Pour une émancipation ranciérienne du spectateur au Théâtre de Vidy-Lausanne. Analyse de la condition spectatrice dans "Je suis un pays" et "Voilà ce que jamais je ne te dirai" de Vincent Macaigne, et dans le dispositif de médiation.
Chaperon, Danielle
Ce mémoire étudie la condition et le rôle du spectateur au sein du Théâtre de Vidy-Lausanne, à la lumière du concept ranciérien d’émancipation intellectuelle : d’une part, dans deux spectacles de Vincent Macaigne, Je suis un pays et Voilà ce que jamais je ne te dirai et, d’autre part, au sein du dispositif pédagogique de médiation.
Notre travail cherche à savoir si Vincent Macaigne et Vincent Baudriller garantissent au spectateur, chacun dans leurs domaines respectifs – pour l’un, la représentation théâtrale, pour l’autre, le dispositif de médiation – un processus d’émancipation intellectuelle. Après avoir analysé les moyens utilisés par Macaigne pour intégrer le public à ses spectacles et interrogé la dimension politique de son théâtre, il nous apparaît que l’émancipation spectatrice n’est pas toujours garantie. Notre analyse des actions de médiation de l’institution – touchant autant à la politique culturelle suisse qu’au travail spécifique d’Éric Vautrin, en passant par la conception du théâtre de Vincent Baudriller – nous amène au même constat.
C’est pourquoi la dernière partie de ce mémoire s’attelle à proposer des pistes d’émancipation pour le spectateur, non seulement face à la représentation mais aussi dans le cadre de son accompagnement pédagogique. Notre réflexion est ici guidée par deux ouvrages du philosophe français Jacques Rancière : Le Maître ignorant. Cinq leçons sur l’émancipation intellectuelle (1987) et Le Spectateur émancipé (2008).
De Jean Lorrain, l'histoire littéraire en retient guère que Monsieur de Bougrelon et Monsieur de Phocas, présentés généralement comme solidaires l'un de l'autre. Le présent travail se propose d'explorer les différences fondamentales – tant formelles que thématiques – qui existent entre les deux textes. Nous posons la questions du rapport à la réalité sous-tendu par les deux romans, que nous rapportons au célèbre À Rebours de Joris-Karl Huysmans. Nous travaillons sur la manière dont les deux romans se composent en véritables « systèmes d'objets » (selon l'expression de Baudrillard) faisant signe vers la réalité dans des directions opposées. À cette occasion, nous réfléchissons au rôle du masque, objet omniprésent dans la littérature dite « fin-de-siècle » en général, et dans l’œuvre de Lorrain en particulier. Le masque, à la fois objet de coquetterie et d'épouvante, de singularisation et de neutralisation des différences, hante littéralement les contes et les nouvelles de l'écrivain – et trouve son apogée dans Monsieur de Phocas. L'inversion sexuelle et les pratiques sexuelles hétérodoxes, dont on trouve trace dans les deux grands romans de Lorrain, sont également questionnées quant au rapport qu'elles induisent avec le monde moderne et les valeurs dominantes de la bourgeoisie. Enfin, nous réfléchissons à la valeur du personnage de Thomas Welcôme dans Monsieur de Phocas et à son acceptation du monde réel, qui semble arriver trop tard, au moment où plus personne ne peut-être sauvé, où Fréneuse est à bout de force. L'angoisse de la réalité qui domine les personnages de Lorrain peut-elle, in extremis, se muer en une acceptation de celle-ci ?
Ce mémoire s'intéresse à la littérature numérique, plus spécifiquement à l'anthologie poétique numérique. À l'aide de anthologies poétiques digitales produites par l'Université de Lausanne, j'ai cherché à démontrer ce qui se maintient et ce qui se modifie lorsque l'on passe d'une oeuvre papier à une oeuvre sur écran, tant dans l'organisation que dans la lecture.
« Une mélancolie historique ». La mémoire des années 68 dans les romans d’anciens maoïstes français
Meizoz, Jérôme
Ce mémoire analyse cinq romans évoquant les années 68 en France, écrits par d’anciens maoïstes et parus dans les années 1990 et 2000 : Jean-Pierre Martin, Le Laminoir (1995) ; Jean Rolin, L’Organisation (1996) ; Leslie Kaplan, Depuis maintenant. Miss Nobody Knows (1996) et Mon Amérique commence en Pologne (2009) ; Olivier Rolin, Tigre en papier (2002). Après avoir dessiné les contours du discours dominant sur Mai 68 (doxa) qui se construit, en France, dans les années 1980, il est question de définir ce que peuvent être les romans de Mai 68, produits directs du déclin des organisations d’extrême-gauche à la fin des années 1970, époque à laquelle leurs auteurs amorcent leur geste d’écriture. Il s’agit ensuite d’analyser chacun de ces romans sous trois aspects : comment est traité, dans le roman, le référentiel historique ; quelle trace reste-t-il dans le roman du deuil de l’action politique ; comment l’auteur, par le roman, s’inscrit-il dans le débat mémoriel autour de 68. Finalement, il met en écho la mélancolie conséquente du deuil de l’action politique dont ces romans témoignent avec la « mélancolie de gauche », comme définie par Enzo Traverso.
« Roses à crédit » d’Elsa Triolet et sa traduction russe. Présence de la langue russe à travers les modalités génériques et énonciatives
Olah, Myriam
Velmezova, Ekaterina
Elsa Triolet (1896-1970), née Ella Kagan, est une auteure française d’origine russe, femme de Louis Aragon et sœur de Lili Brik. Son livre « Roses à crédit », le premier du cycle « L’âge de nylon », relève de multiples « inscriptions génériques ». Pour les éditions Gallimard, il s’agit d’un roman, à en juger selon la couverture de la première publication de 1959. La maison d’édition Khorda, qui s’est chargée de la traduction russe de l’ouvrage parue en 1994, précise le genre du roman par la caractéristique suivante: roman pour dames.
Suivant la méthode de la « comparaison différentielle » établie par U. Heidmann, je m’intéresserai aux différentes généricités présentes dans le texte d’Elsa Triolet en essayant de dégager les traces génériques des contes russes. Parallèlement, je comparerai « Roses à crédit » à sa traduction russe « Розы в кредит », en analysant les modalités énonciatives établissant un « dialogue intertextuel » avec des contes d’A. Afanassiev et des textes d’A. Pouchkine auxquels je recourrai. J’observerai également des traces énonciatives de la langue russe dans les répétitions et les suffixes diminutifs.
Mon hypothèse sera la suivante: l’écriture littéraire d’une auteure plurilingue n’est aucunement réductible à une seule langue. Dans Roses à crédit d’Elsa Triolet, il existe des traces de la langue russe qui se manifestent dans les répétitions, les diminutifs et la généricité du conte russe.
Tentatives de rencontres. La Trêve de Primo Levi au théâtre
Chaperon, Danielle
Pour le monde contemporain et ses flux migratoires, il nous paraît intéressant de partager une réflexion sur la rencontre avec l’étranger en proposant une adaptation théâtrale de La Trêve. L’histoire du retour des camps écrit par Primo Levi en 1963 est une porte ouverte pour appréhender l’altérité. Son récit dévoile une nécessité humaine d’échanger qui se traduit par de perpétuelles tentatives de rencontres, au sein de situations où le comique côtoie constamment le tragique. De la figure du témoin à celle du vagabond, nous établirons une compréhension générale de l’œuvre en vue de poser les bases d’une dramaturgie.
Bâtir un univers imaginaire : une étude démiurgique du Vieux Royaume de Jean- Philippe Jaworski
Wahlen, Barbara
Ce mémoire s’engouffre au sein de deux grandes brèches qui demeurent à ce jour encore largement inexplorées par la critique littéraire : d’une part, il se propose d’effectuer une analyse resserrée d’un auteur de fantasy français, là où la critique s’attache généralement à étudier des auteurs anglo-saxons ; d’autre part, il choisit d’aborder son œuvre sous l’angle de la démiurgie du monde imaginaire qui se trouve construit au fil des textes. Prenant pour objet d’analyse les récits de Jean-Philippe Jaworski que l’on peut regrouper sous l’appellation de « Récits du Vieux Royaume », il se base ainsi sur les propositions théoriques faites par Mark J.P. Wolf au sujet du worldbuilding pour examiner la manière dont l’auteur construit son monde secondaire, et avec quelle originalité en regard de la production de fantasy commerciale dont on estime qu’elle constitue le siège des clichés et automatismes du genre. Cet examen démiurgique sert alors de tremplin pour un plaidoyer en faveur de la valeur littéraire de la fantasy, que nous proposons de chercher non pas dans le style langagier, mais davantage dans ce que nous pourrions appeler le « style démiurgique », c’est-à-dire véritablement la capacité à créer un monde qui soit solide et intéressant.
Enonciations photographiques dans la poésie en prose du XIXe siècle. Recherches sur deux inventions de la modernité et sur leurs correspondances esthétiques et discursives
Repenser, "panser", transformer nos relations aux animaux ? Le potentiel de la mobilité empathique, de l'éthologie au roman contemporain : "Règne animal" (Jean-Baptiste Del Amo), "Défaite des maîtres et possesseurs" (Vincent Message)
La métaphore: "lieu de l'entre-deux". Des théories contemporaines aux réalisations informatiques
Rodriguez, Antonio
Se distinguant de toute approche substitutive théorisant la métaphore comme un double écart - de langage et d'interprétation - , ce mémoire réfléchit à une modélisation intégrative de la métaphore, des théories contemporaines aux réalisations informatiques.
Il s’ancre alors au sein du débat entretenu entre Ricœur et Derrida, dans le but de poser les points de tension d'une possible théorisation contemporaine de la métaphore, entre microstructures langagières et macrostructures du monde; il propose ensuite une modélisation de la métaphore comme acte intersubjectif global de l’entre-deux, c’est-à-dire comme discours analogique omniprésent articulé entre niveaux sémique, sémantique et mondain, mais aussi entre pensée du sujet, interactions interindividuelles et réseau métaphorique; il questionne finalement, à partir de la modélisation proposée, les modèles de la métaphore computationnelle propre à la génération du discours numérique.
Écrire Street View. Récit de voyage virtuel et photographie numérique dans "Dreamlands" et "Éclats d'Amérique" d'Olivier Hodasava
Caraion, Marta
Depuis 2010, Olivier Hodasava voyage grâce à Google Street View et rend compte quotidiennement de ses aventures virtuelles sur son blog Dreamlands en alliant textes et captures d’écran. Ce dispositif original, l’auteur l’a ensuite décliné dans un livre, Éclats d’Amérique, ouvrage paru en 2014 aux éditions Inculte. Le présent travail s’intéresse dans un premier temps à la façon dont les nouveaux outils de cartographie reconfigurent le genre du récit de voyage pour donner naissance à la catégorie du voyage virtuel. Dans un deuxième temps, l’enjeu est d’interroger la dimension photolittéraire de cette œuvre pour tenter de la situer dans le débat sur la fin de l’indicialité dont le tournant numérique (digital turn) serait responsable. Le dispositif photolittéraire crée un trouble énonciatif dont il s’agit de dégager les particularités. Enfin, il est question des différents modes de publication des œuvres d’Olivier Hodasava et des transformations que subissent l’écriture et la lecture lors du passage du blog au livre et du livre au blog.
Histoire, Genres et Romans : une étude de "Comme le Sable", Alice Rivaz et "La Vie attendait", Yvette Z'Graggen.
Cossy, Valérie
Meizoz, Jérôme
Etude comparative de "Comme le Sable" (1946) d'Alice Rivaz et de "La Vie attendait" (1944) d'Yvette Z'Graggen qui se focalise sur la question des genres durant une période historique forte.
Les princesses aux "talents hauts". La déconstruction des stéréotypes de genre dans les albums de jeunesse contemporains
Wahlen, Barbara
La princesse des contes de fées évoque un idéal de féminité au destin tout tracé. Son histoire se termine inévitablement dans les bras de son sauveur de prince charmant – une fin résumée par la formule « ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants ». Et si les princesses d’aujourd’hui vivaient autrement ?
Ce mémoire observe la déconstruction des stéréotypes de sexe, en regardant comment les princesses modernes des albums de jeunesse se distancient de celles issues des contes (Perrault, Grimm et Andersen). J’analyse quatre œuvres contemporaines : La princesse et le dragon (2005 [1980]) de Robert Munsch et ill. par Michael Martchenko, La princesse Rose-Praline (2010) de Gaël Aymon et ill. par Julien Castanié, La Belle éveillée (2011) du même auteur et ill. par François Bourgeon et Le prince aux petits pois (2016) écrit par la classe de CE 1 lauréate du concours « Lire égaux 2015 » et ill. par Fred L.
Ces quatre albums de jeunesse sont tous publiés par la maison d’édition Talents Hauts, créée en 2005 par Laurence Faron et Mélanie Decourt, dans le but de proposer aux (jeunes) lecteurs et lectrices d’aujourd’hui des choix variés de se réaliser – afin que féminité et masculinité riment avec liberté et individualité. Du fait que mon corpus s’adresse autant aux lecteurs/lectrices adultes qu’enfants, mon étude tiendra compte des effets de lecture et de sens induits par la combinaison du texte (travail de l’auteur(e)) et des images (travail de l’illustrateur(e)) des albums. Comment la princesse s’y retrouve-t-elle actualisée ?
Corinna Bille, fée du logis et de l’écrit : la condition littéraire d’une femme écrivain en Suisse romande entre 1944 et 1963
Maggetti, Daniel
Bien que Corinna Bille soit reconnue aujourd’hui comme une auteure majeure de la littérature suisse romande, les premières années de sa carrière littéraire (1944-1963) sont marquées par un abandon progressif de la forme romanesque au profit de la nouvelle. Sur la base des travaux de Virginia Woolf et de Bernard Lahire, ce mémoire tente de comprendre cette transition en interrogeant les contraintes familiales et financières concrètes qui ont pesé sur le parcours de cette femme écrivain valaisanne.
Les lettres que Corinna Bille a échangées non seulement avec ses proches, mais également avec ses éditeurs et des journalistes, servent de matière première à la documentation des deux parties de ce travail. Chacune se donne pour but de couvrir un pan des besoins que dresse Virginia Woolf pour qu’une femme puisse produire de la littérature : une « chambre à soi » et des revenus en suffisance. Dans « La chambre de Corinna », nous étudions les rapports que l’écrivaine entretient avec sa famille et ses proches, ainsi que sa gestion de la maternité et de ses moments d’écriture. Avec « Le salaire de l’écriture », nous nous penchons ensuite sur la question matérielle en interrogeant ses revenus qui proviennent en grande partie de ce qu’elle fait paraître sous forme de livres ou d’articles dans les journaux. Nous cherchons ainsi à savoir comment Corinna Bille gagne sa vie avec l’écriture et si ses choix génériques ont pu être influencés par des critères financiers. Si la première partie repose plutôt sur des aspects privés de sa vie en se concentrant sur son statut de mère au foyer, la deuxième prend plus largement en compte l’évolution de l’écrivaine dans le champ littéraire romand de l’après-guerre et sa tentative d’y bâtir une carrière littéraire aussi rémunératrice que possible.
Le sacerdoce d’une prostituée - Images et paradoxes de la figure de la courtisane dans « Le noir est une couleur » et « La Passe imaginaire » de Grisélidis Réal
Maggetti, Daniel
Ce mémoire se propose de consacrer une analyse à Grisélidis Réal (1929-2005), figure tutélaire de la prostitution qui, en dépit de l’important succès médiatique qu’elle a suscité, n’a jamais réellement rencontré d’intérêt auprès du monde académique, en particulier dans le domaine littéraire. Le présent travail tente d’explorer cette double facette d’écrivain-courtisane en mettant en lumière les paradoxes élaborés au sein des récits réaliens afin de condamner l’hypocrisie de la société bourgeoise tout en réhabilitant le statut de prostituée. Dans l’optique d’illustrer ces différents aspects, nous retiendrons les ouvrages publiés et assumés du vivant de l’écrivain en nous focalisant sur « Le noir est une couleur » et « La Passe imaginaire » qui reflètent au mieux les représentations littéraires de la courtisane que Grisélidis Réal souhaite véhiculer. Nous analyserons les mécanismes narratifs utilisés afin d’opérer les renversements nécessaires à une remise en question de la doxa, puis nous étudierons le sacerdoce du je narré en relevant tous les éléments religieux, voire hagiographiques, qui participent à la mise en scène du processus de béatification de la courtisane. Enfin, nous tâcherons de proposer une redéfinition de la figure de la prostituée, telle qu’appréhendée par l’écrivain genevoise. Nous dévoilerons ainsi comment Grisélidis Réal opère un véritable renversement de valeurs qui exalte le registre du bas tout en empruntant les voies célestes du modèle religieux, jusqu’à faire rimer prostitution, subversion et rédemption en bâtissant des ponts entre sacrifices humain et chrétien, dans un véritable réseau de constructions symboliques inspirées sur le fond comme sur la forme par la logique religieuse.
« L'Étranger dans le texte » Les premières traductions françaises de Walden
Philippe, Gilles
En dépit de son succès relativement limité en France et dans le monde francophone, Walden, l’œuvre principale de Henry-David Thoreau, a été traduit de nombreuses fois en français (six au total). De nos jours, certains éditeurs évoquent la piètre réputation des premières traductions pour promouvoir les versions plus récentes qu’ils continuent de proposer. Il semble donc intéressant de se pencher sur les toutes premières versions françaises (datant du début du 20e siècle) pour reconstituer, à travers leurs qualités linguistiques intrinsèques, la lecture que les premiers traducteurs ont souhaité proposer à leurs compatriotes, ainsi que la manière dont leurs choix concrets ont pu influencer la réception de Walden par les lecteurs francophones. Cette étude se base sur des observables de nature stylistique tels que les aphorismes, les antithèses, les paradoxes, les proverbes, les idiomes ou encore les omissions, mais aussi sur les calques sémantiques et autres « faux-amis », dans le but de révéler les choix conscients et inconscients des traducteurs et de mettre à jour les mécanismes qui permettent à chaque nouvelle traduction de construire un texte inédit, profondément modelé par le contexte littéraire et l’horizon d’attente de son époque.
Les princesses aux "talents hauts". La déconstruction des stéréotypes de genre dans les albums de jeunesse contemporains
Wahlen, Barbara
La princesse des contes de fées évoque un idéal de féminité au destin tout tracé. Son histoire se termine inévitablement dans les bras de son sauveur de prince charmant – une fin résumée par la formule « ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants ». Et si les princesses d’aujourd’hui vivaient autrement ?
Ce mémoire observe la déconstruction des stéréotypes de sexe, en regardant comment les princesses modernes des albums de jeunesse se distancient de celles issues des contes (Perrault, Grimm et Andersen). J’analyse quatre œuvres contemporaines : La princesse et le dragon (2005 [1980]) de Robert Munsch et ill. par Michael Martchenko, La princesse Rose-Praline (2010) de Gaël Aymon et ill. par Julien Castanié, La Belle éveillée (2011) du même auteur et ill. par François Bourgeon et Le prince aux petits pois (2016) écrit par la classe de CE 1 lauréate du concours « Lire égaux 2015 » et ill. par Fred L.
Ces quatre albums de jeunesse sont tous publiés par la maison d’édition Talents Hauts, créée en 2005 par Laurence Faron et Mélanie Decourt, dans le but de proposer aux (jeunes) lecteurs et lectrices d’aujourd’hui des choix variés de se réaliser – afin que féminité et masculinité riment avec liberté et individualité. Du fait que mon corpus s’adresse autant aux lecteurs/lectrices adultes qu’enfants, mon étude tiendra compte des effets de lecture et de sens induits par la combinaison du texte (travail de l’auteur(e)) et des images (travail de l’illustrateur(e)) des albums. Comment la princesse s’y retrouve-t-elle actualisée ?
Le Comte de Tressan et la redécouverte du Moyen Âge au siècle des Lumières : une étude comparative de "Jehan de Saintré" et de son adaptation dans la "Bibliothèque universelle des romans"
Wahlen, Barbara ; Rosset, François
Le présent travail s’inscrit dans la lignée de plusieurs études récentes dédiées à la redécouverte de la littérature médiévale au XVIIIe siècle et, notamment, à la Bibliothèque universelle des romans (1775-1789). Vaste entreprise éditoriale, ce périodique entend donner l’âme de tous les romans, y compris médiévaux, sous forme d’extraits. Nous exploiterons l’hétérogénéité de Jehan de Saintré (1456), roman composite introduisant son lecteur à une multiplicité de traditions littéraires, dans l’analyse de l’adaptation qu’en donne le comte de Tressan. L’extrait en question, intitulé « Le Petit Jehan de Saintré », paraît dans la Bibliothèque universelle des romans en janvier 1780. Avec cette étude de cas, nous souhaitons contribuer à l’examen de la réception de la littérature médiévale au XVIIIe siècle. En tant qu’adaptateur, Tressan vulgarise en effet une certaine conception du Moyen Âge et de ses productions littéraires.
Quand le mauve donne le ton : formes, représentations et enjeux de la migration dans "Le Ventre de l’Atlantique" (2003), "Kétala" (2006) et "Celles qui attendent" (2010) de Fatou Diome
Le Quellec Cottier, Christine
À la fin des années 1990, une nouvelle génération d’auteurs baptisée « enfants de la postcolonie » émergeait. Intimement liée aux mouvements migratoires, son statut ainsi que son esthétique a notamment été qualifiés par la notion de « l’entre-deux ». Nés après les indépendances, dans un monde cosmopolite et mondialisé, ces auteurs appartiennent à plusieurs espaces géographiques et nourrissent leur écriture des différents univers culturels qu’ils traversent. Fatou Diome, née au Sénégal et immigrée en France, qui se perçoit comme un « être hybride », est rattachée à ce courant. À partir de trois de ses romans, Le Ventre de l’Atlantique (2003), Kétala (2006) et Celles qui attendent (2010), notre réflexion cherche à saisir les formes, représentations et enjeux de la migration. Au moyen d’outils méthodologiques tels que la liberté romanesque, l’éthos cosmopolite et de genre, la polyphonie ou encore l’oralisation de la langue, cette étude prétend dévoiler la capacité de l’auteure à rassembler au sein de l’espace littéraire deux univers de croyance longtemps opposés.
Le pouvoir maternel : entre libération et condamnation mortelle du personnage féminin dans la fiction francophone africaine. Perception du phénomène dans "Les Frasques d’Ébinto" (Amadou Koné), "Femme nue, femme noire" (Calixthe Beyala) et "La dernière Lettre" (Salla Dieng)
Le Quellec Cottier, Christine
À la suite de nombreuses lectures proposées par ma Professeure Christine LeQuellec-Cottier, j’ai pu constater que le sujet de la « maternité » faisait l’objet d’une problématique bien distincte au sein de divers romans, poèmes et contes africains. Ce sujet était également traité sous divers angles analytiques et il m’était difficile de lui en donner une définition parfaite.
J’ai décidé alors de m’intéresser au phénomène de la « maternité » en soi, au sein de mes diverses lectures, et aux effets qu’il pouvait procurer aux femmes et aux mères plus particulièrement. Je me suis rendue compte que ce phénomène, compris sous différents aspects, permettait à la gent féminine d’accéder à une certaine autonomie. (La « maternité » leur confère une sorte de puissance intérieure, ineffable, qui se traduit par une plus grande confiance en soi par exemple et qui les motive à se libérer d’un état de soumission à l’homme.) Je voulais donc, dans un premier temps, me pencher longuement sur ce « mystère » existant autour du « fait maternel » afin de comprendre de quelles manières ce dernier procure un pouvoir intérieur aux femmes. Afin de compléter mon propos, j’ai également fait état d’un dénouement récurrent et peu heureux lors de mes lectures. En effet, arrivées à un certain point d’autonomisation, les mères et plus généralement les femmes sont pour la plupart assassinées. J’avais le sentiment que tout était lié et qu’il fallait que je me penche sur ces deux faits, « maternité » et mortalité, afin d’en déduire un principe de cause à effet.
Au-delà de la neuvième forme : étude d’une réception participative autour de La Horde du Contrevent d’Alain Damasio
Turin, Gaspard
Ce mémoire se propose d’analyser l’engouement qu’a suscité à réception le deuxième roman de l’auteur lyonnais Alain Damasio, La Horde du Contrevent. En effet, en plus d’avoir reçu dès sa sortie un accueil populaire et académique conséquents, ce dernier semble provoquer chez nombre de lecteurs ce que l’on pourrait nommer une réception participative: le déclenchement de productions énonciatives et textuelles autour du roman, un appel à l’appropriation, à la connivence et à la création. Après en avoir cherché les causes dans l’horizon d’attente du genre et dans les spécificités de l’écriture damasienne, ce parcours met en lumière l’influence croissante d’une culture médiatique convergente, dont la portée s’est vue décuplée par les nouvelles technologies de communication. Dans ce cadre, la participation pourrait être lue autant comme une aliénation que comme une résistance.
De la modélisation d'un algorithme à la création de savoir en sciences humaines. Étude d'un cas pratique.
Maffeil Boillat, Stefania,
Piotrowski, Michael
La vague numérique semble avoir tout emporter sur son passage. De la traduction automatique au big data, les domaines qui sont sensés travailler dans les domaines de l’art et de la culture semblent progressivement évincés par des ingénieurs aux savoirs plus techniques. Dans la présente étude, nous chercherons à montrer que l’établissement de modèles algorithmiques est
également à portée de main d’un étudiant ayant un cursus en Lettres et que les humanités numériques pourraient incarner un médium entre le monde numérique et le monde des Lettres. Nous présenterons un cas pratique où nous avons établi un système expert permettant d’imiter l’évolution phonétique du latin vulgaire à l’ancien français. Une fois l’évolution établie, nous pouvons l’utiliser pour repérer des termes ayant suivi une autre route évolutive et ayant abouti à des dialectes. Une fois les résultats établis, nous proposerons également une réflexion autour du numérique et l’uniformisation du savoir qu’impose l’ordinateur.