L’Œuvre dramatique de Maurice Maeterlinck. Vers une réconciliation des deux périodes.
Chaperon, Danielle
L’œuvre dramatique de Maurice Maeterlinck (1862-1949) surprend par l’apparente séparation entre les drames antérieurs et ceux postérieurs à 1900. La critique les a divisés sous les titres de premier et deuxième théâtre, ne s’intéressant néanmoins qu’aux premiers drames. Il est vrai que ces derniers introduisent une dimension totalement nouvelle dans l’univers dramatique de la fin de siècle, s’éloignant des pièces de boulevard et naturalistes en vogue à l’époque pour faire naître le théâtre symboliste. Quant à la deuxième période dramatique, elle rejoindrait des thématiques et une dramaturgie beaucoup plus traditionnelles qui, selon la critique, rompent radicalement avec les premiers drames. Partant de ce constat, ce travail s’efforce de réhabiliter l’intérêt de la dramaturgie du deuxième théâtre, en tentant de découvrir si la séparation a réellement lieu au niveau thématique comme au niveau dramatique.
Qui n’a jamais entendu parler d’« un Casanova », ce nom propre devenu de nos jours un nom commun qui signifie séducteur sans scrupules et tombeur de femmes ? Ce Casanova-là n’a rien de commun avec le Casanova qui vécut au siècle des Lumières et qui nous intéresse dans ce mémoire. Il s’agira en effet de dévoiler le vrai visage et la profonde personnalité de cet homme. Loin de le réduire à un simple séducteur sans aucun égard pour les femmes, comme l’ont souvent fait de nombreux critiques, il faut voir en lui un homme généreux, bon, sincère, attentionné et altruiste. Dans l’Histoire de ma vie, Casanova développe une conception du bonheur qui l’accompagne tout au long de son existence. Cette conception-là est à mettre en parallèle avec l’idée de don que développe le philosophe français Jacques Derrida. Dans ses Mémoires, Casanova cherchera sans cesse à faire le bonheur autour de lui.
La démocratie en images : approche générique et sémiotique de l’affiche électorale.
Lugrin, Gilles
Ce travail conjugue deux approches, distinctes mais – et c’est une des bases de notre problématique – complémentaires, de l’iconotexte électoral : les approches génériques et sémiotiques. Le corpus qui lui est attaché se compose des affiches vaudoises des élections au Conseil national et au Conseil des Etats d’octobre 2003. L’approche générique cherche à mettre en lumière une série de caractéristiques récurrentes de l’affiche électorale et étudie sa relation au contexte, aux conditions de production et de réception, à l’usage qui en est fait et aux pratiques qui y sont rattachées. D’un point de vue générique, l’affiche électorale peut être réduite à l’expression d’un macro-acte de langage, que nous formulons ainsi : [Votez pour X]. La contrainte de conformité au genre et la réussite de l’acte de langage, déterminent des formes et des contenus que nous observons dans le corpus. Une fois défini ce que les affiches du corpus ont en commun, ce sur quoi se fonde précisément leur appartenance au genre affiche électorale, il nous faut nous demander en quoi celles-ci se distinguent-elles les unes des autres, ce qui fait, où se fait et comment se fait leur spécificité. L’analyse sémiotique cherche à mettre en lumière les stratégies de communication mises en place au sein des iconotextes : comment les différents éléments constitutifs récurrents (propres au genre) sont traités et articulés dans les affiches du corpus ; de quelle manière se construit l’argumentation électorale propre à chaque parti à travers les systèmes sémiotiques linguistiques, iconiques et plastiques. La somme de ces deux approches met en lumière une tension entre une rhétorique de séduction (plaire pour s’assurer le vote), synonyme d’invention et d’identité, et la sobriété d’une pratique discursive institutionnelle et particulièrement normée, tant socialement que matériellement.
L’oeuvre poétique de Monique Laederach : de l’écriture du corps à la récriture des mythes (La Partition, Si vivre est tel, Ce chant mon amour).
Cossy, Valérie
Ce mémoire porte sur les trois derniers recueils de poèmes écrits par Monique Laederach, écrivaine romande, décédée en 2004 : La Partition (1982), Si vivre est tel (1998) et Ce chant mon amour (2001). Il s’agit, à travers une perspective de lecture genrée, de donner un contexte précis à l’élaboration du premier recueil. Autrement dit, j’ai voulu rendre compte de l’inscription de cette oeuvre poétique et de son autrice dans le débat très controversé sur une éventuelle existence de l’écriture féminine, c’est-à-dire sur une différence de l’écriture qui s’ancre dans le corps de la femme en tant qu’élément qui la rend irréductiblement différente. C’est bien cette revendication d’une écriture du corps féminin qui constitue le point de départ de La Partition comme recherche d'une voix féminine entière passant par la rappropriation de son propre corps. Les deux recueils suivants sont lus comme étant une continuation de cette recherche amorcée et aboutissant à la récriture des mythes tels que les couples Eros-Psyché et Orphée-Eurydice d'un point de vue féminin et à l’établissement d’une voix lyrique et féminine autonome à travers la figure d’Eurydice. Or, ce débat sur l’écriture féminine, qui a débuté dans les années 1970 en France au sein du mouvement différencialiste mené, entre autres, par Hélène Cixous, est actuellement perçu comme dépassé et régressiste du point de vue de l’actuelle critique féministe de tendance constructiviste. Accorder une plus grande visibilité à une oeuvre mise à l’écart non seulement par la critique traditionnelle mais également par la critique féministe, tout en montrant son infinie complexité, étaient ma préoccupation.
Nadia et le cheminement vers la liberté dans le roman Au commencement était la mer de la romancière algérienne Maïssa Bey.
Barilier, Etienne
Notre travail a pour objet l’œuvre de la romancière algérienne Maïssa Bey Au commencement était la mer. Ce roman évoque l’Algérie pendant ses années noirs, l’intégrisme, et le statut de la femme comme écrivain au sein de cette société. Dans ce roman, la beauté du paysage méditerranéen de l’Algérie s’oppose à la misère qui, à cause de l’intégrisme islamiste, a pris possession du pays. L’Algérie, qui a lutté pour son indépendance et qui s’est libérée de la tutelle française, se retrouve à nouveau sous un régime oppresseur, donc encore une fois privée de sa liberté. Notre travail s’articule autour de deux axes, le premier touche principalement l’histoire politique et sociale du pays et le deuxième porte sur le roman et l’intention de la romancière de démontrer l’évolution de la tragédie algérienne par le biais d’un destin féminin, qui aspire à la liberté. La jeune Algérienne Nadia, déjà fortement limitée par cette société traditionnelle, doit en parallèle affronter la menace intégriste. Au sein d’un tel système oppresseur, la question de liberté de la femme algérienne devient d’autant plus problématique. Par le biais d’une analyse thématique, nous montrerons le cheminement vers la liberté de l’héroïne et nous définirons plus précisément en quoi cette liberté consiste. Cette analyse thématique révèlera que la liberté à laquelle Nadia aspire se définit dans son opposition aux règles édictées par les intégristes. Le roman n’essaie pas de livrer des solutions, mais de dépeindre la réalité de la société algérienne des années 90, empreinte par l’intégrisme. La romancière Maïssa Bey a, d’une certaine manière, mis en scène sa propre lutte pour la liberté. Par l’écriture, elle a trouvé un espace de liberté où elle peut s’épanouir. Comme l’a laissé entendre l’écrivain dans une interview, rares sont les femmes qui ont eu cette chance, c’est ce que montre le destin de Nadia.
Boris Vian – Etude de certains phénomènes ludiques dans L’Automne à Pékin.
Kaempfer, Jean
L’Automne à Pékin se détache dans l’œuvre de Boris Vian tant par sa structure singulière que par l’abondance des références qu’il contient. Ces deux particularités peuvent être assimilées à des phénomènes ludiques, du fait des effets qu’elles créent aussi bien sur le texte que sur le lecteur. En effet, les diverses références présentes offrent un jeu de pistes pour le lecteur attentif, tandis que les jeux liés au texte provoquent des effets de perturbation de lecture et contribuent à détourner certains codes romanesques. Ces multiples phénomènes ludiques peuvent être classés en deux catégories distinctes. La première, qui sera qualifiée de « Jeux de références », concerne aussi bien les références onomastiques à des personnes « ayant existé » que les rapports transtextuels que le roman entretient avec des œuvres d’autres auteurs, comme avec celles de Vian lui-même. La seconde catégorie, que l’on nommera « Jeux de composition », englobe quant à elle l’usage particulier qui est fait du paratexte ainsi que la structure singulière du texte, qui provoque une rupture constante tant au niveau du récit que de la narration. Ce travail cherchera à analyser le fonctionnement de ces divers phénomènes ludiques, tout en s’interrogeant sur les autres fonctions qu’ils peuvent remplir dans le roman, selon les effets qu’ils provoquent.
De la séparation dans l’œuvre de Michel Houellebecq.
Kaempfer, Jean
La thématique de la séparation traverse de part en part l’œuvre littéraire de Michel Houellebecq, que ce soit dans ses romans, Extension du domaine de la lutte, Les Particules élémentaires et Plateforme, ou dans ses poésies. Notre ligne directrice est la suivante : la séparation est envisagée, dans l’univers houellebecquien, comme mode sur lequel toute expérience humaine a lieu. La séparation est tout d’abord une particularité des héros houellebecquiens, observateurs souvent détachés et indifférents au monde. Ensuite, à un niveau plus sociologique, l’individualisme contemporain tel que le dénonce Michel Houellebecq œuvre comme facteur de séparation entre les individus. Enfin, l’état de séparation apparaît chez cet auteur comme la condition fondamentale de l’existence humaine, dans sa finitude et son imperfection ; et si les Particules élémentaires propose un dépassement de cet état, il s’agira d’en considérer le statut et les enjeux.
Quand le lisible et le visible se conjuguent: propositions pour une typologie des relations iconotextuelles dans la presse écrite.
Lugrin, Gilles
En portant notre attention sur certains éléments constitutifs des articles de presse écrite, nous partons de l’hypothèse que l’image - plus spécifiquement les photographies - et le texte – restreint aux titres principaux et aux légendes - forment un ensemble à l’intérieur duquel chacun, tout en conservant son autonomie, va compléter l’autre et participer ainsi à la co-construction du sens. En conjuguant ainsi les systèmes de signes linguistiques et iconiques, l’article de presse forme une unité plurisémiotique : un iconotexte journalistique. La nature des relations qui se tissent entre ces éléments est ainsi analysée pour nous permettre d'en proposer une typologie. La première étape du travail consiste à présenter les notions clés pour notre recherche. Il est nécessaire de définir précisément ce qu'est un article de presse, un titre et une légende. En nous intéressant à sa dimension iconique, un chapitre sur l’image, plus spécifiquement sur la photographie de presse est proposé. Un classement de ces dernières en cinq catégories nous permet de sélectionner un corpus d'articles représentatifs de la variété des messages iconotextuels de presse écrite. Cinq modèles sur les relations texte-image servent de base théorique à notre réflexion et nous permettent de présenter une typologie développée de ces relations iconotextuelles. L’analyse des articles de notre corpus vient appuyer nos treize propositions. La composante textuelle est abordée aux niveaux lexico-sémantique (choix des termes, double-sens), énonciatif (qui parle ou écrit ?) et typographique (choix des caractères, mise en page). Le niveau plastique (couleurs, lumière, cadrage), la perspective de prise de vue et la topographie nous permettent d’analyser les photographies. Ce travail cherche ainsi à montrer la pluralité des interrelations qui peuvent se créer par la réunion de deux systèmes sémiotiques dans un même espace, l’article de presse écrite, et à pointer la complexité du processus de construction du sens.
De l’enfance du langage au langage de l’enfance. Métaphysique des tubes d’Amélie Nothomb.
Adam, Jean-Michel
Ce mémoire de linguistique française a pour but de mettre en lumière la réflexion linguistique qu’Amélie Nothomb mène dans Métaphysique des tubes, roman qu’elle définit elle-même comme son « autobiographie de zéro à trois ans ». Ce livre apporte l’éclairage particulier d’une écrivaine sur l’acquisition du langage, le lien entre l’enfant et la langue, et la réflexion que celui-ci peut porter sur sa langue et sur celle des adultes. La première partie se présente comme une proposition de structuration du texte appuyée sur la distribution des pronoms personnels : le roman est écrit, dans un premier temps, à la troisième personne du singulier, puis à la première, et enfin, il y a un retour à la troisième. Elle s’intéresse également à l’intertextualité biblique qui tient une certaine place dans le roman. La deuxième partie est consacrée à l’acquisition proprement dite du langage. En premier, nous analysons le lien entre le langage et la pensée. Nous nous arrêtons ensuite sur la théorie particulière de l’acquisition qu’Amélie Nothomb propose dans ce roman, ainsi que sur les réflexions que cette théorie fictionnelle permet. La troisième et dernière partie est une analyse stylistique de trois passages qui montrent que ce n’est pas l’acquisition du langage qui est la plus difficile, mais l’apprentissage de sa maîtrise.
Sido, l'idéalisation de la mère dans les écrits autobiographiques de Colette.
Barilier, Etienne
Malgré leur grande diversité, les écrits de Colette sont dominés par un thème central : celui de l’hommage à sa mère Sido.Après une considération de la vraie personne de la mère de Colette dans la réalité, le mémoire s’occupe de la construction du personnage dans la littérature autobiographique de Colette et de la naissance du mythe de Sido. En commençant par La Maison de Claudine, en passant par La Naissance du jour et Sido et en aboutissant à L’Etoile Vesper, nous poursuivrons le cheminement de cette recréation littéraire. Par ailleurs, Sido représente la figure essentielle, le centre autour duquel toute l’œuvre de Colette est axée. « Investie d’une forte charge symbolique, Sidonie Landoy, la mère véritable, devient Sido, mère idéalisée, sublimée, campée au centre d’une rose des vents imaginaire. »1 L’auteur, tout au long de son œuvre, ne cessera de la chanter et de tendre en permanence vers elle ; car, chez Colette, tous les chemins mènent à Sido.
Catulle, Ovide et Yourcenar face à "la belle Orientale". Etude comparative des réécritures du récit mythologique d’Ariane dans le Carmen 64 de Catulle, l’Héroïde X, l’Art d’aimer I (vers 521-563) et les Fastes III (vers 429-516) d’Ovide et Qui n’a pas son Minotaure ? de Marguerite Yourcenar.
Heidmann, Ute
Ce mémoire propose une comparaison entre cinq réécritures du mythe d’Ariane. Le Carmen 64 de Catulle est confronté d’abord aux Héroïdes, à l’Art d’aimer et aux Fastes d’Ovide et ensuite à Qui n’a pas son Minotaure ? de Marguerite Yourcenar. Selon les présupposées de la comparaison différentielle et non hiérarchique des textes, cette analyse est une mise en dialogue entre des réécritures et leur hypotexte. Dans la première partie les textes latins de Catulle et d’Ovide sont analysés selon la pratique classique de l’art allusif. Dans la deuxième la comparaison est thématique et vise à dégager les différentes façons de représenter le sens de l’histoire et du sacré par deux textes lointains par époque et esthétique. Enfin par une mise en relation les résultés obtenus, on analyse la manière différente que les textes d’Ovide et de Yourcenar emploie pour réécrire le texte de Catulle.
La guerre dans "A la recherche du temps perdu" de Marcel Proust : entre kaléidoscope et palimpseste.
Kaempfer, Jean
L’inscription thématique de la guerre dans À la recherche du temps perdu comporte trois volets : un volet diplomatique, un volet stratégique et un volet artistique. Chacune de ces trois étapes correspond à un chapitre du roman d’apprentissage que représente À la recherche du temps perdu. La diplomatie initie le narrateur à la complexité de l’analyse des faits de guerre, tout en lui dévoilant le code nécessaire au décryptage de ces derniers. La stratégie se présente comme un second prétendant à l’explication de la guerre. Sa vision des manœuvres militaires comme des pastiches tactiques indique la voie à suivre. Néanmoins, seule l’apparition de la Grande Guerre dans Le Temps retrouvé donne son sens définitif à la guerre. L’art est son véritable principe explicatif, car seul l’art est apte à déchiffrer et à rendre compte du palimpseste de la guerre.
Rapports de force et pathologies de la communication dans les dialogues d’Amélie Nothomb.
Kaempfer, Jean
Ce travail a pour but d’étudier les diverses pathologies du dialogue engendrées par des relations interpersonnelles conflictuelles mises en scène dans les dialogues d’Amélie Nothomb. Il s’agit, dans un premier temps, de contextualiser l’œuvre de la romancière dans le paysage littéraire belge puis de justifier le corpus choisi : Hygiène de l’assassin, Péplum, Mercure, Cosmétique de l’ennemi et Acide sulfurique. J’examine ensuite la place prépondérante qu’occupent les dialogues dans les romans retenus et le rôle des interactions dans l’évolution des rapports de force entre les personnages. Puis, je propose d’étudier la façon dont la communication est malmenée par la présence de positions hiérarchiques inégales entre les interlocuteurs. Les romans choisis sont parcourus afin d’illustrer les rapports problématiques entre les protagonistes et les dysfonctionnements de la communication qui en découlent : présence de violence, communication forcée ou limitée par des contraintes.
Prélude à Nuages dans la main, étude d’un manuscrit d’Alice Rivaz.
Maggetti, Daniele
A travers le manuscrit de Nuages dans la main, seul manuscrit ayant été conservé par l’auteur, ce travail se propose de retracer l’histoire du premier roman d’Alice Rivaz, histoire qui se fait le reflet de la naissance de la vocation littéraire de la romancière. Le manuscrit contient en germe à la fois le roman qui deviendra Nuages dans la main et à la fois l’ébauche d’un autre roman qui ne verra jamais le jour, dont l’action se déroule lors de la fusillade de 1932 dans les rues de Genève. Les personnages des deux histoires se croisent dans les pages du manuscrit, composées essentiellement de passages déjà fortement rédigés. Une liste de personnages, ainsi que quelques ébauches de plans jalonnent également les pages du manuscrit. Après une lecture approfondie de la matière inédite, une mise en parallèle d’éléments tirés du manuscrit avec des passages extraits du roman publié permet de mesurer le travail réalisé par la romancière, de percevoir l’ampleur des choix opérés, de l’adoption d’une structure en une seule journée allant de pair avec une diminution du nombres des personnages, à l’exécution d’une importante autocensure, en passant par une forte densification textuelle.
Barthes et la lecture : apports et limites d'une nouvelle conception.
Reichler, Claude
Devant la multiplicité des textes et des lectures, de nombreuses théories se sont développées, qui cherchent à comprendre et à analyser ce phénomène mystérieux qu’est l’interprétation. La période d’émulation où les anciens critères sont remis en cause débute en France à la fin des années soixante, moment riche de questions et d’idées prometteuses. Barthes occupe une place prépondérante dans ce bouleversement. Il casse les vieux dogmes, pluralise la lecture et propose une approche qui tienne compte de l’écrit tel qu’il le conçoit, dans sa diversité et son inachèvement. Le sujet est promu producteur à part entière de sa lecture. Longtemps considéré pour la théorie du texte qu’il expose, c’est par sa conception de la lecture que Barthes me semble vraiment intéressant. Suivre son cheminement pour le discuter permet d’en souligner les faiblesses et de montrer tout ce que les théories récentes de la réception lui doivent.
Le point de vue dans les textes narratifs de Nathalie Sarraute.
Chaperon, Danielle
Ce travail s’est intéressé à la question du point de vue dans les premiers textes de Nathalie Sarraute : Portrait d’un inconnu, Martereau, Le Planétarium, Les Fruits d’or et Entre la vie et la mort. Ces textes ont encore quelques caractéristiques des romans traditionnels de type balzaciens : ils racontent une histoire vécue par des personnages. Cependant, il y a dans ces œuvres une remise en question du statut du narrateur et des personnages. Sarraute passe ainsi par une réflexion sur la narration, pour nous offrir une réflexion sur l’identité humaine. Technique narrative et conception de l’homme seront donc liées de manière inextricable dans ses textes. La technique narrative de Sarraute consiste principalement en un emploi systématique de points de vue difficiles à identifier, car le plus souvent non introduits et insérés dans un contexte où les personnages ne sont pas nommés. Ce mémoire s’est donc attaché à essayer de décrire cette technique narrative originale pour la mettre en rapport avec la conception particulière de l’homme qu’à la fois elle présuppose et qui en émane.