Aspects de la subjectivité dans l’Afrique Fantôme de Michel Leiris
Reichler, Claude
L’Afrique Fantôme, publiée en 1934, devait être le journal de route de la première grande mission ethnographique française, la mission Dakar-Djibouti (1931-1933). Jeune dissident surréaliste, Michel Leiris y remplissait la fonction de secrétaire-archiviste ; sa tâche était de tenir un compte-rendu quotidien éclairant le contexte du voyage, en marge de l’activité scientifique. Mais l’auteur dépasse vite ce cadre strict et se permet d’introduire dans son texte la vision de l’observateur, contredisant par là les prétentions d’objectivité de la discipline ethnographique. Dès lors Leiris, mû par une volonté d’exhaustivité et d’authenticité, laisse libre cours à sa propre subjectivité et exprime tout, sans fard ni complaisance – ses joies, ses peines, ses réflexions intimes, ses frustrations, son malaise, sa déception, sa culpabilité. Le but de ce travail est de proposer une lecture particulière de cet important ouvrage, articulée autour de la notion de subjectivité (prise comme la primauté des états de conscience de l’auteur dans le contexte et le cadre conceptuel de la mission). Permettant d’appréhender la complexité de la personnalité et de la vision du monde de Leiris, cette démarche permet aussi de considérer différents axes de sa réflexion, comme l’ethnographie, le colonialisme, l’introspection, les domaines du sacré et de l’inconscient : autant d’éléments qui préfigurent l’intense activité autobiographique que mènera depuis lors – pour le restant de ses jours – Michel Leiris, notamment avec l’Age d’Homme et la Règle du Jeu.
Le Cuer d’amours espris de René d’Anjou, entre texte et image.L’exemplaire du Livre du Cuer d’amours espris de René d’Anjou, homme de lettres et mécène, de la Bibliothèque nationale de Vienne, le Codex Vindobonensis 2597, est orné de seize enluminures capitales pour l’histoire de l’art. Ces enluminures sont attribuées au peintre Barthélemy d’Eyck, artiste proche du roi René, qui restera à son service pendant une vingtaine d’années. Ce roman allégorique puise sa matière dans le Roman de la Rose et les récits arthuriens. Ecrit sous forme de songe allégorique, il raconte l’histoire d’un anti-héros, le chevalier Cuer, qui part à la conquête de Douce Merci, guidé par Désir. René déconstruit ses sources par la dérision et l’humour. Nous donnant une clé de lecture mélancolique, traduire par l’usage des clairs-obscurs tant dans le texte que dans les enluminures, il va ensuite ridiculiser son héros en insistant sur sa corporalité. Le peintre du manuscrit, en étroite connivence avec le texte, l’illustre notamment par le comportement comique des chevaux et d’autres détails « réalistes ». Peintre et écrivain ont laissé une œuvre cohérente, où l’enluminure dépasse la simple ornementation et donne son interprétation des aventures de Cuer.
Jeanne d’Arc instrument du FN. Analyse du discours de J.-M. Le Pen, le 1er mai 2002
Adam, Jean-Michel
Par une approche à la fois historique et linguistique, il s’agit de comprendre les causes et les buts de la célébration de la figure de Jeanne d’Arc par le leader du Front National. Outre la dimension traditionnelle de cette célébration, ainsi que l’aspect symbolique de ce personnage historique, je me propose d’observer de plus près le discours du 1er mai 2002, au travers d’une analyse se basant sur les principes de la linguistique et de la rhétorique. Cette date étant une date charnière entre les deux tours des élections présidentielles, Le Pen, élu au premier tour, célèbre-t-il la Pucelle pour ce qu’elle est réellement, ou l’instrumentalise-t-il en faisant d’elle un argument de son discours, dont l’unique but est de convaincre son auditoire de voter pour lui ? Et s’il y a bien instrumentalisation de la figure de Jeanne d’Arc, quelles sont les stratégies argumentatives qui le permettent ? Voici les questions principales auxquelles je tente d’apporter une réponse.
La fin du monde dans les romans de science-fiction de René Barjavel
Chaperon, Danielle
Au XXe siècle, dans un monde en constant changement, l’homme perd ses repères. La vitesse à laquelle les choses évoluent est vertigineuse, et le choc des deux guerres mondiales contribue à l’émergence d’une angoisse de l’avenir. Au vu des deux grands totalitarismes qui ont occupé le siècle, le communisme et l’hitlérisme, le futur n’est plus prometteur, au contraire, il est inquiétant. La foi dans le progrès scientifique et social s’est transformée en en une peur de l’accident, et en particulier de "l’accident intégral". Le travail étudie la problématique de la fin du monde dans les romans de science-fiction de René Barjavel (1911-1985), écrivain qui a traversé le siècle. Oscillant entre optimisme et fatalisme, l’auteur explore par le roman les rouages des sociétés modernes en les projetant dans un avenir plus ou moins proche. Il s’intéresse au sort de l’humanité et discute de ses chances de survivre à une apocalypse aussi inévitable qu’imprévisible dans les formes qu’elle pourra prendre.
L’homme révélé d’après les concepts de dualité et d’unité dans Le Village dans la montagne de Ramuz.
Cordonier, Noël
Par son regard sur des montagnes presque éternelles bien que jamais véritablement connues, Ramuz, dans Le Village dans la montagne, pressent et cherche à saisir l’homme, dans sa fragilité et sa grandeur. Pour suivre l’auteur sur les sentiers alpestres aussi bien que sur ce chemin de découverte, l’analyse s’articule en quatre parties. La première met en exergue la dualité, inscrite dans l’œuvre au niveau du livre, du genre textuel et des thèmes évoqués. Ces diverses dualités favorisent l’image d’un homme à la fois totalement soumis aux lois d’une montagne omnipotente et doté d’une liberté qui réside au cœur d’une action pleinement consentie. S’inscrivant dans le prolongement direct de la dualité, la vie et la mort, constitutives de la deuxième partie de l’analyse, doivent se lire dans leur opposition constante et fondamentale mais également dans leur coexistence nécessaire, préfigurant déjà l’unité de l’œuvre. Celle-ci, objet de la troisième partie, est à rechercher dans le thème majeur des passages continuels et des recommencements éternels, dans l’activité du narrateur qui devient témoin et révélateur de ce combat permanent et de cette vie continuellement créée à nouveau, et dans différents éléments thématiques tels les couleurs, les personnages ou le son des cloches. Dualité, vie et mort, unité, trois axes d’analyse qui permettent alors, dans une quatrième partie, d’appréhender l’homme dans la réalité de sa condition. Condamné par un destin inexorable à souffrir et à mourir, il parvient néanmoins à dépasser sa solitude originelle pour accéder à une communion de cœur et d’esprit avec les êtres et les choses.
Le « fantastique » dans L’Ensorcelée de Barbey d’Aurevilly
Kaempfer, Jean
Si la plupart des écrivains fantastiques du XIXe siècle s’inspirent essentiellement des recherches scientifiques, il n’en va pas de même pour Barbey d’Aurevilly. Contrairement à ses contemporains, pour qui l’essentiel est le rapport que l’homme entretient avec lui-même, le fantastique de Barbey est encore tout imprégné des atmosphères et des procédés qui datent du roman gothique et du courant merveilleux. Les lieux isolés comme les cimetières ou les abbayes sombres, le retour de Jéhoël de La Croix-Jugan sous forme de revenant, rappellent les motifs utilisés dans le Moine de Matthew Gregory Lewis ; la sorcellerie, les pâtres et les miroirs magiques font écho aux thèmes, personnages et objets qui caractérisent l’univers de la pastorale. Par ailleurs, ces éléments gothiques et merveilleux prennent place dans un monde, - celui de L’Ensorcelée -, qui est encore fortement influencé et régi par les croyances religieuses. Même si la religion forme également la toile de fond des textes gothiques, elle est exploitée de manière très différente par Barbey d’Aurevilly. En effet, L’Ensorcelée accorde non seulement une grande place à la liturgie, mais aussi aux citations, aux métaphores et comparaisons bibliques qui confondent certains personnages et événements avec ceux de la Bible. Cependant, malgré sa parenté avec d’autres genres littéraires, L’Ensorcelée est profondément « fantastique » dans le sens où les différents phénomènes surnaturels ne sont jamais affirmés ou prouvés, mais évoqués et suggérés à l’aide de figures de style comme la métaphore ou la comparaison. Les instruments du langage sont ainsi les meilleurs alliés de Barbey d’Aurevilly dans la construction de son fantastique « sinistrement et crânement surnaturel ». Barbey d’Aurevilly se situe par conséquent à mi-chemin entre le roman gothique, la pastorale, le liturgique et la Bible. Mais s’il emprunte à ces genres leurs thèmes, personnages et objets, il reste profondément un écrivain « fantastique » dans le sens où le surnaturel et le merveilleux ne sont jamais affirmés mais toujours évoqués grâce aux figures de style.
Allocutions présidentielles en Suisse : l’adresse à une nation vraiment plurielle ?
Durrer, Sylvie
Cette étude se propose d’analyser diverses allocutions présidentielles prononcées à l’occasion du Nouvel An et de la Fête Nationale en Suisse, sur une période allant de 1965 à nos jours. Nous avons porté une attention particulière sur la question des genres et nous avons tenté d’examiner la manière dont ces textes appréhendent la diversité générique de la population, autant dans le public à qui ils s’adressent que dans les sujets qu’ils abordent. Nous avons pu observer, d’une part, qu’un réel effort transparaît de notre corpus pour s’adresser à une population composée d’hommes comme de femmes, et d’autre part, que lorsque l’on s’arrête sur le contenu des discours, ces dernières sont quasiment absentes ; en effet, alors que de nombreux thèmes sont abordés et que diverses personalités sont citées, dans un cas comme dans l’autre les femmes font figure d’exception. Cela nous amène à nous questionner sur les raisons de cette absence dans ce genre d’allocution politique. Accentuer la présence des femmes dans l’instance de réception – par exemple au moyen de formules féminines et masculines – serait-il une manière de masquer le fait qu’elles sont le plus souvent exclues en tant qu’objet du discours ?
Un exemple d’écriture sous contrainte : Etat civil de Michelle Grangaud
Noël, Mireille
A la base d’Etat civil se trouve le projet de l’autrice d’écrire la « biographie de tout le monde ». Cette « biographie » se présente d’une façon pour le moins déstabilisante. On a en effet l’impression que le texte n’est qu’une succession de phrases générales brèves, sans lien les unes avec les autres. On remarque cependant qu’il est possible de lier ensemble certaines de ces phrases, dès lors qu’on cesse de les considérer linéairement et qu’on fait plutôt du texte une lecture tabulaire. Etat civil semble donc être une exploration de la textualité. Michelle Grangaud étant membre de l’Oulipo depuis 1995, on n’est pas surpris d’être en présence d’un texte atypique. Il est en effet composé de différentes strates, constituées d’énoncés écrits selon divers procédés ou contraintes (phrases-photo, collier, bébégaiement, avion, etc.). Il s’agit dans ce travail d’identifier les contraintes, d’expliciter leur(s) fonctions dans Etat civil et de montrer comment elles sont agencées dans le texte. L’analyse d’un passage jugé représentatif de l’ensemble permet de déterminer comment appréhender le texte pour le comprendre, et d’évaluer si le choix de l’autrice d’écrire sous contrainte participe de la production de sens.
Variations discursives des contes. Etude comparative des (trans)textualités de La Barbe bleue de Perrault et de Blaubart, Fitchers Vogel & Das Mordschloss des frères Grimm
Heidmann, Ute
Ce mémoire de DEA en Langues et littératures comparées porte sur des textes français et allemands autour de l’histoire de « La Barbe bleue » et s’inscrit dans le champ de l’analyse comparée des discours. A la différence des démarches folkloristiques et structuralistes, qui recherchent les significations des contes dans la simple occurrence des motifs et des rôles déterminés par une grammaire universelle, cette étude comparative s’intéresse au contraire à relever les significations des contes dans les modalités de leurs mises en discours. Dans sa première partie, ce mémoire de DEA présente une comparaison de La Barbe bleue de Charles Perrault (1697) et de Blaubart des frères Grimm (1812). A partir du concept d’« épisode », elle montre que ces deux textes, dont le second est considéré communément comme l’hypertexte du premier, construisent en fait des significations différentes. Dans sa deuxième partie, il met en évidence les éléments intertextuels et péritextuels de deux autres contes des Grimm intitulés Fitchers Vogel et Das Mordschloss. Sont jointes à cette étude les traductions inédites des différentes versions de Blaubart, Fitchers Vogel et Das Mordschloss sous forme de versions bilingues.
L’irrésistible pouvoir de séduction de Flamenca : un modèle provençal de femme fatale.
Zufferey, François
Dès les premières lignes qui nous sont parvenues du « roman de Flamenca » nous constatons la fascination absolue qu’exerce l’héroïne sur quiconque la voit ou en entend parler. Toutes les femmes qui la voient veulent la prendre pour modèle, quant aux hommes, ils tombent tous aussitôt foudroyés sous son charme. Ce sont eux qui nous intéressent dans ce travail. Après avoir constaté dans un premier temps les effets de Flamenca sur son père et sur le roi de France, nous centrons nos observations sur les personnages d’Archambaut et de Guillaume, que nous étudions en parallèle. Bien que ces figures antagonistes soient par certains aspects caricaturalement opposées, le mari et l’amant de Flamenca ont une même dévotion absolue pour leur idole, qui les pousse tous deux à se dépasser en ‘prouesse’ jusqu’à leur pointe extrême : Guillaume atteint pour sa dame les sommets de la fin’amor, tandis qu’Archambaut cultive la jalousie jusqu’à ses confins les plus extrêmes. Nous terminons ce travail en mettant en évidence la parfaite maîtrise langagière dont sait faire preuve Flamenca… et donc l’auteur du roman !
Variations discursives dans les traductions anglaises de deux contes de Charles Perrault La Barbe bleue et La Belle au bois dormant. D’Andrew Lang à Angela Carter.
Adam, Jean-Michel
Ce travail examine les relations d’hypertextualité existant entre les différentes versions de deux contes de Charles Perrault – La Barbe bleue et La Belle au bois dormant – à travers deux traductions anglaises. La première, insérée dans un recueil édité par Andrew Lang, est l’œuvre d’un traducteur anonyme du XVIIIe siècle ; la deuxième, qui nous est proposée par Angela Carter, date du XXe siècle. Vivant à des époques et dans des contextes très différents, les deux anglophones illustrent le fait que « chaque époque retraduit parce qu’elle lit et écrit autrement » (Meschonnic 1973 : 424). A travers de multiples exemples, ce travail s’attache à mettre en relief les variations discursives qui révèlent la manière dont les traducteurs conçoivent le traduire et leur façon de gérer le conflit généré par la complexité de cette opération. Il s’agit d’un « conflit entre le désir d’imiter le modèle et l’obligation de s’exprimer avec les moyens de sa langue d’arrivée » (Meschonnic 1999 : 38). Ce travail s’appuie sur la lecture d’Henri Meschonnic, qui illustre de manière détaillée le paradoxe auquel est confronté tout traducteur, et il développe une réflexion sur le traitement de la généricité, sur les éléments péritextuels et leurs enjeux ainsi que sur les différents aspects de la narration.
[La] « littérature réaliste libérale » […] c’est littéraire comme les cours de la Bourse, réaliste comme un rêve d’affamé et libéral comme une matraque électrique. Les rôles de la comparaison chez Daniel Pennac
Gollut, Jean-Daniel
Ce mémoire, à la suite d’une constatation initiale – Pennac utilise un nombre étonnamment élevé de comparaisons dans sa saga malaussénienne – veut arriver à la conclusion que ces figures de style ne sont pas utilisées au hasard de l’écriture. Elles sont parfois utiles à une meilleures compréhension du comparé, peuvent inciter le lecteur à réfléchir au vrai sens de l’énoncé, ou permettent à l’auteur d’exprimer de façon sous-entendue son véritable point de vue ; mais elles ont plus fréquemment une visée ironique. Les fonctions que la littérature théorique attribue à la comparaison (clarté, pertinence, originalité) seront mises à l’épreuve à travers des exemples extraits de l’œuvre romanesque de Pennac. Les adéquations ou les ruptures vis-à-vis de ces fonctions feront l’objet d’une analyse sémantique. J’en conclurai que l’ironie est décelée de manière plus prononcée dans les comparaisons en rupture avec les principes de clarté et pertinence, et en adéquation avec le principe d’originalité.
Etude du « bonheur » dans l’œuvre de Philippe Delerm et sa réception.
Meizoz, Jérôme
En 1986, au début de son livre intitulé Le Bonheur, tableaux et bavardages, Philippe Delerm affirme qu’il veut « dire son bonheur quand il vient à passer ». Dans ses ouvrages suivants, l’écrivain ne réitèrera pas cette entreprise, mais cette notion de « bonheur » reste toutefois sous-jacente à tous ses écrits. C’est pourquoi, dans le cadre de ce mémoire, nous nous proposons de reconstruire la conception du « bonheur » qu’a l’auteur du tout nouveau Enregistrements Pirates et de regarder comment il dit - et ne dit plus - son bonheur, alors qu’il est plus ou moins admis que les gens heureux n’ont pas d’histoire ou que le bonheur est silencieux. Ensuite, vu le succès qu’a connu Delerm avec La Première gorgée de bière, nous nous intéresserons à la réception de cette œuvre dans la presse et chercherons à voir quels grands axes déterminent les différentes prises de position de la critique, et si celle-ci révèle des clivages marqués. Enfin, en considérant ce que peut dire cette même critique du succès de Delerm et en replaçant les écrits de cet écrivain dans une tendance plus large, nous tenterons de comprendre ce que signifie un tel engouement.
Parodie dans Le Convoi du colonel Fürst de Jean-Marc Lovay : vers un renouvellement littéraire.
Maggetti, Daniele
Notre étude s’interroge sur le statut de la parodie au sein du Convoi du colonel Fürst de Jean-Marc Lovay. Ce genre vise en premier lieu des œuvres instituées de la tradition littéraire, qu’il s’attache à destituer et à transgresser par un traitement ludique. Avant tout intertextuel, il possède une dimension métalangagière et peut être perçu comme une source de renouvellement littéraire. Notre travail se déroule donc en deux temps : la déconstruction du genre parodié, l’épopée, est abordée, d’une part, à travers l’atteinte à la notion classique d’action par une multiplicité de jeux digressifs ; d’autre part, à travers la critique de l’héroïsme et du pouvoir incarnés par des figures représentatives de l’univers épique, les héros et les dieux. Nous envisageons, ensuite, en quoi l’œuvre étudiée contient un fort potentiel d’innovation littéraire, notamment grâce à sa visée comique. Ici, sa dimension reconstructive est abordée : « descendre pour mieux remonter », ou « déconstruire pour mieux reconstruire », ainsi peut se résumer le mouvement général du texte.
Réflexions sur les malheurs d’un personnage tourmenté : Jean-Luc Persécuté de Charles-Ferdinand Ramuz.
Cordonier, Noël
Ce travail décrit la persécution qui s’abat dès le titre du livre sur le personnage éponyme de Jean-Luc persécuté (1909), de Charles Ferdinand Ramuz. Comme les héros de la tragédie, et comme certains figures bibliques dont le Christ, la fatalité s’acharne sans relâche sur Jean-Luc et le contraint à la souffrance, en lui faisant subir une série d’épreuves d’autant plus cruelles qu’il n’est coupable de rien. Pour tenter d’expliquer les tourments du personnage, nous analyserons les apports plus particuliers de la tragédie et de la Bible, deux puissants modèles qui ont influencé l’œuvre de manière incontestable. Mais si ces deux intertextes parviennent jusqu'à un certain point à rendre compte de l'hostilité du sort à l’égard de Jean-Luc, ils ne peuvent cependant suffire à donner le sens, la raison profondes des malheurs qui l’accablent. Cette absence de justification, ces silences rendent le drame de l'existence humaine encore plus aigu.