité feinte ». En tentant de créer l’illusion d’une communication directe entre narrateur(s) et narrataire(s), l’énonciation en est particulièrement influencée. En ce qui concerne la relation entre savoir et pouvoir, nous postulons que la prise de parole entraîne une prise de pouvoir, faisant du discours littéraire une arme de dénonciation efficace. Un système polyphonique se développe dans chacune des œuvres, ce qui permet de renverser la situation dans un contexte totalitaire où seule la voix du dictateur compte. Afin de rétablir la communication, les écrivains proposent une énonciation égalitaire et démocratique dans laquelle le despote n’est plus le seul à s’exprimer. Les divers énonciateurs créent ainsi des espaces de libertés à l’intérieur du système totalitaire où règne la loi du silence. Par extension, Ndao, Lopes et Kourouma démontrent le pouvoir de la fiction et de l’imagination et font de l’écriture romanesque un espace de vérité au sein duquel différentes opinions peuvent encore se manifester.
Du rire à la réflexion : l’engagement dans les chansons des Cowboys Fringants
Le Quellec-Cottier, Christine
Ce mémoire s’intéresse aux chansons des Cowboys Fringants, un groupe québécois contemporain. Actif depuis seize ans en 2013, ce groupe connaît un important succès au Québec et en Europe. Si le style musical du groupe n’a pas tellement évolué depuis ses débuts, il n’en va pas de même pour le contenu des chansons. Celles-ci, qui étaient essentiellement humoristiques dans les premières années du groupe, sont devenues progressivement plus introspectives, sociales ou encore engagées en faveur de l’environnement. Ce travail interroge l’évolution du groupe et cherche à comprendre les raisons de son succès. Il s’agit également de s’interroger sur l’engagement du groupe à travers l’étude des thèmes qu’il privilégie. Ce mémoire est également l’occasion de s’intéresser à l’engagement dans la littérature en général, et à la spécificité de la chanson engagée au Québec, où certaines problématiques, notamment en ce qui a trait à la langue, n’ont pas la même importance qu’en Europe francophone.
Le morphème "SI" dans le recueil de 1695 des pièces en vers de Charles Perrault
Adam, Jean-Michel
Résumé
Ce travail propose une analyse des diverses occurrences du morphème SI dans le recueil des pièces en vers (édition préfacée de 1695) de Charles Perrault.
Après un éclairage théorique autour des différents types SI et un inventaire de ceux-ci dans le recueil nous analysons les usages du morphème dans chaque partie du recueil : la préface de 1694, la nouvelle Grisélidis et les deux contes en vers Peau d’Asne et Les Souhaits ridicules.
Nous avons établi une distinction entre les parties narratives du corpus (les parties fictionnelles) et celles péritextuelles, plus argumentatives (la préface, les épîtres dédicatoires et les morales). En effet, nous pensions trouver certains types de SI dans les parties fictionnelles – qui ont pour objectif de divertir et de plaire – et d’autres dans les textes introductifs ou conclusifs dotés d’une visée plus esthétique et pédagogique. Or, l’inventaire montre d’emblée que la répartition des SI est plus complexe et plus intéressante que notre première idée, puisque le même type de SI peut être employé dans des registres et des genres de textes très différents.
Nous débutons notre étude du morphème en emploi dans la préface de 1694 et dans les épîtres dédicatoires de la nouvelle Grisélidis.
Puis, nous proposons un parcours interprétatif à partir des occurrences de SI dans chaque récit fictionnel.
Ainsi, pour chaque pièce en vers nous avons établi une distinction entre les occurrences de SI de la voix narrative et celles des personnages (discours direct) qui proposent des effets de sens différents. Nous retrouvons des similitudes dans les emplois du morphème utilisé par le narrateur, qui adopte parfois une posture métaénonciative, offrant – vis-à-vis du récit et des personnages – une distance souvent ironique très intéressante à relever à travers les occurrences de SI.
Une interculturalité mise à mal dans la littérature féminine francophone d’Afrique noire : La dénonciation des vices liés aux tensions culturelles dans Un Chant écarlate de Mariama Bâ, La nuit et tombée sur Dakar d’Aminata Zaaria, Loin de mon père de Véronique Tadjo
Le Quellec Cottier Christine
Ce mémoire a pour but d’analyser trois ouvrages écrits par des auteures féminines francophone d’Afrique noire mettant en scène des personnages « métis », c’est-à-dire, étant confrontés à plusieurs systèmes culturels. Le premier objectif de ce travail est d’observer de quelle manière les protagonistes parviennent à appréhender leurs différentes appartenances et de voir comment ils gèrent la relation avec l’Autre : les personnages se situent-ils dans une dynamique dite « interculturelle » ? Entretiennent-ils un rapport d’ouverture basé sur des échanges réciproques ? Le deuxième objectif de cette analyse est d’interroger l’intérêt de cette thématique des tensions culturelles dans ces ouvrages écrits par des femmes africaines. Il s’agit de démontrer qu’en insérant des personnages hybrides et donc placés en marge de la société africaine, les auteures parviennent à remettre en question le fonctionnement de la société traditionnelle. Ces personnages métis se trouvent à la frontière de plusieurs systèmes culturellement différents, faisant d’eux des figures doubles. Ils se situent à la fois à l’intérieure et à l’extérieure de la communauté mise en scène, ce qui les amène à porter un regard externe mais surtout interrogateur sur la société traditionnelle. Finalement, les différentes observations établies au cours de ce travail permettent de cerner les diverses critiques mises en place au sein de ces ouvrages. Celles-ci sont principalement centrées sur le statut de la femme dans la société traditionnelle africaine ainsi que sur les difficultés engendrées par une identité métisse.
Qui se cache derrière ces sites internet ? Analyse synchronique de l'identité de trois opérateurs de téléphonie en Suisse
Burger, Marcel
A l’aide d’un corpus composé de pages de sites internet de trois opérateurs en téléphonie suisse, Swisscom, Sunrise et Orange, ce mémoire a pour but d’identifier les stratégies employées pour la construction des identités de ces entreprises. Les aspects abordés partent du postulat que « toute énonciation supposent un locuteur et un auditeur, et chez le premier l’intention d’influencer l’autre en quelque manière » (Benveniste 1974 :241). Des outils comme l’identification des déictiques, de la temporalité ou des actes de langage nous permettent de questionner certaines théories en mettant en exergue des fonctionnalités spécifiques au web et rendues possibles uniquement dans ce contexte. Ce travail met donc le doigt sur des pratiques, voire des habitudes que les auteurs de ces sites, métonymiquement les sociétés, ont prises parfois sans se rendre compte, et qui définissent leur identité et leur manière de séduire le consommateur. Car de fait, la construction de ces identités constitue un enjeu primordial de la communication.
Ecritures de soi; regards croisés entre Maghreb et Afrique noire. "Le Passé simple" de Driss Chraïbi et "L'Enfant noir" de Camara Laye.
Le Quellec Cottier, Christine
Au début du XXème siècle, des littératures en langue française voient le jour sur le continent africain, tant au nord qu’au sud du Sahara. Ce mémoire traite plus précisément de la problématique de l’écriture de soi dans les littératures maghrébines et subsahariennes de langue française. Certains critiques affirment qu’il n’existe pas de tradition littéraire de l’autobiographie en Afrique. La conscience collective jouant un rôle primordial dans les sociétés africaines, le dévoilement d’une subjectivité dans un texte est considéré comme spécifique à la culture occidentale, car ce geste implique avant tout de dévoiler une individualité propre. Or, paradoxalement, les écritures de soi sont largement représentées dans les phases initiales des littératures maghrébines et subsahariennes. Dans une démarche comparative, ce travail aborde deux œuvres qui ont joué un rôle fondateur dans la constitution de l’histoire littéraire africaine francophone : Le Passé simple de l’auteur marocain Driss Chraïbi (1954) et L’Enfant noir de l’écrivain guinéen Camara Laye (1953). Ces œuvres peuvent notamment être rapprochées par le contexte socio-politique dans lequel elles paraissent, marqué par un militantisme anticolonial, mais également par leur indétermination générique. Après avoir mis en lumière certains éléments culturels propres au Maghreb et à l’Afrique noire, nous analysons les différentes scénographies, concept théorisé par Dominique Maingeneau, instaurées par ces deux oeuvres. Nous articulons ensuite nos différents constats en regard d’une réflexion sur les fonctions de cette écriture à la première personne pour les auteurs africains francophones durant les années 50, période précédant les Indépendances, et également sur les raisons qui peuvent justifier l’indétermination générique de ces textes.
Passions tragiques et tempérance du style. Les nouvelles de Jean-Pierre Camus.
Zufferey Joël
Dans la première moitié du XVIIe siècle, Jean-Pierre Camus, évêque de Belley, rédige une vingtaine de recueils de nouvelles tragiques, ce qui équivaut à une somme d’environ neuf cent textes. Il paraît surprenant qu’un homme d’Église, réputé de son temps pour la qualité de ses prêches et la ferveur de sa foi, ait recouru à un tel genre littéraire. En effet, inspirées de « faits divers » ou de textes antiques, les nouvelles tragiques relatent les atrocités commises par les hommes : meurtres, viols, adultères, tromperies constituent la matière de ces récits. Toutefois, c’est précisément par le biais de ce genre, et en accord avec sa fonction ecclésiastique, que Camus espère réformer les mœurs de ses lecteurs. Considérant que les exemples vicieux ont plus d’effet que les exemples vertueux, l’auteur aspire à détourner ses lecteurs du mal en leur présentant la variété des horreurs humaines. Or, du moment qu’il évoque les excès de passion, Camus se doit d’accorder sa pratique d’écriture avec sa visée édifiante. Aussi, l’évêque parle des excès humains sans commettre lui-même d’excès au niveau rhétorique. À l’instar des conduites mesurées qu’il souhaite inspirer, il effectue une narration condensée et tempérée des débordements humains. Ce travail de mémoire vise à étudier les répercussions linguistiques de l’objectif d’édification morale de Camus à trois niveaux de ses récits. En observant la composition des textes, certaines formes syntaxiques particulières ainsi que le dispositif énonciatif mis en place par l’auteur, on sera en mesure d’apprécier la façon ingénieuse dont il investit l’écriture littéraire afin d’améliorer les comportements humains.
Créer la communauté. La crise de la société au prisme de la science-fiction dans l'oeuvre d'Alain Damasio.
Rodriguez, Antonio
Ce mémoire se propose d'explorer au travers de l'oeuvre d'un auteur contemporain, Alain Damasio, les implications et perspectives déployées par la (science-)fiction au regard de la crise de sens qui secoue, depuis près de soixante ans, la culture occidentale. Au travers du thème privilégié de la communauté, l'étude qui y prend place se tient à la confluence de l'histoire des idées et de la création littéraire. La science-fiction, comme genre privilégié de questionnement, y est abordée sous l'angle (philosophique et intertextuel) d'un terrain d'expérimentation thématique et linguistique. La question de fond qui l'alimente est celle-ci : est-il possible d'élaborer un lien social permettant aussi bien à l'individu d'amplifier ses aptitudes à vivre que d'établir au sens large avec autrui un rapport éthique ?
L’enchâssement narratif dans les romans d’Andreï Makine: un outil de rétrospection pour une lecture critique du présent?
Cordonier, Noël
A travers l’analyse de trois romans (La musique d’une vie, L’amour humain et La vie d’un homme inconnu), nous nous proposons de nous pencher sur un aspect méconnu et pourtant récurrent de l’œuvre makinienne : le phénomène d’enchâssement narratif. En employant ce procédé, il s’agit pour l’auteur de revenir sur le passé de son pays natal et les événements marquants qui ont jalonné son histoire. Selon nous, chaque œuvre de Makine est marquée par un type de narration dont la tonalité nostalgique traduit la recherche constante d’une patrie aujourd’hui disparue, d’une Russie effacée par le temps et la modernité.
Dans ce travail, nous procédons d’abord à une analyse structurelle des textes pour aborder ensuite les thématiques qui forment le contenu des récits enchâssés et qui apparaissent de façon récurrente au sein des trois romans. Nous nous intéressons par la suite aux réflexions que ces récits enchâssés suscitent au sein des récits enchâssants, et nous tentons enfin de définir plus clairement l’univers esthétique dans lequel nos œuvres évoluent, les courants de pensée qui ont inspiré Makine et la vision du monde que celui-ci cherche à transmettre à son lecteur.
Le récepteur face au méta-théâtre "La Seconde Chute ou Godot, Acte III « continuation »" & "Les Enfers ventriloques" de Sylviane Dupuis en dialogue avec "Ñaque o de piojos y actores" & "Los Figurantes" de José Sanchis Sinisterra
Heidmann Ute, co-directrice : Nunez, Maria Loreto
Le corpus de textes analysés se compose de quatre œuvres issues du répertoire du théâtre hispanique et francophone de la fin du XXème siècle et du début du XXIème siècle : "Ñaque o de piojos y actores" et "Los Figurantes" de José Sanchis Sinisterra ainsi que "La Seconde Chute ou Godot, Acte III « continuation »" et "Les Enfers ventriloques" de Sylviane Dupuis. Ces pièces ont comme spécificité le déploiement du caractère méta-théâtral qui repose ici sur une remise en question des différentes instances engagées dans la communication théâtrale : l’auteur, l’acteur, le personnage et le récepteur (lecteur et spectateur). Le récepteur est au cœur de mon analyse qui étaye l’hypothèse suivante : dans chacune des pièces, la réflexion méta-théâtrale, de par sa manière particulière d’engager le récepteur, permet de créer des effets de sens bien précis. Le phénomène méta-théâtral provoque chez le récepteur un questionnement des limites entre réel et illusion, il crée chez lui une certaine distance car on ne cesse de lui rappeler qu’il est au théâtre et que ce à quoi il assiste est une illusion. Cependant, le méta-théâtre permet une implication directe du récepteur dans le sens où la réflexion provoquée par l’œuvre continue à agir sur lui une fois la pièce terminée. Un subtil questionnement sur la vie (contexte historique et socio-politique) sous-tend chacune des pièces. De plus, le caractère méta-théâtral incite le récepteur à une réflexion sur la pratique théâtrale et sur l’art. Chez les deux auteurs, le méta-théâtre va de pair avec la revendication d’une théâtralité différente qui comprend, entre autres, le travail sur l’espace (scène/salle), la construction d’une structure dramatique particulière, un jeu d’acteur spécifique. Le mémoire comprend deux parties : la première est une analyse du paratexte (titre, épigraphe, dédicace, préface, liste des personnages, notes) et la seconde est une analyse centrée sur le texte dramatique (didascalies, dialogues, dynamique intertextuelle). Cette structure permet d’éviter une analyse strictement thématique ; c’est en partant des indices formels que le fond se révèle. La méthode que j’utilise pour la comparaison des pièces du corpus est différentielle. Elle se base sur la reconnaissance aussi bien des aspects communs aux textes que sur leurs différences.
Dans l'atelier de l'écrivain-lecteur. "Cristal et Clarie" ou l'art de faire du neuf avec de l'ancien : cristallisation productive ou simple plagiat ?
Wahlen, Barbara
Le roman de Cristal et Clarie, composé avant 1268 par un anonyme picard, est une œuvre pour le moins atypique, puisque son histoire se tisse autour de citations souvent littérales prélevées dans la littérature en vers des XIIe et XIIIe siècles. Ces passages sont intégrés harmonieusement à la trame narrative et leur hétérogénéité n’est marquée ni typographiquement, ni par une mention explicite. Par conséquent, ce roman a souvent été accusé de n’être qu’un simple plagiat et a de ce fait connu un succès plutôt mitigé de la part de la critique médiéviste. Ce mémoire se donne pour but de prouver que ces « implicitations », ou citations cachées, sont le signe de l’élaboration d’une poétique réfléchie et propre à l’auteur, entre héritage et création. Car, loin de n’être réemployées qu’à cause d’un prétendu manque d’imagination, les reprises sont toujours l’occasion de détournements parodiques et signifiants. Leur analyse révèle tout un réseau de sens qui démontre la finesse du projet intertextuel à l’œuvre dans Cristal et Clarie.
Débats littéraires en 1830 en France. Entre art social et art pour l'art
Caraion, Marta
Ce mémoire analyse le débat littéraire ayant lieu en 1830 entre deux mouvements. D'une part, l'art pour l'art, héritière de l'école romantique et prônant une indépendance des arts par rapport aux questions sociales et politiques, et d'autre part, l'art social, dont les plus fervents défenseurs sont les fidèles de Saint-Simon qui estiment que le rôle des arts, et plus particulièrement de la littérature, et de réunifier et de guider le peuple vers le bonheur commun qui sera offert par le progrès. Le but de ce travail est de questionner ces deux théories, de les comparer et de les contraster. Dans ce but un texte de chacun des mouvements précités est analysé. Dans un premier temps je me suis penchée sur un manifeste saint-simonien nommé Aux Artistes prônant l'art social et paru en 1830, dont l'auteur est un professeur de lettres nommé Émile Barrault. Dans un deuxième temps, je me suis intéressée à un texte défendant l'art pour l'art. Il s'agit de la préface à Mademoiselle de Maupin rédigée en 1834 par le poète Théophile Gautier. La première partie de mon mémoire s'attache à dégager l'argumentaire structurant ces textes et l'importance des réformes proposées pour la littérature. La seconde partie de mon travail s'applique à retracer l'inscription de ce débat dans la littérature contemporaine. Pour ce faire j'ai sélectionné deux oeuvres de Balzac tirées des scènes de la vie privée soit La Maison du Chat-qui-pelote (1830) et Modeste Mignon (1844). Il s'agit d'une nouvelle et d'un roman dont les intrigues maritales présentent parmi les personnages principaux deux artistes, respectivement, Théodore de Sommervieux et Melchior de Canalis. En grattant la surface des histoires de moeurs, je me suis employée à faire émerger le discours esthétique présent dans ces oeuvres et de le mettre en lien avec le débat entre art social et art pour l'art
L’écriture plurilingue. Entre quête identitaire et exploration stylistique. Le mariage des langues dans trois œuvres romandes : Le Pain de silence, Aires de repos sur l’autoroute de l’information et Sexualität
Maggetti, Daniel
Aborder l’écriture plurilingue dans Le Pain de silence d’Adrien Pasquali, Aires de repos sur l’autoroute de l’information de François Rosset et Sexualität de Pierre Lepori, c’est toucher aux problématiques identitaires liées au métissage, mais c’est aussi assister à une reconfiguration de la notion d’identité à travers un travail sur la langue. Voici la double fonction discursive du plurilinguisme dans les œuvres citées. Afin de vérifier cette hypothèse, ce travail fait interagir le mariage des langues avec les principaux constructeurs de sens dans un récit, à savoir les instances énonciatives, le cadre spatio-temporel et le style. L’analyse révèle tout d’abord, grâce à la territorialisation des langues, l’impact psychique des phénomènes socio-culturels de l’immigration, de la mondialisation et de l’ouverture des frontières en Europe. Elle dévoile ensuite l’inadéquation de l’unilinguisme, en tant que symbole d’un territoire, dans la définition des réalités multiculturelles. L’étude démontre finalement comment l’écriture plurilingue, proposant une nouvelle conception du monde, promeut l’identité hybride et l’antinationalisme. Les constats tirés ancrent les productions de Pasquali, Rosset et Lepori dans le courant contemporain des Lettres romandes, qui milite pour l’acceptation de la différence dans les sociétés d’aujourd’hui, à travers le mélange des langues.
Le miroir du fou. Etude sur le personnage de Daguenet dans les romans en prose des XIIe-XIIIe siècles
Wahlen, Barbara
Le présent mémoire porte sur la figure du fou dans les romans en prose des XIIe-XIIIe siècle. En travaillant sur quatre grands écrits en prose, à savoir : le Lancelot en prose, le Tristan en prose, la Suite Guiron et les Prophesies Merlin, nous avons cherché à retracer l'évolution de Daguenet le fol.
Du personnage effacé, au fou prenant la place du roi, les auteurs mettent en place différents procédés qui permettent de faire évoluer un personnage qui pourrait, sans cela, être pris au piège d'une tradition littéraire parfois rigide.
Le motif de la folie est également largement discuté dans ce travail où Daguenet endosse tour à tour le rôle du fou naturel et celui du fou d'amour, à l'image des grands héros de la Table Ronde que sont Lancelot et Tristan. Tantôt miroir de la folie d'amour et révélateur des autres fous, tantôt victime de cette même passion dévorante, ce travail présente Daguenet dans ces différents rôles, révélant une profondeur souvent inconnue chez ce personnage dont l'identité se forge au fil des textes
Entre référentialité et intertextualité, le réalisme hybride de la fiction dans Verre Cassé d’Alain Mabanckou
Le Quellec Cottier, Christine
Mabanckou prétend refuser d’être assujetti au devoir de témoignage auquel la littérature francophone africaine avait souscrit dès son émergence. Cependant, ses romans entretiennent une relation à son continent d’origine, par le lieu où se déroule l’action, par l’identité des personnages, ou encore par le procédé de l’oralité feinte. Si tout discours fictionnel possède un caractère hybride, dans le sens où il associe à l’imaginaire des références au monde réel et des renvois intertextuels, il apparaît que Mabanckou joue de manière ambiguë de cet état de fait, notamment dans "Verre Cassé". Le concept de scénographie, élaboré par Maingueneau et utilisé dans la théorie postcoloniale, permet d’analyser et de comprendre comment, chez Mabanckou, la fiction littéraire l’emporte en définitive sur un propos apparemment réaliste.
Le théâtre constitue ce qu’il convient d’appeler une tache aveugle dans l’Introduction à la littérature fantastique de Tzvetan TODOROV. Les raisons de cette absence se trouvent peut-être dans la résistance que le théâtre oppose au principal outil développé par le critique dans son essai : « l’hésitation entre le réel et […] l’illusoire [ou] l’imaginaire ».
D’abord, il semblerait que l’« hésitation fantastique » ne peut s’inscrire dans le texte dramatique de la même manière que dans le récit. La valeur affaiblie de la « vérité du récit » (RASTIER) proposée par les didascalies et la fréquente polyphonie des textes dramatiques offrent en effet un terrain très fertile à l’incertitude : même lorsque le lecteur implicite ne devrait en théorie pas « hésiter », le lecteur réel est en pratique autorisé à tout mettre en doute, parce que les textes de théâtre se révèlent particulièrement indécidables. Si l’« hésitation » subvertit potentiellement les règles du monde représenté, alors elle peut être qualifiée de fantastique ; c’est le cas de très nombreuses pièces écrites avant 1770 et après 1890, période où – selon TODOROV – le fantastique existerait presque exclusivement.
Ensuite, les spécificités de la monstration scénique demandent un traitement théorique particulier du voir fantastique au théâtre et la prise en compte de ses incidences sur la lecture du texte dramatique. Comment diriger le lecteur expérimenté ou le lecteur praticien de théâtre sur la piste de l’hésitation entre le réel et l’irréel quand il sait que l’événement scénique sera forcément « pris dans le tissu du réel » (UBERSFELD) ? Si l’illusoire théâtral s’apparente plus à une « hésitation » sur le degré de vérité de ce qui est montré que sur son degré de réalité, comment alors générer chez le spectateur une « vision ambiguë » au sens où l’entend l’auteur de l’Introduction à la littérature fantastique ?
Le théâtre constitue donc un défi pour la théorie du fantastique de TODOROV. Mais surtout, il semble que, prise au mot, cette théorie permette d’approcher au mieux la question délicate de ce que j’ai appelé dans ce travail « l’hésitation théâtrale ».
Paradoxes du discours commercial chez Balzac et Zola
Caraion, Marta
A partir de 1830, l’avènement de trois champs intrinsèquement reliés (le journalisme, la publicité et le nouveau commerce) engendre de nombreux changements non seulement au sein de la société française du XIXe siècle, mais aussi, et surtout, dans le monde littéraire. Ce qui est essentiel pour le propos de cette étude, c’est le fait que ces bouleversements économiques et culturels au cours du XIXe siècle provoquent ce qu'on peut nommer la commercialisation du langage : l'utilisation des mots en tant qu'outils de la modernité et du nouveau commerce. Jusque-là instrument principalement littéraire, le langage subit une transformation radicale et se positionne en tant que technique de vente ; il est utilisé d'une façon inventive dans le but de créer l'illusion et d'éveiller le désir des clients potentiels. Les différentes œuvres littéraires analysées dans ce travail (César Birotteau, L’Illustre Gaudissart I et II de Balzac, Au Bonheur des Dames et Une Victime de la Réclame de Zola) démontrent que les écrivains souhaitent dénoncer l'appropriation des outils artistiques par la rhétorique commerciale. Cependant, paradoxalement, la manière dont ils tentent de produire leur condamnation s'avère souvent révélatrice de leur ambivalence. Afin d’expliquer ce constat, ce travail se compose de deux analyses: premièrement, il s’agit d’examiner de quelle manière le domaine littéraire s'imprègne des écritures périodique et publicitaire en les intégrant à la production romanesque bien qu'en mettant en scène le schéma inverse de répulsion et de rejet des méthodes que l'on utilise dans le champ économique. Ces deux sentiments se produisent de façon simultanée et constituent la cause essentielle de l'ambivalence des hommes de lettres face à la modernité, au nouveau commerce, aux nouvelles formes d'écriture, à la littérature industrielle. Deuxièmement, dans les textes littéraires, le commerce, bien que férocement critiqué, est sans cesse assimilé à la littérature et aux arts de manière générale – au début du siècle cela se produit de manière implicite, l'explicitation intervient par la suite. Les marchands partagent les caractéristiques des écrivains et inversement. Les valeurs attribuées au commerce et à la littérature respectivement ne sont plus très clairement définies et distinguées.
De la gelosie d’Arthur à l’ire d’Yder : les émotions négatives au service de la nouvelle chevalerie dans le Romanz du reis Yder
Wahlen, Barbara
Œuvre arthurienne en vers du XIIIe siècle, le Romanz du reis Yder n’a guère suscité l’intérêt des chercheurs, excepté pour le comportement singulier du roi Arthur qui démontre de nombreux travers, comme le manquement à ses devoirs royaux, l’avarice ou la jalousie. Pathologique, cette dernière a particulièrement retenu l’attention des médiévistes : dans le récit, Guenièvre est présentée comme une femme aimante et fidèle et les accusations que lui porte Arthur sont donc injustifiées.
Notre étude se propose d’observer la jalousie et les autres vices du roi en parallèle d’une autre émotion négative, la colère, qui apparaît avec le héros du roman, Yder. Comme le roi censé représenter un idéal, le chevalier se doit de défendre les traditions courtoises et l’ire semble, dans un premier temps, s’y opposer. Pourtant, au fil de notre analyse, nous verrons au contraire comment elle permet la sauvegarde des valeurs chevaleresques. Instrumentalisée, la colère pousse le personnage d’Yder à s’opposer à la dégénérescence de son souverain. Le jeune homme se fait ainsi le porte-parole d’une nouvelle chevalerie qui doit désormais se construire de façon individuelle, sans ses repères traditionnels et hors de la communauté arthurienne.
Mélusine au XIXème siècle : du narratif au lyrique
Mühlethaler, Jean-Claude
Fondé en 1393 par le roman de Jean d’Arras, le récit de Mélusine est actualisé par la littérature moderne. Partant d’une légende médiévale, l’histoire devient un véritable mythe littéraire au fur et à mesure des reprises successives et s’épanouit pleinement dans la littérature française du XIXème siècle.
Le mythe se renouvelle à travers des œuvres narratives, telles celles d’Edmond Géraud (1810), d’Edouard d’Anglemont (1833) et d’Alfred Delvau (1869), mais également à travers des œuvres poétiques, telles celles de Gérard de Nerval et de Jean Lorrain.
Plaçant au cœur de notre démarche la notion de mythe littéraire telle qu’elle est pensée par Philippe Sellier et le phénomène d’intertextualité selon Michael Riffaterre, notre travail s’intéresse à l’actualisation du mythe. Par la mise en perspective du récit médiéval et du corpus littéraire moderne, l’étude aborde les résurgences littéraires du mythe médiéval de Mélusine au XIXème siècle de manière transversale et sans limite de genre. Mesurer la part d’innovation et la part de fidélité sont les buts principaux de nos analyses et le fil d’Ariane de cette recherche. Un mythe littéraire n’existant que s’il se renouvelle, nous prenons soin d’interroger les évolutions de la représentation du mythe en relation avec l’évolution des mentalités et des enjeux esthétiques propres à chaque auteur. Le travail met donc en évidence comment la valeur et le sens du mythe littéraire de Mélusine se sont recyclés et de quelle manière celui-ci reflète certaines préoccupations esthétiques, idéologiques ou personnelles d’une période ou d’un auteur en particulier.
La critique d'art de Marguerite Duras. Analyse textuelle et stylistique.
Philippe, Gilles
Ce mémoire traite de la critique d’art de Marguerite Duras et adopte une perspective textuelle et linguistique. Le corpus est formé de quatorze textes écrits sur une période de près de quarante ans, ce qui correspond approximativement à la durée de la carrière de l’auteur. Traitant de formes d’art différentes, comme la peinture abstraite et figurative, la sculpture, la mode et la photographie, ce sont pour la plupart des critiques de commande ou des demandes amicales.
Ce travail se divise en quatre parties. Le premier chapitre observe l’origine générique des textes et leur insertion en recueil. Cette partie est descriptive et constitue une introduction aux textes et aux thèmes qu’ils abordent.
Le deuxième chapitre aborde les diverses formes des textes. Certains appartiennent à un sous-genre littéraire et d’autres développent une forme plutôt libre. Cette partie du travail s’intéresse aux types de textes mobilisés par l’auteur pour l’évocation de l’œuvre d’art, tels que la description, la réflexion et le dialogue.
Mettant en œuvre les notions d’ethos et de scénographie issues de l’analyse du discours, le troisième chapitre examine les différentes manières dont les textes façonnent une image de l’énonciateur.
Adoptant une perspective chronologique, le quatrième chapitre examine l’évolution de l’écriture au fil des textes. Le corpus a été divisé en quatre périodes qui correspondent à des époques marquantes pour le style romanesque de l’auteur. L’analyse fait apparaître des régularités stylistiques qui sont moins accentuée dans la première période et qui se généralisent pour finalement aboutir à ce que l’auteur nomme « l’écriture courante ».