Les villages dans les poésies d’Émile Verhaeren et de C. F. Ramuz. Confronter deux figures de l’affirmation francophone
Rodriguez, Antonio
En partant du village et de son exploration esthétique à travers le paysage, l’énonciation et le vers libre, ce mémoire explore comment les poésies d’Émile Verhaeren et de C. F. Ramuz contribuent à l’élaboration d’une identité culturelle belge ou suisse romande.
La confrontation entre les paysages originels de Ramuz et ceux urbains de Verhaeren met en exergue l’harmonie paisible et naturelle du village de Ramuz face aux énergies de la grande ville industrielle. De ces premières considérations découle la question de l’énonciation où la diversité verbale de Verhaeren souligne la nécessité de partir pour la ville, tandis que l’usage dominant du présent chez Ramuz amène à une célébration du village dans sa cyclicité. Verhaeren introduit une voix lyrique surplombante, à l’exception des « Chansons de fou » pour révéler le sort funeste des campagnes. Chez Ramuz, le lyrisme impersonnel, manifesté par le « on » du poète et le « on » de la voix des paysans révèle une approche sensible et intime du village.
Enfin, la réflexion sur le vers libre suggère une volonté de rompre avec les normes classiques et françaises. Le rejet de l’alexandrin permet aux deux auteurs de gagner en expressivité. Le vers libre majoritairement pair et rimé de Verhaeren illustre la puissance des éléments naturels face à l’engourdissement villageois et amènent des montées émotionnelles révélatrices de la désolation des ruraux. Pour sa part, Ramuz utilise le vers libre pour décliner un village dans sa langue parlée, claudicante et maladroite.
À terme, ce cheminement dévoile le rôle que peut occuper la poésie dans la légitimation et la mise en scène d’une communauté.
Les fonctions du copier-coller dans la production du flash
Mahrer, Rudolf et Merminod, Gilles
Ce travail de génétique textuelle s’intéresse à l’usage du copier-coller dans la rédaction de brèves journalistiques élaborées à partir de dépêches d’agence. Il défend l’idée que ce geste scriptural, fréquemment stigmatisé, constitue un outil essentiel de l’écriture journalistique, particulièrement dans des conditions de production contraintes.
L’étude s’appuie sur un corpus de cinquante brèves rédigées par cinq journalistes de la RTS, dont les processus de travail ont été enregistrés et analysés. Elle met en évidence les différentes fonctions que peut remplir le copier-coller et montre que les scripteurs élaborent des stratégies variées en fonction de leurs habitudes et des contraintes de leur activité. L’analyse révèle également les ajustements lexicaux et syntaxiques apportés aux segments copiés, leur rôle dans la construction de la brève, ainsi que leur impact sur la vitesse rédactionnelle.
Ces résultats permettent de nuancer l’idée reçue selon laquelle le copier-coller appauvrirait nécessairement la qualité du texte ou l’efficacité du journaliste. Au contraire, ils soulignent son rôle central dans une pratique d’écriture intertextuelle où se combinent fidélité à la source et réélaboration créative.
Réconcilier l’Histoire et l’histoire par le merveilleux ? Le potentiel vulgarisateur de la fantasy historique et ses limites à travers l’exemple des Lames du Cardinal de Pierre Pevel
Wahlen, Barbara
Ce travail de mémoire s’intéresse au sous-genre littéraire contemporain de la fantasy historique. Son appellation, en apparence paradoxale, suggère un mariage improbable entre la fantasy, caractérisée par le surnaturel banalisé, et notre Histoire. Dans ce travail, nous menons une étude ciblée sur l’œuvre d’un auteur français reconnu de ce sous-genre : Pierre Pevel. En faisant dialoguer ses trois trilogies de fantasy historique parues entre 2000 et 2015 (avec un focus sur "Les Lames du Cardinal", dont l’action se déroule dans le Paris de 1633) , nous décortiquons un exemple des relations ambiguës entre ces deux pôles apparemment incompatibles qui constituent la fantasy historique. Notre étude se divise en deux volets complémentaires. Le premier analyse la présence étonnante et conséquente d’une Histoire factuelle comme toile de fond et contenu d’un récit de fantasy. Le deuxième met en perspective l’hypothèse complexe d’une forme de vulgarisation historique à l’œuvre dans les romans de Pevel. À une époque qui voit l’Histoire faire l’objet de réinterprétations et réappropriations de plus en plus diverses et multiples, notre travail conclut sur l’importance d’un pacte de lecture clair pour les œuvres dites « historiques ».
« Mais réfléchissez, réfléchissez, vous êtes sur terre, c’est sans remède ! » Une lecture écopoétique de « l’absurde » chez Camus, Sartre et Beckett
Sermier, Émilien
Dans le contexte francophone, les années 2010 voient émerger une critique moderne qui tend à révoquer le dualisme nature/culture à l’instar de Philippe Descola. Pierre Schoentjes, Michel Collot, ou encore Lawrence Buell invitent à se défaire de l’anthropocentrisme pour réfléchir à cette question écologique. Ce mémoire propose alors de concilier l’étude environnementale avec l’analyse littéraire. Les textes de Camus, Sartre ou encore Beckett, seront étudiés à l’aune de l’approche écopoétique qui place l’environnement et la nature au centre de la réflexion.
Certaines œuvres, déjà au milieu du XXe siècle, témoignent d’une relation complexe entre l’homme et la nature. Elles offrent alors une vision qui, par moment, dépasse l’anthropocentrisme et reconnaissent une subjectivité, voire une agentivité à des éléments naturels. Après les deux Guerres mondiales, une crise de sens voit le jour, remettant en question les instances politiques, religieuses et scientifiques, ainsi que la place de l’homme dans cet environnement. La nature devient alors un lieu d’exploration de ces thèmes, révélant la quête de sens chez chacun et l’absurdité de l’anthropocentrisme. Quels sont les rapports entre l’humain et le reste du monde vivant ? Comment l’écriture rend-elle sensible la relation du personnage à la nature ? Quels sont les procédés, thématiques et stylistiques, permettant de rendre compte d’un monde considéré comme « absurde » ? Comment et en quoi la nature participe-t-elle à l’élaboration de ce monde ?
Étude de la poétique du comique chez Jules Verne : entre science ludique, figures maniaques et savants distraits
Corbellari, Alain
Mon mémoire réévalue la place du comique chez Jules Verne en montrant qu’il ne relève pas d’un agrément marginal, mais d’un dispositif poétique et cognitif qui structure les "Voyages extraordinaires". S’appuyant sur un corpus essentiellement romanesque, complété par la pièce fantastique "Voyage à travers l’impossible", l’analyse articule poétique, théorie du comique, histoire des savoirs et sociocritique pour éclairer la fonction épistémique et critique du rire. Elle en dégage trois pôles opératoires : une « science ludique » qui instruit en amusant ; la maniaquerie savante, où l’excès tourne au grotesque et satirise le scientisme ; la figure du distrait, dont le décalage ontologique produit une interrogation méta-discursive sur le savoir, la mémoire et l’imaginaire. Il en ressort que l’humour vernien, loin de s’opposer au sérieux didactique, en est le vecteur : il dynamise la transmission, fissure les certitudes positivistes et humanise la science par l’ironie.
Faire "la langue soiche bien soner". La fabrique de l'"Isopet de Lyon"
Maffei Boillat, Stefania et Sultan, Agathe
Ce travail a pour objet d’étude l’"Isopet de Lyon", un recueil de 60 fables ésopiques contenues dans un seul manuscrit, le ms. PA 57 conservé à Lyon et daté de la fin du XIIIe siècle. Celui-ci est bilingue : il met en regard la source-texte latine (l’"Anonyme de Nevelet", XIIe s.) et l’adaptation française des deux côtés de chaque miniature. Tant le manuscrit que le recueil soulèvent de nombreuses questions : codicologiques, scriptologiques, linguistiques, génériques, littéraires, de réception et de translation. Ce mémoire transversal enquête sur tous ces axes en partant toujours de l’objet et les fait dialoguer pour saisir au mieux la complexité de la « fabrique ». Au cœur trônent une sélection de fables et le prologue dont les traductions en français moderne sont inédites. Encadrées par une première partie philologique et une seconde plus littéraire, ces fables sont mises en valeur tant par leur langue (la "scripta") que par leur style et leur amplification due à la "translatio". En effet, le transfert du latin au français implique un changement de langue, mais aussi une transposition d’un moyen d’expression vers un autre et d’un legs du passé vers le présent. Aux conséquences inhérentes aux procédés de la "translatio" vient s’ajouter l’ambition littéraire de l’auteur qui cherche à séduire son lecteur, à mieux conter et à « faire "la langue soiche bien soner" ».
La poésie à l’ère des réseaux sociaux. Productions et interactions d’un genre littéraire en contexte multimédia
Rodriguez, Antonio
Ce mémoire étudie les mutations de la poésie à l’ère des réseaux sociaux, en interrogeant la manière dont les pratiques d’écriture, de lecture et de diffusion se transforment au contact des dispositifs numériques. Ces espaces multimédias favorisent et déplacent des traditions poétiques existantes — oralité, performance, lyrisme, sociabilité, entre autres — tout en les soumettant à de nouveaux régimes d’attention et d’exposition. À travers l’analyse des usages poétiques d’Instagram et de TikTok, il s’agit de comprendre comment la poésie s’inscrit dans un environnement où la visibilité, la performativité et l’instantanéité conditionnent les formes de création.
L’étude mobilise un cadre interdisciplinaire pour analyser la tension entre culture du livre et culture de l’écran. L’examen des "Fleurs du mal" de Baudelaire éclaire la circulation des classiques poétiques sur les réseaux sociaux, entre remédiation (Bolter & Grusin, 1999) et appropriation populaire du canon scolaire. Cette perspective met également en évidence les pratiques numériques contemporaines : Morgane Ortin sur Instagram et Lémofil sur TikTok s'approprient certains codes poétiques en fonction des logiques numériques, leur ethos (Meizoz, 2009) contribuant à établir un rapport intimiste à leur lectorat.
Enfin, l’étude met en évidence les enjeux d’une nouvelle génétique textuelle et d’une patrimonialisation en réseau : le poème se déploie en états successifs (Lebrave, 2009) et en relations esthétiques (Schaeffer, 2004), soumis à la temporalité fluide des plateformes. La poésie des réseaux sociaux inaugure ainsi un déplacement du poétique vers un espace d’expérimentation collectif et transitoire, où la circulation et la réitération des fragments assurent, paradoxalement, une forme de persistance du langage malgré l’algorithme.
Le royaume de la mère morte : l’identité juive dans le deuil chez Albert Cohen et Marcel Proust
Rodriguez, Antonio
Constatant que du creux naît toute littérature, ce mémoire interroge le deuil maternel chez Albert Cohen et Marcel Proust, et son rapport à l’identité juive. En croisant psychanalyse, philosophie juive et analyse littéraire, il montre comment la mort de la mère ouvre une béance à combler, où s’entrelacent le sujet, le langage et la foi.
Chez ces deux auteurs, la mère est juive – et, selon le principe de la matrilinéarité, elle transmet l’identité au fils. Sa disparition dépasse ainsi la seule perte affective puisqu’elle devient également perte d’origine, d’appartenance et de sens. Au sein d’un judaïsme que l’on qualifie de domestique dans son intime transmission, la mère de Cohen incarne la filiation et la fidélité aux racines. À travers l’étude approfondie de son œuvre, se déploie une écriture qui se fait prière, supplique adressée tour à tour à la défunte, à l’antique Israël et à Dieu. Du côté de chez Proust, le judaïsme de Jeanne Weil affleure de manière indicielle dans la structure même de la Recherche, où le deuil s’envisage comme un véritable travail de mémoire.
Une plaque tournante émerge alors : de Texte-tombeau à Texte-berceau, puis Texte-temple, l’écriture devient le seul lieu où la mort se retourne en fécondité. La littérature s’y dresse face au sacré, non pour le contester, mais pour le prolonger. En ce sens, l’étude interroge moins la mort elle-même que la façon dont l’écriture lui résiste, là où, à l’image des fondements de l’histoire juive, le deuil n’est pas clôture mais passage. Du double orphelinat, celui d’une mère et d’une terre, surgit enfin le besoin de refonder le monde dans la langue, en réconciliant l’exil et la filiation, la perte et la création.
Se faire berger, entre expériences et représentations.
Le choix d’un métier paysan dans Berger sans étoiles – à cru [1984] de Jean-Pierre Rochat et
Estive [2007] de Blaise Hofmann
Lachat, Jacob
Ce travail interroge la notion d’authenticité dans la représentation littéraire du monde rural, à travers deux récits contemporains d’« écrivain berger » : Berger sans étoiles – à cru [1984] de Jean-Pierre Rochat et Estive [2007] de Blaise Hofmann. En retraçant brièvement l’évolution de la figure du paysan dans la littérature et de l'écrivain-paysan, depuis la rupture inaugurée par La Vie d’un simple (1904) d’Émile Guillaumin jusqu’aux écritures rurales du XXIe siècle dans
lesquelles s’inscrivent les œuvres de Jean-Pierre Rochat et Blaise Hoffman, ce mémoire montre que l’expérience du travail agricole ne garantit pas à elle seule l’authenticité de son récit : cette dernière se construit discursivement à travers l’ethos que se façonne chaque auteur.
En effet, ces deux récits de travail servent des fins différentes : Jean-Pierre Rochat, jeune citadin devenu paysan, fait de sa première expérience bergère une vocation corporelle et existentielle dont le récit vise à légitimer sa place au sein du monde agricole. Au sein du texte, l’auteur-narrateur se construit donc un ethos de berger passionné et libre naturellement amené à devenir paysan. À l’inverse, Blaise Hofmann est un écrivain issu du milieu rural ; milieu dont il s’est
éloigné par ses études. Son unique estive est pour lui un véritable matériau littéraire : c’est en faisant le récit de son expérience saisonnière de moutonnier qu’il se construit un ethos d’écrivain « du terrain ».
Ainsi, l’authenticité de ces deux représentations pastorales contemporaines réside dans la tension entre l’expérience choisie et le récit de celle-ci. Outil de légitimation identitaire et littéraire, mais aussi de différenciation, le récit révèle donc deux manières singulières de se représenter sur l’alpe et de mettre en scène l’authenticité d’une expérience de berger.
Le livre matérialisé. L'imaginaire littéraire de l'objet-livre de 1880 à 1890
Caraion, Marta
La Révolution industrielle, l’entrée dans la civilisation du journal et l’émergence d’une culture de masse au XIXe siècle entraînent un bouleversement dans la conception culturelle du livre en tant qu’objet. Cette évolution des mentalités atteint son point d’acmé lors de la fin-de-siècle alors que le sentiment d’une « crise de la littérature » parcourt certaines franges de la société. Conséquemment, les écrivains finiséculaires vont penser et réfléchir au statut symbolique, à la dimension matérielle et aux enjeux médiatiques de l’objet-livre.
Ce mémoire s’attarde en premier lieu sur l’histoire de l’édition dans la sphère francophone avec pour dessein d’éclairer, dans un second temps, l’imaginaire associé au livre et à sa matérialité. En s’appuyant sur un panel d’auteurs allant de Flaubert à Huysmans, en passant par Anatole France, Jules Verne ou encore Victor Hugo, la représentation littéraire de l’objet livresque est envisagée selon une approche au croisement de l’histoire littéraire, de l’histoire de la culture matérielle et de la poétique des supports.
Fiction, climat et conscience : quand le récit influence les attitudes écologiques, "Alliances" (J. M. Ligny) et "Nous sommes l'étincelle" (V. Villeminot)
Kunz-Westerhoff, Dominique
Ce travail porte sur la manière dont la littérature, et plus particulièrement les fictions climatiques, peut contribuer à une prise de conscience écologique, alors que les discours scientifiques et médiatiques peinent aujourd’hui à provoquer un véritable changement de comportements. Bien que les informations sur le dérèglement climatique soient nombreuses et de plus en plus alarmantes, elles restent souvent abstraites ou trop éloignées du quotidien pour susciter une réaction durable. Divers facteurs expliquent cette inertie : la complexité des données, la distance temporelle et géographique des phénomènes, des biais cognitifs ou encore la croyance qu’une solution technologique viendra tout résoudre. Dans ce contexte, la mise en récit apparaît comme un moyen de rendre ces enjeux plus concrets et sensibles. En s’appuyant sur des approches issues de l’écocritique, des sciences cognitives, de la narratologie postclassique et du pragmatisme littéraire, ce travail examine comment les récits mobilisent l’identification, les émotions, la simulation mentale et l’imagination pour engager le lecteur à réfléchir à son rapport au monde. Sans attribuer à la littérature un pouvoir magique, il s’agit de montrer ses potentialités pour transformer les représentations. L’analyse se centrera sur deux romans de l’imaginaire, Alliances de Jean-Marc Ligny et Nous sommes l’étincelle de Vincent Villeminot, afin de comprendre comment leurs dispositifs narratifs, émotionnels et idéologiques représentent la crise écologique, interrogent notre société et proposent des manières alternatives d’habiter le monde. Ainsi, ce travail explore la capacité de la fiction climatique à sensibiliser, interpeller et ouvrir des perspectives de transformation.
L’expérience de la migration au féminin dans la littérature francophone d’Afrique subsaharienne : "53cm" de Bessora, "La Préférence nationale" de Fatou Diome et "Le Baobab" fou de Ken Bugul
Le Quellec Cottier, Christine
Cette recherche propose d’analyser les variations énonciatives et thématiques dans les représentations de l’expérience migratoire selon le genre des protagonistes dans la littérature francophone d’Afrique subsaharienne. La réflexion naît d’une impression de lecture qui amène à questionner les particularités liées aux vécus migratoires de personnages féminins dans trois récits différents : "Le Baobab fou", "53cm" et "la Préférence nationale". Cette étude démontre que ces trois récits, présentant une protagoniste africaine immigrée en Europe, se rejoignent sur plusieurs points ; que ce soit à travers une situation énonciative similaire – utilisation du pronom personnel « je », un éthos de genre ou de migrance, l’emploi d’humour ou d’ironie, etc. – ou par la récurrence de thématiques analogues – tels que la recherche identitaire, l’omniprésence du corps féminin sexualisé ou encore la construction de mondes imaginaires pour sortir d’une réalité brutale. Ces voix protagonistes féminines dénoncent les problèmes sociétaux que doivent affronter les femmes en contexte de migration dans une société menée par des structures patriarcales, héritières d’un passé colonial encore présent et réactivés par des préjugés raciaux.
L'ensauvagement féminin : vers une rupture écoféministe au travers de trois oeuvres contemporaines : Sanglier (2017) de Dominique Rameau, Faunes (2018) de Christiane Vadnais et Les Grands Cerfs (2019) de Claudie Hunzinger
Kunz Westerhoff, Dominique
Ce mémoire analyse trois œuvres contemporaines d’écofiction : "Sanglier" (Dominique Rameau), "Faunes" (Christiane Vadnais) et "Les Grands cerfs" (Claudie Hunzinger), qui explorent le topos de l’ensauvagement à travers des personnages féminins. Dans un contexte de crise écologique, ces récits remettent en question le dualisme nature/culture et l’exception humaine. S’appuyant sur des théories écoféministes, ce travail cherche à expliciter comment s’entrecroisent la domination féminine et celle de la nature. Chaque œuvre propose une expérience corporelle du sauvage : réenchantement sensoriel dans "Sanglier", prédation et hybridation dans "Faunes", refuge menacé dans "Les Grands cerfs". L’ensauvagement y devient un processus de transformation identitaire qui invite à repenser les valeurs modernes et capitalistes. Ces récits présentent la forêt comme un espace liminaire, lieu de vulnérabilité mais aussi d’émancipation. Ainsi explorées dans ce projet de mémoire, ces fictions offrent de nouvelles représentations du vivant et encouragent un rapport plus relationnel, humble et interconnecté à la nature.
Le plaisir retrouvé. Typologie et approches du plaisir de la lecture dans la critique littéraire (1960-1980)
Buchs, Arnaud
La critique littéraire de la seconde moitié du XXᵉ siècle s’intéresse à une thématique longtemps délaissée par la discipline, celle du plaisir de la lecture. À l’instar de Roland Barthes et de son « Plaisir du texte », plusieurs théories publiées entre les années 1960 et 1980 œuvrent en effet à une réhabilitation de la notion de plaisir et s’attachent à en préciser les contours. À partir d’un corpus de textes théoriques, ce travail tâche de situer l’intérêt accordé à la question du plaisir dans l’évolution de la critique littéraire, présente une typologie de ses différentes conceptions et tente, dans un dernier temps, de mettre en lumière le contexte intellectuel, artistique et philosophique plus large dans lequel ces réflexions prennent place.