L'extime dans l'autofiction contemporaine au féminin. Annie Ernaux "La Honte", Camille Laurens "Philippe" et Catherine Millet "La vie sexuelle de Catherine M."
Rodriguez, Antonio
Le présent mémoire questionne l’exposition de l’intimité dans les autofictions contemporaines au féminin. Pour rendre compte d’un type d’écriture qui se manifeste à partir des années 1990, nous suggérons de le regrouper sous le concept « extime ». Ce faisant, notre recherche se focalise, dans un premier temps, sur l’évolution socio-culturelle de l’intimité, évolution qui provoque précisément l’essor d’une « culture de l’extime ». Rebondissant sur cette contextualisation, elle propose dans un deuxième temps de passer en revue les différentes apparitions du mot « extime », ainsi que leur apport à sa conceptualisation en littérature. Une fois le cadre posé, sont extraits trois axes d’analyse, illustrés par un corpus composé de La Honte d’Annie Ernaux, de Philippe de Camille Laurens et de La vie sexuelle de Catherine M. de Catherine Millet. La recherche se donne comme but premier de cerner un phénomène littéraire qui immerge le lecteur dans le sensible, tout en façonnant une subjectivité féminine moderne. En traquant à la fois les dimensions esthétiques et interlocutoires de ces récits, la théorisation de l’extime fournit une grille de lecture nouvelle du genre autofictionnel contemporain et constitue en ce sens l’enjeu principal de ce mémoire.
Personnage incontournable de la littérature arthurienne médiévale sans pour autant être central, Morgane est promue héroïne éponyme de l’un des romans de la trilogie arthurienne de Michel Rio. « Lieu vivant de tous les contraires », comme son père spirituel et « amant » Merlin, Morgane illustre à la perfection le couple fondamental présent dans chaque être selon l’écrivain breton : elle est rêveuse et logicienne.
Neige d’un jour ou hiver d’une œuvre : la saison morte dans les romans arthuriens en prose
Wahlen, Barbara
Le choix d’une temporalité hivernale pour des aventures chevaleresques, pendant négatif de la traditionnelle reverdie privilégiée par la littérature arthurienne, est un geste engageant de la part d’un auteur. Une telle rupture avec les conventions doit nécessairement être motivée par des intentions, qui n’auraient pu se satisfaire de la période printanière. Ce mémoire s’attache à les discriminer et à les comprendre. La Suite Guiron place son récit entièrement sous le joug de l’hiver, immense page blanche que s’offre son auteur. La Continuation du Roman de Meliadus, Le Roman d’Érec en prose et La Suite du Roman de Merlin ne proposent que des passages hivernaux restreints et temporaires. Chacun d’entre eux est pourtant un lieu privilégié où se manifestent les enjeux de l’œuvre, dans laquelle ils s’insèrent. L’hiver est identique à une petite boule sertie de facettes miroitantes, que chacun des auteurs fait rouler entre ses doigts, arrêtant son mouvement à l’instant où un reflet, un attribut de l’hiver, lui plait, ou lui est utile. Les mentions des éléments hivernaux remplissent des fonctions très diverses et impactent la trame du récit à des degrés variables. Parfois soigné dans les moindres détails, colossal et inéluctable, d’autres fois plus ponctuel et discret, l’hiver n’est jamais mobilisé sans servir intentionnellement le projet narratif.
« Nous habitons l’absence »
Michel Houellebecq : négociation de présence et dispersion créatrice
Meizoz, Jérôme
L’oeuvre et le personnage de Michel Houellebecq sont devenus indivisibles, tant son corps et son image médiatique sont investis dans la création. Si bien que considérer Houellebecq dans sa globalité implique d’appréhender ensemble un corps et un corpus, son oeuvre et sa posture. Ce mémoire commence par une analyse de la réception, dans l’idée de montrer que ses lecteurs et critiques participent de la création d’une figure d’auteur, s’impliquent dans le champ culturel, et contribuent à garantir à Houellebecq une place dans ce champ, ou à la lui réfuter. De surcroît, en revendiquant l’ambiguïté comme constitutive de l’écriture, Houellebecq sollicite cette réception participative et passablement houleuse.
Par ailleurs, l’extension de l’oeuvre sur différents genres et média suppose différents degrés d’investissement entre l’auteur et sa production. Tandis que dans les romans, l’instance auctoriale s’efface derrière la polyphonie des personnages, il en va autrement de ses essais et de sa poésie, où le lecteur est invité à projeter une forme de « sincérité », d’« authenticité ». En pensant l’oeuvre à la manière d’une cartographie, d’un univers intermédial, j’analyse dans cette optique des territoires moins abordés par la critique houellebecquienne : sa correspondance avec Bernard-Henri Lévy, ses photographies, ses disques, ses films.
Enfin, s’il y a une cohérence de l’oeuvre au-delà des supports, elle se manifeste par le biais de références communes et de récurrences thématiques et formelles. Les motifs de la disparition, de la dissolution, de l’absence, font écho aux pensées de Schopenhauer, de Comte et du bouddhisme, qui se laissent deviner en toile de fond à travers l’ensemble de l’oeuvre.
« La pharmacie de Michel Houellebecq : le traitement de la psychanalyse dans ses romans. »
Meizoz, Jérôme
La psychanalyse est présente, sous une forme ou sous une autre, dans chacun des six romans que Michel Houellebecq a publiés entre 1994 et 2015. Les personnages, à l’instar de l’écrivain, y tiennent des propos très radicaux à son égard : charlatanisme, arnaque, école d’égoïsme, fausse science. La psychanalyse ne semble bonne à rien puisqu’elle ne résout rien. D’ailleurs, elle traverse une crise en France en cette première décennie du XXIème siècle. La société ainsi que les médias relaient ainsi bon nombre des critiques qui lui sont adressées dans les romans houellebecquiens. La mise à mort de la méthode freudienne que Michel Houellebecq s’attache à mettre systématiquement en scène ne sert-elle qu’à ancrer ses romans dans un débat de société ? Qu’en est-il des autres acteurs du champ de la santé mentale qui peuplent également ses romans ? Si, selon ses propres dires, Michel Houellebecq « méprise » la psychanalyse, le traitement romanesque qu’il lui réserve peut nous ouvrir les portes de sa poétique d’auteur et nous éclairer sur le diagnostic qu’il établit de la société occidentale contemporaine.
Chariton d’Aphrodise – Théorie littéraire
«ἐρωτῶμεν, ἄνωθεν ἄρξαι, πάντα ἡμῖν λέγε, μηδὲν παραλίπῃς»
«Nous te le demandons, commence depuis le commencement,
dis-nous tout, et surtout, n’oublie rien!»
Escola, Marc et Bouvier, David
Chariton d’Aphrodise (1er s. apr. J.-C.) avait-il un plan en tête lorsqu’il a commencé à écrire le Roman de Chairéas et Callirhoé? Poser cette question, c’est cesser d’envisager le récit comme un tout achevé préalablement à l’écriture pour le voir plutôt comme un processus linéaire et dynamique. Partant, il faut élaborer un outillage théorique souple afin de décrire ce système textuel ouvert. Mon travail s’inscrit dans le champ d’étude de la théorie des textes possibles.
Le premier chapitre rappelle que tout texte est discontinu. Le deuxième chapitre montre l’instabilité de la notion théorique de narrateur. Le troisième chapitre est un nouveau répertoire de figures poétiques. Il distingue (1) figures d’écriture, forces vectorielles qui propulsent, font durer ou closent la narration, (2) figures de suture, qui opèrent les liaisons entre les structures du récit et (3) figures de réécriture, curieux cas de résumés du roman dans (et par) le roman, où affleurent les deux poétiques du récit dont j’ai fait le pari.
Lire des parties de ce travail: «Un curieux cas de zigzag narratif», Poétique 177 (2015), p.83-94, URL: www.cairn.info/revue-poetique-2015-1-page-83.htm; «Possibles amours. Lire comme si l’on écrivait», Atelier de théorie littéraire de Fabula (2015), URL: www.fabula.org/atelier.php?Possibles_amours.
« Se je ne fais une dame nouvelle » de l’amour courtois chez Charles d’Orléans
Mühlethaler, Jean-Claude
Quelle utilisation Charles d’Orléans fait-il de la tradition courtoise dans son recueil français après la mort de la dame ? Le recueil anglais, qu’il a rédigé pendant son exil (1415-1440), présente-il la même utilisation ? La mort de la dame entraîne diverses attitudes du moi lyrique face à l’amour courtois. Charles d’Orléans s’inscrit parfois dans le prolongement de l’héritage courtois, notamment à travers l’éloge de la dame qu’il poursuit après sa mort. Il fait aussi preuve d’une attitude plus ludique en exposant des manières contradictoires de réagir face à la perte de la dame, prônant tour à tour la fidélité absolue ou l’oubli. Finalement, l’imagerie courtoise est utilisée pour critiquer la société curiale de l’époque. Dans les grandes lignes, le recueil anglais fait écho au français en présentant des attitudes similaires tout en accentuant, au niveau du détail, le respect de la tradition courtoise. Ce travail ouvre des pistes pour de futures études sur le prince-poète, notamment la paternité du texte anglais et le rôle qu’occupe la deuxième histoire d’amour, placée sous le règne de Vénus (qui se substitue à Cupidon) dans le texte anglais et absente du recueil français qui, à l’époque dite « de Blois », prend ses distances avec le modèle courtois. Le public anglais serait-il plus attaché à l’héritage littéraire que le public français ?
La mort d’un enfant a ceci d’inacceptable qu’elle rompt le fil naturel du temps. C’est de cette rupture que Philippe Forest entreprend l’écriture de ses romans, ouvrant avec L’enfant éternel (1997) une œuvre qui, comme pour répondre à l’insupportable disparition de sa fille, s’émancipe de la linéarité mortifère du temps et s’affranchit de l’obligation de finir. Le parcours proposé dans ce travail envisage l’œuvre romanesque de Forest selon un élargissement progressif de la focale conduisant de l’analyse microtextuelle des temps verbaux à la relation qu’entretient l’ensemble de l’œuvre avec le temps, en passant par les différentes fonctions qu’endosse la fin de chaque roman. Ainsi, la réflexion puise son inspiration tant chez Benveniste et Weinrich – pour leurs postulats sur les effets des temps verbaux – que chez Rousseau et Kierkegaard – pour leur conception d’une temporalité cyclique. Chez Christophe Pradeau ou encore Jacques Roubaud, nous cherchons à dégager, pour mieux les identifier dans l’œuvre qui nous intéresse, les paramètres temporels propres au genre romanesque, toujours dans le but de démontrer la vocation de ce qu’on pourrait appeler, à la manière de Forest : le roman éternel.
L’éducation libertine : mise en place d’un dispositif éducatif dans l’œuvre du marquis de Sade
Caraion, Marta
Ce mémoire s’intéresse à la présence récurrente de l’éducation dans l’œuvre de Donatien Alphonse François de Sade, plus connu sous le nom de marquis de Sade, né en 1740 et décédé en 1814. Dans chaque ouvrage, il est question de la transmission d’un certain savoir-être et d’un savoir-faire qui s’adressent à un élève, principalement de sexe féminin, encore vierge au sens propre comme au sens figuré, et qui se voit confié, bon gré mal gré, à un ou plusieurs enseignants libertins. Ces derniers sont fortement disposés à leur inculquer les idées relatives au libertinage et au mode de vie qui l’accompagne. Entre immoralisme et débauche, l’enseignement profané par les libertins incite à culbuter les principes moraux et religieux. Dès lors, l’éducation s’annonce, pour Sade, moins comme une simple méthode d’instruction que comme une véritable stratégie de propagande visant à rallier le plus d’individus possible afin d’en faire d’indéfectibles partisans du libertinage.
Réécritures d’un Enchanteur au XXIe siècle :
Merlin dans la littérature de jeunesse
Wahlen, Barbara
Objet de fascination depuis le Moyen-Âge, le personnage de Merlin traverse les siècles et se rencontre aujourd’hui encore dans de nombreux médias, à la destination d’un public varié. Inspirant de nombreux récits pour enfants notamment, l’Enchanteur devient une entité accessible dès le plus jeune âge. Loin de constituer une figure immuable aux propriétés rigides, Merlin se décline actuellement en une infinité de nuances. Sa qualité protéiforme s’affirme et se conjugue ainsi au caractère plurigénérique de la littérature de jeunesse. À travers une étude de cas composée d’ouvrages contemporains, je propose de mettre en exergue diverses reconfigurations opérées par les auteurs et illustrateurs pour la jeunesse. Il s’agira de montrer que la pratique transfictionnelle ne détériore pas la figure merlinienne, mais l’adapte en fonction des projets narratifs et des destinataires. Le travail s’intéresse autant à l’aspect matériel du support, en analysant les données paratextuelles et iconographiques ; qu’à l’aspect textuel de la légende merlinienne, en considérant les réécritures d’épisodes et de motifs médiévaux ainsi que les ajouts inédits.
Quand Zermatten écrit à Ramuz : père, pair ou repère identitaire ?
Meizoz, Jérôme
De 1934 à 1946, Maurice Zermatten (1910-2001) et Charles Ferdinand Ramuz (1878-1947) échangent plus d’une centaine de lettres. En sus de l’admiration d’un jeune auteur pour son aîné, on y lit aussi une amitié littéraire réciproque qui s’approfondit au fil des années ; significativement, de « cher Monsieur », l’apostrophe se transforme en « cher ami ». Sur la base de la correspondance, ce mémoire interroge la réduction historiographique de Zermatten à un pâle émule de Ramuz. Sur la base d’une édition complète des lettres, il caractérise la relation entre les deux hommes, telle qu’elle apparaît dans la correspondance, puis réévalue la poétique et les postures de Zermatten écrivain au prisme de celles de Ramuz. Enfin, il montre comment le jeune auteur, après la mort de son aîné, fait de ce dernier un écrivain valaisan, et légitime par là l’autonomie culturelle de son canton d’origine, tout en le dotant d’institutions et d’un réseau d’écrivains (avec Maurice Chappaz, Corinna Bille, Marcel Michelet…). En mettant en exergue « les façons de concevoir et d’aborder l’examen des interactions entre individus et sociétés, privé et public, autonomie et contraintes » , ce travail s’inscrit donc dans la perspective des études de réseaux initiées par Michel Lacroix, et éclaire la construction puis la fragmentation du champ littéraire romand à partir de 1950, de même que la position singulière de Maurice Zermatten dans ce dernier.
Le Paradis peut encore être sauvé. Maurice Chappaz et la défense de l'environnement
Maggetti, Jérôme
Ce mémoire se veut une approche historique de la défense du bois de Finges, en Valais, par l'écrivain Maurice Chappaz. Après une première partie qui reconstitue la chronologie du premier engagement civique du poète valaisan, ce travail cherche à mettre en évidence les liens tissés entre l'action sur le terrain de la lutte pour la protection de la nature et l'activité poétique.
L’humour représente une valeur cardinale de la société contemporaine. Dès les années quatre-vingt, une nouvelle génération chez Minuit produit des textes humoristiques. Toutefois, comment appréhender cet humour Minuit à travers la diversité des approches ? Dans un premier temps, ce travail vise à distinguer l’humour du comique de la satire et de l’ironie en insistant sur l’ambivalence entre une tonalité pathétique et comique de l’humour. Puis, le second chapitre interroge la relation de connivence qui se crée entre le lecteur et le texte humoristique de Minuit à la fois dans le détachement et l’empathie. Enfin, on a parfois reproché aux écrivains de Minuit leur désengagement cependant, l’humour, dans sa capacité à décrédibiliser le discours sérieux, engage certaines valeurs en accord avec l’histoire des Éditions de Minuit.
La construction d'une figure d'auteur empathique dans les récits biographiques d'Emmanuel Carrère (1990-2016)
Rodriguez, Antonio
Au tournant du XXIe siècle, Emmanuel Carrère a souvent été présenté comme un auteur empathique par la critique littéraire. Cette dernière paraît pourtant montrer un signe de faiblesse - une brèche dans laquelle nous n'avons pas manqué de nous engouffrer. À force de grandes généralités et de longues entrées en "matière", qui prennent le pas sur l'analyse de la "manière", elle semble être passée à côté de ce qui apparaît pourtant comme la particularité d'un écrivain, dont les signes positifs de sympathie ont certes donné lieu à une abondante littérature, mais qui propose finalement assez peu d'explications de texte, préférant la longue-vue à la loupe, en partie parce que de tels signes se perçoivent encore moins facilement que ceux, plus négatifs, d'antipathie. Passés, eux, totalement inaperçus, ils sont ici étudiés tout aussi attentivement, afin de mieux comprendre pourquoi l'édification empathique, cette élaboration - avec ses contradictions - se double, chez l'écrivain, d'une construction antipathique.
"L'opinion", protagoniste principal de "Delphine" de Germaine de Staël et maîtresse du destin des personnages
Rosset, François
"Ayant une importance considérable dans la société du XVIIIème siècle, l’opinion, comme l’affirme Necker, est un « tribunal » qui juge les faits et gestes des hommes. Cette thématique occupe une large place dans l’œuvre de Germaine de Staël. Dans le cadre de notre travail, nous avons choisi de nous arrêter sur Delphine (1802), afin d’étudier comment De Staël traite de l’opinion. Dans ce roman, celle-ci peut se définir de différentes manières et revêtir plusieurs formes. En effet, elle peut représenter la société en général, faite de lois, de valeurs et d’une moralité censées régir les faits et gestes de chacun, mais elle peut aussi être incarnée par des personnages particuliers. Définissant tout d’abord le terme « opinion » nous avons ensuite établi un bref panorama de l’opinion au XVIIIème siècle. Dans une deuxième partie, nous avons établi la liste des différentes opinions présentes dans ce roman. Le sujet de l’opinion des personnages, de son rôle au quotidien a été développé, puis la thématique de l’opinion politique. Dans un contexte révolutionnaire, troublé, quelles sont les opinions en présence ? La question de l’opinion religieuse a aussi été prise en considération. La dernière thématique abordée dans le mémoire concerne la condition féminine. Ce thème associé à celui de l’opinion, nous avons observé quelles étaient les conséquences de celle-ci sur la vie des femmes. La dernière partie du mémoire adopte un angle plus large en examinant la position de l’auteur, Germaine de Staël et montre que Delphine peut être considéré comme un discours d’idées, voire un roman d’idées. Après l’étude de ces diverses facettes de l’opinion, nous répondons à la question principale du travail qui est : peut-on considérer l’opinion comme le personnage principal de Delphine ?"
Quand un cours identique devient différent. Analyse d'une séquence en classe aux 3èmes année niveau II et 2èmes année niveau I en Valais
Burger, Marcel
« J’lis tout ? ». « Madame, je lis dans le bon ordre ? ». Ces interventions proviennent d’élèves de classes différentes. Que signifie cet écart entre les deux types de réponses ?
Le corpus étudié est un ensemble de dix périodes de cours filmées par mes soins dans des classes de français d’un établissement du secondaire I en Valais. En me focalisant sur deux de ces périodes dans ce travail de Mémoire, je vais analyser la façon dont un cours sur une matière semblable donné par une enseignante à deux classes distinctes devient finalement différent. Les 3èmes niveau II et les 2èmes niveau I possèdent des livres et un plan d’études semblables et pourtant nous pourrons constater au terme de ce travail que le cours ne se déroule pas de la même manière en fonction des publics d’élèves.
Se situant entre le domaine linguistique et communicationnel, mon sujet s’intéresse à la manière dont les rapports de faces et places, et principalement la place dite subjective, sont négociés entre l’enseignante et les élèves dans les deux périodes. Pour ce faire, je vais me concentrer pour chacune d’entre elles sur deux moments d’interaction : l’arrivée en classe et le début du cours.
(R)écrire les mythes sous l'oppression. Poétiques croisées de Yannis Ritsos et de Sándor Weöres
Heidmann, Ute
"Le poète grec Yannis Ritsos (1909-1990) et le poète hongrois Sándor Weöres (1913-1989) ont tous les deux (r)écrit les mythes grecs, mais dans des contextes culturels et politiques différents. Leurs (re)configurations des ἀρχαῖα ont été développées face à la censure sous la dictature des colonels dans le cas de Ritsos et sous le régime communiste dans le cas de Weöres. ""A Orphée"" (""Στὸν Ὀρφέα"") composé en grec et ""Orpheus"" écrit en hongrois se distinguent par leur manière de mettre en scène la voix du poète. ""La toison d’or"" (""Τὸ χρυσόμαλλο δέρας"") et ""Medeia"" divergent par leurs formes énonciatives. ""Perséphone"" (""Περσεφόνη"") et ""Eros pleurant Perséphone"" (""Persephonét sirató Eros"") sont deux (re)configurations génériques très distinctes.
A l’aide de la méthode de la « comparaison différentielle » proposée par Ute Heidmann, ce travail cherche à mettre en évidence les singularités de chaque (re)configuration. L’étude des modalités de l’énonciation et de textualisation, de l’inscription générique, des dialogismes intertextuel et interdiscursif révèle les nombreux effets de sens créés par les vieilles histoires d’Orphée, de Médée et de Perséphone. Les voix poétiques finissent par se croiser autour du mythe polyphonique de Tirésias.
La lecture proche du texte et la traduction de travail permettent de montrer par les détails que les deux poètes détournent la censure par les subtilités dissimulées dans la langue. Les particularités de leurs mises en discours s’élèvent face à la voix unique du pouvoir. Dès lors, l’acte d’écriture apparaît comme une forme de résistance pour les deux poètes."
"France's best-kept secret" : Analyse pragmatique et linguistique des traductions anglaises de San-Antonio
Philippe, Gilles
Narrée dans une prose argotique et inventive, la Série des San-Antonio doit une partie de son succès à sa forte dimension communicationnelle, dans laquelle le narrateur s’adresse constamment à un lecteur complice auquel les romans sont explicitement destinés. Cultivant un lien de connivence avec ce partenaire, San- Antonio le sollicite notamment pour le déchiffrement des innombrables clins d’œil et jeux de mots dont il use et abuse. San-Antonio puise dans la culture française nombre de références qu’il suppose partagées avec son lecteur et les détourne à des fins ludiques dans le but de renforcer le sentiment d’appartenance à une communauté « d’initiés ». Ces derniers partagent non seulement le même goût pour les bons mots, mais aussi la même culture, ce qui tend à les rapprocher et à faire fructifier le dialogue qui s’établit par l’intermédiaire du texte. Nous aborderons en conséquence les romans de la Série du point de vue de la linguistique pragmatique afin d’analyser certains des éléments textuels qui encouragent ce dialogue, avant de nous intéresser au devenir de ces éléments durant le processus de traduction en anglais. Confrontés aux obstacles que représentent les éléments mentionnés ci-dessus pour un lecteur anglophone qui ne baignerait pas dans la culture et la langue françaises, les traducteurs se voient contraints d’adapter les éléments moteurs de la communication textuelle du français pour tenter de préserver le lien entre les narrateur et lecteur désormais anglophones. Nous comparerons trois romans français et leurs traductions respectives, chacune d’un traducteur différent, en nous focalisant sur trois « observables » jugés représentatifs des procédés communicationnels employés par le narrateur français. Il s’agira alors de montrer que, malgré toutes les méthodes à leur disposition, les traducteurs se heurtent bien souvent aux limites d’un contenu latent qui ne connaît pas d’équivalent direct en anglais, mais nécessite généralement une totale recréation.
Lancelot, un héros pour la jeunesse ? Étude du cycle Graal de Christian de Montella
Wahlen, Barbara
En tant que plus grand chevalier de la cour arthurienne et amant adultère de la reine Guenièvre, Lancelot possède dès son origine littéraire médiévale une nature duale. Lorsque des écrivains modernes se risquent à adapter son histoire pour la jeunesse actuelle, ils se trouvent face à un dilemme : sachant que le genre « jeunesse » comporte un certain nombre de contraintes et de règles morales à respecter, les amours de Lancelot et Guenièvre sont le plus souvent passées sous silence ou condamnées. Christian de Montella, auteur de Graal et écrivain pour la jeunesse, n’hésite pourtant pas à aborder dans ses romans pour adolescents des thématiques aussi sombres que l’inceste ou l’adultère. Connaisseur des œuvres originales médiévales, Montella nous offre une réécriture personnelle et psychologiquement développée de l'histoire de Lancelot, en donnant à la quête du Graal une toute nouvelle signification…
« Celui qui n'est pas avec moi est contre moi » : pour une typologie de la conversion chrétienne, de la matière de France à la matière de Bretagne
Wahlen, Barbara
Les études sur les thèmes religieux abondent, notamment lorsqu'il s'agit de littérature médiévale. Toutefois, l'analyse davantage détaillée du motif de la conversion demeure plus rare. Nous nous proposons ici d'en établir une typologie dans deux genres littéraires majeurs que sont les chansons de geste et les romans arthuriens du Graal. Le premier s'avère intéressant principalement en raison de la forte empreinte de l'aphorisme crois ou meurs, alors que nous retrouvons dans le second le mythe salutaire du Graal. Deux visions particulières qui rendent ces genres dignes d'intérêt. Après une analyse de cas précise, nous mettrons en évidence les ressemblances et dissemblances observées et nous nous interrogerons sur l'impact qu'elles peuvent avoir sur les auditeurs et lecteurs de ces récits.