Un parcours engagé : de la poésie à la prose, les premiers écrits de Gaston Cherpillod.
Maggetti, Daniele
Gaston Cherpillod est un écrivain romand, né en 1925, qui entre dans l’écriture à partir des années cinquante par la rédaction de poèmes, parallèlement à des activités militantes menées avec le P.O.P. Dans la première partie de mon travail, la poésie de Cherpillod est ainsi lue à travers le prisme de l’engagement et est mise en perspective par des considérations sur les réseaux sociaux intellectuels de l’époque internes au champ littéraire, sur le milieu éditorial et sur les débats concernant l’engagement en littérature. Une brève présentation de la réception de ces écrits clôt le chapitre. La deuxième partie est consacrée à une lecture de son premier récit, Le Chêne brûlé, comme aboutissement d’une écriture engagée.
Le peuple et la Commune de Paris, ou Regard de Zola sur un événement sanglant Jacques Damour et La Débâcle.
Kaempfer, Jean
Emile Zola, écrivain et journaliste renommé, a été fortement touché par la Commune de Paris, un des événements les plus sanglants du XIXe siècle. De ce fait, il y a consacré de nombreux articles, mais en a aussi fait le thème de récits fictifs. Dans Jacques Damour et dans La Débâcle, respectivement une nouvelle et un roman, Zola dresse le portrait de différents personnages – ouvriers, intellectuels ou soldats versaillais – pris dans la tourmente des événements. En rapportant leur destin, il les définit d’une part à travers leur attitude politique à l’égard de la Commune et d’autre part selon des valeurs morales dont ils deviennent les garants ; il met aussi en place divers procédés de narration et développe différents motifs et métaphores. Finalement, l’étude de ces éléments pousse à se poser une question : en quoi sont-ils représentatifs du point de vue de Zola sur la Commune de Paris ?
Le thème de la cruauté dans Le Grand Cahier, ou la narration vue par Agota Kristof.
Maggetti, Daniele
Le Grand Cahier racontent l’histoire de deux jumeaux pris dans les tourments de la guerre. Dans ce contexte, les enfants tentent de s’adapter au monde qui les entoure et de s’endurcir pour survivre, faisant par là l’apprentissage de la cruauté. De ce fait, ils s’imposent différentes épreuves visant à les rendre insensibles. C’est la violence qui se dégage de ce récit qui rend le roman si particulier. Agota Kristof, l’auteur, a beaucoup travaillé la narration dans son roman. De cette façon, elle parvient à illustrer le monde complètement déshumanisé dans lequel évoluent les enfants : elle a donc adopté un style d’écriture froid et objectif. Le lecteur, quant à lui, est submergé par l’émotion en découvrant le parcours des deux frères. Cette réaction est due d’une part aux procédés narratologiques mis en œuvre par l’écrivain ; d’autre part elle est causée par le récit d’événements choquants.
Etude du personnage sacrificiel dans quatre œuvres romanesques de Maurice Zermatten : Christine, Le Jardin des Oliviers, La Fontaine d’Aréthuse, Le Bouclier d’or.
Vox populi, Vox Poetae ? : présence et voix du petit peuple dans l’œuvre d’Eustache Deschamps.
Mühlethaler, Jean-Claude
Eustache Deschamps, poète peu connu de la fin du XIVe siècle, a laissé une œuvre importante. Dans certaines de ses ballades et chants royaux, le peuple en tant qu’entité pensante, parlante – et parfois hurlante - joue un rôle considérable. Le poète se sert des représentants du peuple (bergers, bergères, paysans) pour faire connaître ses idées morales et politiques ; il donne la parole aux victimes de la guerres de Cent ans, mais dénonce aussi les mouvements de révolte populaire, quand les « petites gens » se transforment en bourreaux impitoyables et deviennent un facteur de désordre. Il n’y a pas, sous la plume de Deschamps, de « peuple » à proprement parler, car le poète convoque tout un éventail de groupes sociaux, les plaçant sous un éclairage changeant au gré des ballades et des années. Voici le paysan, le berger, le pauvre et le mendiant ; voilà le campagnard, le citadin, le bourgeois : l’esthétique du fragment imposée par la brièveté des pièces lyriques conditionne l’évocation du « peuple » par Deschamps. Mais nous fait-il vraiment entendre la voix d’en bas, lui qui est aussi le chantre de la vie de cour, des actions d’éclats des princes de la maison de France ? Le poète est avant tout un praeceptor principis qui recourt à la « voix du peuple » pour conseiller les puissants qui, selon une conception du gouvernement largement partagée à l’époque, doivent être le père de leurs sujets, assurant paix et sécurité d’une nation conçue comme un corps dont les parties sont solidaires. Il est intéressant de relever que Deschamps se pose en médiateur entre le peuple et le prince à un moment où émerge l’idée de la nation France et celle, corollaire, d’un engagement de l’écrivain en des temps difficiles pour le pays.
La rivalité entre l’art et l’amour du Chef-d’œuvre inconnu de Balzac à L’Œuvre de Zola.
Barilier, Etienne
Cette étude confronte deux ouvrages du XIXe siècle : Le Chef-d’oeuvre inconnu d’Honoré de Balzac et L’œuvre d’Émile Zola. Ils présentent tous deux des personnages habités par la passion artistique, en quête perpétuelle d'absolu, et qui ne parviennent pas à concilier amour et art, ou qui parfois les confondent. Malgré le parallélisme frappant de ces deux oeuvres, cette étude tente d’en analyser les caractéristiques singulières. Dans sa nouvelle, Balzac n’avait fait qu’évoquer le sujet de la rivalité entre l'amour et l’art ; mais Zola parvient à donner de l’ampleur à ce thème en inscrivant son héros dans une temporalité bien plus large que celle du Chef-d’œuvre inconnu, et en réunissant la folie d'un artiste amoureux d’une femme peinte et les sentiments d'un homme à l’égard de son épouse dans un seul personnage : Claude Lantier. Au terme de notre étude, nous arrivons à la conclusion que la folie artistique de Claude semble plus intense que celle de Frenhofer, le peintre balzacien. Zola, en amplifiant la démence de l’artiste, a certainement voulu rappeler à ses lecteurs l'importance de rester fidèle au naturalisme, d’avoir foi en la science et la raison, et de réprimer les forces obscures qui sommeillent en chaque être humain.
La vielle femme séductrice dans La Suite du Merlin.
Mühlethaler, Jean-Claude
Dans la dernière partie de La Suite du Roman de Merlin (appelé aussi Suite-Huth ou Suite-Post-Vulgate), un épisode retrace la tentative de séduction exercée par une vieille femme sur deux chevaliers, Gauvain et le Morholt. Il s’agit d’un épisode secondaire qui aborde les questions fondamentales de la vieillesse au féminin et de la place de la femme âgée dans le roman médiéval. Dans ce but, l’auteur de La Suite du Merlin propose une double approche du personnage de la vieille femme séductrice : tout en établissant un premier lien – peu fréquent dans la littérature courtoise – entre la vieillesse et l’érotisme, il réfléchit aussi sur la vieillesse et la face inquiétante du merveilleux féminin. En sachant que la vieillesse est perçue, au Moyen Âge, comme un obstacle majeur à l’accomplissement de l’amour, il s’agit, pour l’auteur de ce roman, de démontrer qu’un corps féminin vieilli habité par le désir est synonyme d’œuvre diabolique. De plus, la vieille femme séductrice incarne le versant négatif de la fée – l’enchanteresse – et représente la magie qui nuit, qui détruit. L’utilisation purement maléfique du pouvoir de la métamorphose par ce personnage féminin en fait une sorte d’anti-Merlin (le Merlin positif du Merlin en prose) tout en venant confirmer les liens entretenus avec le diable.
Analyse linguistique et informatique des données textuelles : les intensifs dans les contes en prose de Perrault.
Adam, Jean-Michel
Notre travail a pour objectif de mettre à jour quelques pistes pour l’analyse de l’intensification lexicale dans les contes en prose de Perrault. En particulier, nous examinons les intensifs, c’est-à-dire les petits éléments lexicaux qui renforcent des notions ou des structures textuelles plus vastes. En partant de l’observation que les intensifs apparaissent à des endroits spécifiques dans le texte, nous décrivons leur contenu, leur distribution et les effets qu’ils produisent à la lecture. Ayant le but de comprendre les fonctions qu’ils occupent dans le corpus des contes en prose, nous les étudions à différents niveaux linguistiques, à savoir phonologique, lexical, syntaxique et macro-textuel. L’analyse des donnes textuelles, puisant à la fois dans les domaines de la linguistique, de l’informatique et de la statistique textuelle, nous sert à procéder de manière systématique. Grâce à cette méthode, nous dégageons les faits intéressants à un niveau global avant de les étudier plus en détail dans un retour au texte.
De La Scène au Roman. Les Antigones de Sophocle et de Bauchau en dialogue.
Heidmann, Ute
Ce travail compare deux œuvres mettant en scène la figure mythique d’Antigone : la pièce du tragique grec Sophocle et la récriture homonyme faite par l’écrivain et psychanalyste Henry Bauchau. L’analyse montre l’impact du choix générique initial (une tragédie antique versus un roman poétique) sur la manière dont ces textes racontent l’histoire de l’héroïne. Insistant sur la conception de la tragédie grecque comme spectacle chanté et dansé pour le citoyen athénien, le travail montre que c’est cette dimension performative et le régime de rationalité particulier qu’elle crée qui intéressent la récriture moderne. Grâce à un dialogue intertextuel très serré avec la tragédie sophocléenne, le roman moderne réactive en effet une dimension dialogique déjà présente dans le spectacle antique. La récriture bauchalienne fait ainsi sienne la théâtralité sophocléenne, l’intégrant dans sa fiction romanesque. Séparés par plus de vingt-cinq siècles et n’appartenant pas à la même sphère culturelle, ces deux œuvres nouent pourtant un véritable dialogue, comme permet de le montrer une lecture proche des textes.
« De la peinture du temps dans les Essais de Montaigne ».
Tinguely, Frédéric
Si aujourd’hui nous retenons essentiellement deux vues majeures du temps (à savoir celle – léguée par les Anciens – d’un temps cyclique où tout se répéterait périodiquement et celle – adoptée par les Modernes – d’un temps linéaire orienté vers l’avenir), les penseurs ne se sont de loin pas limités à ces deux seules visions, développant à travers les âges une pluralité de conceptions aussi diverses les unes que les autres. La littérature française n’a pas manqué d’en faire, elle aussi, une de ses sources d’inspiration privilégiée. Ronsard invite à « cueillir » le moment présent dans ses Sonnets pour Hélène ; Pascal, lui, constate dans ses Pensées l’inadaptabilité de l’homme à son présent ; les poètes romantiques se souviennent du passé avec nostalgie ; tandis que Verlaine et Baudelaire crient douloureusement les ravages du temps. La présente étude se penche sur l’approche montaignienne du temps dans les Essais. Nous partons d’un constat premier : l’angoisse de Montaigne face à la fuite du temps. De là, nous tentons alors de dégager les différentes stratégies de défense qu’adopte l’auteur, au fil du temps… Trois mouvements composent notre travail : d’abord nous défendons l’idée d’une conception subjective du temps, où celui-ci est réversible ; ensuite nous glissons vers une approche sceptique du temps, où celui-ci se meut à la façon de l’esprit montaignien ; et finalement nous aboutissons à la thèse de la saisie de l’instant, admise par la majorité des critiques, mais que nous nuançons à l’aide d’une reformulation de l’instant. Après ce long voyage à travers le temps, nous concluons enfin par l’atteinte d’un état ataraxique et exempt de toute angoisse chez Montaigne.
Stratégies et contraintes de la traduction publicitaire : le cas des publicités françaises et espagnoles.
Lugrin, Gilles
Ce mémoire a pour but de comprendre comment une annonce publicitaire est traduite lorsqu’elle est destinée à un marché étranger. Pour ce faire, différents paramètres doivent être pris en compte, tels que la fonction persuasive de la publicité, le cadre légal et les éléments liés au système économique du pays visé. Le contexte socioculturel du consommateur qui, d’un pays à l’autre varie considérablement, est également pris en compte pour comprendre le processus traductionnel d’une publicité. Nous observerons ensuite les théories de la traduction communicative, ainsi que les stratégies dont le traducteur dispose pour transposer une annonce. Une vingtaine d’annonces françaises et espagnoles sera ensuite analysée par le biais d’une comparaison différentielle, ceci afin de dégager les effets de sens que chaque texte, dans son contexte social et linguistique, construit. Que faut-il prendre en compte pour traduire une annonce ? Quelle stratégie est la plus souvent employée en traduction publicitaire ? Quelles modifications une traduction peut-elle entraîner et quelles en sont les raisons ? Telles sont les questions auxquelles nous seront amenée à répondre en nous appuyant, d’une part, sur les théories de la traduction et d’autre part, sur l’analyse du corpus.
1944-2002 : de la pensée néoclassique au néolibéralisme réalisé : analyse textuelle d’un paradigme économique depuis sa marginalisation jusqu’à son omniprésence discursive à travers trois auteurs significatifs.
Adam, Jean-Michel
Ce travail tente de définir les caractéristiques de la pensée néoclassique en tant qu’utilisation particulière de la langue de l’après-guerre à l’aube du vingt-et-unième siècle. Par l’analyse linguistique de textes d'obédience néoclassique, il a l’ambition d’attester l’existence d'un « discours néolibéral » mais également de définir ce qui le constitue de manière méthodique. L’analyse textuelle des discours comme ancrage théorique permet l’étude de chaque texte en prenant en compte son contexte socio-historique d’énonciation. Toutefois cette démarche traite la textualité de manière rigoureuse et ne réduit pas les processus discursifs à une simple superstructure. Au terme de ce mémoire, l’analyse textuelle des écrits néoclassiques démontre l’importance fondamentale du discours dans la compréhension du passage d’une théorie marginale à un discours dominant. Cette approche montre également l’importance de l’interdisciplinarité entre l’histoire et l’analyse des discours afin d’éclaircir les mécanismes d’acceptation sociale de certaines « solutions » aux problèmes économiques et politiques. On n’accepte pas n’importe quelle idée à n’importe quel moment mais la formulation elle-même de ces idées est fondamentale pour assurer leur réception.
Physique & métaphysique du Mal, dans l’œuvre de Charles Baudelaire.
Rodriguez, Antonio
Le Mal, Charles Baudelaire l’a tellement côtoyé dans sa vie que l’intégralité de son œuvre littéraire en porte les traces : souffrances, ennui, mort... Néanmoins, au-delà des clichés et contrairement à une idée fausse bien trop répandue, le poète ne s’est jamais complu dans le Mal, qu’il a voulu dépasser. Il n’est pas ce « poète maudit » ; expression faussement élégante, usée à force d’avoir trop servi et bien trop réductrice s’agissant de Baudelaire. Car « l’ombre au tableau » contient nombre d’éléments constitutifs de son esthétique. Enjeu poético-philosophique contenu dans l’antithèse Fleurs du Mal : le projet, c’est « l’extraction du Beau dans le Mal », qui dès lors ne s’opposent plus de façon trop manichéenne. Mais l’observation du gouffre comporte des dangers. Art, Amour, vin, drogue et révolte ne sauraient échapper au Mal. Apparaît le spleen, qui fait aspirer à la Mort, dont le thème, obsédant et lancinant, parcourt le recueil. Les tentatives d’affranchissement des limites et toutes les voies en quête d’un « ailleurs » sont vouées à l’échec. La seule réponse, contre tous les maux, sera la création poétique. Mais le verbe, fragile, ne suffit pas s’il est seul à lutter. Pour « trouver du nouveau », pour que la Mort change de signe et que la victoire sur l’effroi métaphysique soit totale, que l’aspiration au néant se mue en aspiration d’infini, il manque quelque chose. Ce sera la fonction de la synesthésie et plus encore, la raison d’être de l’imagination. Porté par la sorcellerie évocatoire, par les pouvoirs rédempteurs et libérateurs de la poésie, activement soutenue par l’imagination créatrice, Baudelaire n’atteindra le salut que dans son esthétique métaphysique. Et le Mal, dépassé…
Le Voyage de la Vie de Vera Sormani née Zur Gosen : édition critique.
Kaempfer, Jean et Maggetti, Daniele
Le Voyage de la vie est avant tout l’histoire d’une petite fille qui devient femme, avec ses joies et ses chagrins, ses rêves et ses désillusions. Son auteur, Vera Sormani née Zur Gosen, est devenue mon arrière-grand-mère quelque quarante ans après la rédaction de ce tapuscrit autobiographique. Ce texte, que l’ont peut situer entre le genre de l’autobiographie et celui des Mémoires, est constitué de sept parties, couvrant quarante-sept ans de l’existence de son auteur (1890-1947). Vera Sormani née Zur Gosen y évoque tant des souvenirs personnels que des événements sociaux-politiques survenus durant cette période. L’édition critique est constituée du récit complété par deux appareils critiques distincts et d’une partie introductive. Le Voyage de la vie ne se limite pas au simple héritage familial. Sa valeur réside dans son originalité, tant dans le parcours de vie de son auteur, que dans sa façon de le raconter.
« Homo plasticator » : figures de créateurs dans la littératture du XIXe siècle : artistes et savants.
Caraion, Marta
Le XIXe siècle est riche en événements et en textes critiques et littéraires mêlant étroitement les arts et la science. Ce mémoire de licence se donne pour ambition de confronter différentes figures d’artistes et de savants, représentés dans la littérature de ce siècle, tels qu’ils apparaissent dans leur travail de créateurs d’êtres anthropomorphes. Ces créateurs, aussi bien dans le domaine artistique que scientifique, sont tributaires non seulement d’une longue tradition mythique et littéraire, mais aussi philosophique et technique. Leur volonté inflexible d’animer l’inerte ne se fait pas sans heurts avec la société, forçant le créateur à se retirer du monde, de son cercle familial, jusqu’à s’aliéner soi-même. Son travail de création l’accapare, pour lequel même la vie est sacrifiée. De Frankenstein à L’Eve future, du Chef-d’œuvre inconnu à L’Œuvre, le travail de création touche à la transgression et conduit souvent, paradoxalement, à l’anéantissement de l’œuvre humaine et du responsable de son existence.
Le genre de la critique littéraire journalistique : questions génériques et analyse du corpus.
Adam, Jean-Michel
Le sujet de ce mémoire est le genre de la critique littéraire. Le corpus choisi contient des articles qui ont tous comme point commun de traiter de près ou de loin de deux romans parus lors de la rentrée littéraire 2007. La question principale est de savoir s’il existe une définition claire et précise de la critique littéraire journalistique, et si les articles du corpus peuvent être rattachés à ce genre. L’étude des manuels de journalisme a permis dans un premier temps, de catégoriser les genres journalistiques et de définir, dans les grandes lignes, la critique littéraire journalistique. Les premiers résultats obtenus n’ont pas permis de faire correspondre chaque article à un genre journalistique bien précis. Une analyse selon les critères de typologisation, définis par les spécialistes de l’analyse des médias, a donc été nécessaire. Les critères utilisés ont permis, par exemple, d’analyser la position de l’article dans le journal, de mettre en évidence les thèmes traités dans les articles, d’étudier la position de l’énonciateur, de découvrir si ces textes sont informatifs ou d’opinion, etc. Cette analyse a mis en évidence la difficulté à vouloir classer absolument les articles à cause de la tendance qu’a le journalisme à l‘hybridation. Les observations qui ont été faites on alors surtout conduit à constater que les caractéristiques propres à un genre peuvent se retrouver aussi dans d’autres ce qui fait que les frontières des genres ne sont pas imperméables et par conséquent, qu’il est difficile de les classer définitivement.
L’étrange destin de Wangrin : ambiguïtés paratextuelles et instabilité générique.
Le Quellec Cottier, Christine
L’Etrange Destin de Wangrin d’Amadou Hampâté Bâ (auteur malien né en 1900 et mort en 1991) est le fruit d’une promesse faite à un homme qui désirait que son expérience serve d’enseignement et de divertissement. Dans l’avertissement et la postface, l’écrivain apparente le livre à un récit de vie alors que l’univers fictionnel se fait ressentir, certaines incohérences viennent se glisser dans ses commentaires. Les paratextes nous permettent déjà de mettre en évidence quelques ambiguïtés. Une impossibilité de classification, une instabilité générique, apparaît. A quelle catégorie Wangrin appartient-il ? Cette incertitude est-elle positive pour le texte ? Ou joue-t-elle en sa défaveur ? La mise en perspective du récit dévoile les nombreuses intrusions du narrateur, l’importance du réel ainsi que les procédés qui participent de la mise en fiction. Aussi, nous observons une oscillation entre deux principes opposés de prime abord (réalité et fiction). L’auteur prouve sa fabuleuse maîtrise de l’écriture tant il fait sien le concept de paradoxe, terme qui illustre parfaitement bien son unique roman. Par conséquent, le dessein de ce travail est de mettre en relief l’intérêt de ces ambivalences ainsi que leurs apports à l’œuvre d’Hampâté Bâ. Nous tentons de comprendre l’importance de ce phénomène dans la délicate question de la détermination générique du texte et de découvrir où nous emmène cette instabilité, ce qu’elle permet sur le plan littéraire.
La trilogie de Wajdi Mouawad : retour à la tragédie aristotélicienne, ou redéfinition de la forme tragique par la « métacatharsis » ?
Chaperon, Danielle
Ce mémoire aborde trois pièces contemporaines de Wajdi Mouawad, dramaturge libano-québécois. En lisant une critique, qualifiant sa trilogie de « retour au tragique », j’ai tenté de vérifier si cette oeuvre pouvait réellement être apparentée à une tragédie. Pour confirmer ou infirmer cette hypothèse, je suis partie des normes de la Poétique d’Aristote. Est-ce que les pièces de Mouawad – Littoral, Incendies et Forêts – correspondent bien aux canons d’une forme tragique ? Si les démarches des deux hommes de théâtre coïncident en plusieurs points, c’est au niveau de la catharsis que leurs buts diffèrent. Devenue un concept insuffisant pour Wajdi Mouawad, la catharsis aristotélicienne est redéfinie dans la trilogie. En s’inspirant des évolutions de cette norme (notamment au niveau psychanalytique), Mouawad tente une reconstruction de ce concept et créerait un nouveau mécanisme cathartique : la « métacatharsis ». Quels en sont le mode et le moyen ? C’est l’enjeu de ce mémoire qui démontrera que, même si la trilogie (destinée à devenir une tétralogie) nous fait croire qu’un éventuel « retour au tragique » est possible, le théâtre de Wajdi Mouawad ne se contente que de l’impossible.
Les critères du succès : Maurice Chappaz et le Valais.
Maggetti, Daniele
Le 22 avril 1953, le poète valaisan Maurice Chappaz a écrit à son oncle, Maurice Troillet : « Il est difficile de juger un écrivain ; […] le vrai critère intervient cinquante ans plus tard, c’est celui d’une chose qui subsiste belle et durable et enrichit le patrimoine d’un pays. »1. Cinq décennies plus tard, le pari semble réussi. Au fil des diffusions, des rencontres, des critiques, son succès gagne en ampleur. Ce mémoire éclaire les diverses étapes de la carrière et de la consécration progressive de Chappaz, en Valais comme ailleurs. Nous avons abordé son parcours littéraire et sa réception sous un angle à la fois littéraire et sociologique, croisant différents types de sources – œuvres littéraires, correspondances, analyses critiques, articles de presses, études sociologiques,… - afin de mettre en évidence les différents thèmes abordés par Chappaz, l’évolution de l’opinion valaisanne à son sujet et le réseau complexe de procédés qui participent à sa renommée. De cette étude socio-littéraire ressort des liens possibles entre la conception du succès de Maurice Chappaz et celle de sociologues comme Pierre Bourdieu.
Les inscriptions prophétiques dans la Suite du Roman de Merlin : une lecture eschatologique à la lumière du parcours de Balaain, le Chevalier aux Deux Epées.
Atmosphère et climat dans les romans parisiens de Zola.
Reichler, Claude
L’œuvre zolienne s’inscrit dans une époque où l’atmosphère et le climat faisaient l’objet de nombreuses recherches, des préoccupations qui avaient captivé autant les esprits savants que les consciences artistiques depuis le XVIIIe siècle. Aussi les écrivains s’étaient-ils intéressés à la représentation des phénomènes atmosphériques dans leurs œuvres, cherchant à exprimer la nature de leur ressenti ou celui de leurs personnages face aux changements météorologiques. La ville de Paris, maintes fois décrites dans plusieurs œuvres de Zola, faisait l’objet d’une attention particulière concernant son atmosphère depuis la fin du XVIIIe siècle, réflexion qui se poursuivit au XIXe siècle et à laquelle notre auteur ne pouvait rester insensible. Aussi ce travail se propose-t-il d’aborder certains romans parisiens de la série des Rougon-Macquart dans la perspective de montrer de quelle façon ils condensent les préoccupations concernant l’atmosphère et le climat de l’époque et dans quel sens ces données influencent l’évolution de l’histoire et des personnages.
De l'action à la situation : modalités de la dramaturgie sartrienne.
Chaperon, Danielle
Partant du constat que, depuis plus de vingt ans, le théâtre de Sartre n’est plus joué – et à peine lu ? –, se pose alors la question des raisons de ce désamour. Dans de nombreuses interviews et quelques textes publiés, Sartre parle du théâtre en général, et de son théâtre en particulier, le théâtre de situations. Celui-ci, supposé être en accord avec l’idée sartrienne de littérature engagée, doit montrer des personnages en situation. L’étude des huit pièces écrites par Sartre permet de mettre au jour les mécanismes et les structures récurrents entre les pièces, de définir quelle est cette dramaturgie de la situation et enfin d’émettre des hypothèses sur le dédain actuel dont sont victimes des pièces comme Morts sans sépultures ou Les Séquestrés d’Altona : des thématiques ancrées dans une Histoire trop précise, des personnages trop imposants, et enfin un texte ne laissant que peu de place à l’interprétation.
Quand L’oiseau bleu devient une alouette : étude comparative de « L’oiseau bleu » de Marie-Catherine d’Aulnoy (1697) et de « Das singende springende Löweneckerchen » des frères Grimm (1857).
Heidmann, Ute
L’objet de mon mémoire est l’étude comparative du conte « L’oiseau bleu » de Marie-Catherine d’Aulnoy (1697) et de « Das singende springende Löweneckerchen » des frères Grimm (1857). La méthode comparative différentielle et la mise à égalité des deux textes permettent de mettre en lumière leurs visées communicatives respectives. J’étudie les contes dans leurs dimensions péritextuelles et génériques et examine avec précisions les modalités de la mise en discours des textes. Le résultat de cette approche est le constat d’un dialogue intertextuel entre les oeuvres qui permet de penser les KHM dans un rapport direct avec les Contes des fées.