Le Voyage de la Vie de Vera Sormani née Zur Gosen : édition critique.
Kaempfer, Jean et Maggetti, Daniele
Le Voyage de la vie est avant tout l’histoire d’une petite fille qui devient femme, avec ses joies et ses chagrins, ses rêves et ses désillusions. Son auteur, Vera Sormani née Zur Gosen, est devenue mon arrière-grand-mère quelque quarante ans après la rédaction de ce tapuscrit autobiographique. Ce texte, que l’ont peut situer entre le genre de l’autobiographie et celui des Mémoires, est constitué de sept parties, couvrant quarante-sept ans de l’existence de son auteur (1890-1947). Vera Sormani née Zur Gosen y évoque tant des souvenirs personnels que des événements sociaux-politiques survenus durant cette période. L’édition critique est constituée du récit complété par deux appareils critiques distincts et d’une partie introductive. Le Voyage de la vie ne se limite pas au simple héritage familial. Sa valeur réside dans son originalité, tant dans le parcours de vie de son auteur, que dans sa façon de le raconter.
« Homo plasticator » : figures de créateurs dans la littératture du XIXe siècle : artistes et savants.
Caraion, Marta
Le XIXe siècle est riche en événements et en textes critiques et littéraires mêlant étroitement les arts et la science. Ce mémoire de licence se donne pour ambition de confronter différentes figures d’artistes et de savants, représentés dans la littérature de ce siècle, tels qu’ils apparaissent dans leur travail de créateurs d’êtres anthropomorphes. Ces créateurs, aussi bien dans le domaine artistique que scientifique, sont tributaires non seulement d’une longue tradition mythique et littéraire, mais aussi philosophique et technique. Leur volonté inflexible d’animer l’inerte ne se fait pas sans heurts avec la société, forçant le créateur à se retirer du monde, de son cercle familial, jusqu’à s’aliéner soi-même. Son travail de création l’accapare, pour lequel même la vie est sacrifiée. De Frankenstein à L’Eve future, du Chef-d’œuvre inconnu à L’Œuvre, le travail de création touche à la transgression et conduit souvent, paradoxalement, à l’anéantissement de l’œuvre humaine et du responsable de son existence.
Le genre de la critique littéraire journalistique : questions génériques et analyse du corpus.
Adam, Jean-Michel
Le sujet de ce mémoire est le genre de la critique littéraire. Le corpus choisi contient des articles qui ont tous comme point commun de traiter de près ou de loin de deux romans parus lors de la rentrée littéraire 2007. La question principale est de savoir s’il existe une définition claire et précise de la critique littéraire journalistique, et si les articles du corpus peuvent être rattachés à ce genre. L’étude des manuels de journalisme a permis dans un premier temps, de catégoriser les genres journalistiques et de définir, dans les grandes lignes, la critique littéraire journalistique. Les premiers résultats obtenus n’ont pas permis de faire correspondre chaque article à un genre journalistique bien précis. Une analyse selon les critères de typologisation, définis par les spécialistes de l’analyse des médias, a donc été nécessaire. Les critères utilisés ont permis, par exemple, d’analyser la position de l’article dans le journal, de mettre en évidence les thèmes traités dans les articles, d’étudier la position de l’énonciateur, de découvrir si ces textes sont informatifs ou d’opinion, etc. Cette analyse a mis en évidence la difficulté à vouloir classer absolument les articles à cause de la tendance qu’a le journalisme à l‘hybridation. Les observations qui ont été faites on alors surtout conduit à constater que les caractéristiques propres à un genre peuvent se retrouver aussi dans d’autres ce qui fait que les frontières des genres ne sont pas imperméables et par conséquent, qu’il est difficile de les classer définitivement.
L’étrange destin de Wangrin : ambiguïtés paratextuelles et instabilité générique.
Le Quellec Cottier, Christine
L’Etrange Destin de Wangrin d’Amadou Hampâté Bâ (auteur malien né en 1900 et mort en 1991) est le fruit d’une promesse faite à un homme qui désirait que son expérience serve d’enseignement et de divertissement. Dans l’avertissement et la postface, l’écrivain apparente le livre à un récit de vie alors que l’univers fictionnel se fait ressentir, certaines incohérences viennent se glisser dans ses commentaires. Les paratextes nous permettent déjà de mettre en évidence quelques ambiguïtés. Une impossibilité de classification, une instabilité générique, apparaît. A quelle catégorie Wangrin appartient-il ? Cette incertitude est-elle positive pour le texte ? Ou joue-t-elle en sa défaveur ? La mise en perspective du récit dévoile les nombreuses intrusions du narrateur, l’importance du réel ainsi que les procédés qui participent de la mise en fiction. Aussi, nous observons une oscillation entre deux principes opposés de prime abord (réalité et fiction). L’auteur prouve sa fabuleuse maîtrise de l’écriture tant il fait sien le concept de paradoxe, terme qui illustre parfaitement bien son unique roman. Par conséquent, le dessein de ce travail est de mettre en relief l’intérêt de ces ambivalences ainsi que leurs apports à l’œuvre d’Hampâté Bâ. Nous tentons de comprendre l’importance de ce phénomène dans la délicate question de la détermination générique du texte et de découvrir où nous emmène cette instabilité, ce qu’elle permet sur le plan littéraire.
La trilogie de Wajdi Mouawad : retour à la tragédie aristotélicienne, ou redéfinition de la forme tragique par la « métacatharsis » ?
Chaperon, Danielle
Ce mémoire aborde trois pièces contemporaines de Wajdi Mouawad, dramaturge libano-québécois. En lisant une critique, qualifiant sa trilogie de « retour au tragique », j’ai tenté de vérifier si cette oeuvre pouvait réellement être apparentée à une tragédie. Pour confirmer ou infirmer cette hypothèse, je suis partie des normes de la Poétique d’Aristote. Est-ce que les pièces de Mouawad – Littoral, Incendies et Forêts – correspondent bien aux canons d’une forme tragique ? Si les démarches des deux hommes de théâtre coïncident en plusieurs points, c’est au niveau de la catharsis que leurs buts diffèrent. Devenue un concept insuffisant pour Wajdi Mouawad, la catharsis aristotélicienne est redéfinie dans la trilogie. En s’inspirant des évolutions de cette norme (notamment au niveau psychanalytique), Mouawad tente une reconstruction de ce concept et créerait un nouveau mécanisme cathartique : la « métacatharsis ». Quels en sont le mode et le moyen ? C’est l’enjeu de ce mémoire qui démontrera que, même si la trilogie (destinée à devenir une tétralogie) nous fait croire qu’un éventuel « retour au tragique » est possible, le théâtre de Wajdi Mouawad ne se contente que de l’impossible.
Les critères du succès : Maurice Chappaz et le Valais.
Maggetti, Daniele
Le 22 avril 1953, le poète valaisan Maurice Chappaz a écrit à son oncle, Maurice Troillet : « Il est difficile de juger un écrivain ; […] le vrai critère intervient cinquante ans plus tard, c’est celui d’une chose qui subsiste belle et durable et enrichit le patrimoine d’un pays. »1. Cinq décennies plus tard, le pari semble réussi. Au fil des diffusions, des rencontres, des critiques, son succès gagne en ampleur. Ce mémoire éclaire les diverses étapes de la carrière et de la consécration progressive de Chappaz, en Valais comme ailleurs. Nous avons abordé son parcours littéraire et sa réception sous un angle à la fois littéraire et sociologique, croisant différents types de sources – œuvres littéraires, correspondances, analyses critiques, articles de presses, études sociologiques,… - afin de mettre en évidence les différents thèmes abordés par Chappaz, l’évolution de l’opinion valaisanne à son sujet et le réseau complexe de procédés qui participent à sa renommée. De cette étude socio-littéraire ressort des liens possibles entre la conception du succès de Maurice Chappaz et celle de sociologues comme Pierre Bourdieu.
Les inscriptions prophétiques dans la Suite du Roman de Merlin : une lecture eschatologique à la lumière du parcours de Balaain, le Chevalier aux Deux Epées.
Atmosphère et climat dans les romans parisiens de Zola.
Reichler, Claude
L’œuvre zolienne s’inscrit dans une époque où l’atmosphère et le climat faisaient l’objet de nombreuses recherches, des préoccupations qui avaient captivé autant les esprits savants que les consciences artistiques depuis le XVIIIe siècle. Aussi les écrivains s’étaient-ils intéressés à la représentation des phénomènes atmosphériques dans leurs œuvres, cherchant à exprimer la nature de leur ressenti ou celui de leurs personnages face aux changements météorologiques. La ville de Paris, maintes fois décrites dans plusieurs œuvres de Zola, faisait l’objet d’une attention particulière concernant son atmosphère depuis la fin du XVIIIe siècle, réflexion qui se poursuivit au XIXe siècle et à laquelle notre auteur ne pouvait rester insensible. Aussi ce travail se propose-t-il d’aborder certains romans parisiens de la série des Rougon-Macquart dans la perspective de montrer de quelle façon ils condensent les préoccupations concernant l’atmosphère et le climat de l’époque et dans quel sens ces données influencent l’évolution de l’histoire et des personnages.
De l'action à la situation : modalités de la dramaturgie sartrienne.
Chaperon, Danielle
Partant du constat que, depuis plus de vingt ans, le théâtre de Sartre n’est plus joué – et à peine lu ? –, se pose alors la question des raisons de ce désamour. Dans de nombreuses interviews et quelques textes publiés, Sartre parle du théâtre en général, et de son théâtre en particulier, le théâtre de situations. Celui-ci, supposé être en accord avec l’idée sartrienne de littérature engagée, doit montrer des personnages en situation. L’étude des huit pièces écrites par Sartre permet de mettre au jour les mécanismes et les structures récurrents entre les pièces, de définir quelle est cette dramaturgie de la situation et enfin d’émettre des hypothèses sur le dédain actuel dont sont victimes des pièces comme Morts sans sépultures ou Les Séquestrés d’Altona : des thématiques ancrées dans une Histoire trop précise, des personnages trop imposants, et enfin un texte ne laissant que peu de place à l’interprétation.
Quand L’oiseau bleu devient une alouette : étude comparative de « L’oiseau bleu » de Marie-Catherine d’Aulnoy (1697) et de « Das singende springende Löweneckerchen » des frères Grimm (1857).
Heidmann, Ute
L’objet de mon mémoire est l’étude comparative du conte « L’oiseau bleu » de Marie-Catherine d’Aulnoy (1697) et de « Das singende springende Löweneckerchen » des frères Grimm (1857). La méthode comparative différentielle et la mise à égalité des deux textes permettent de mettre en lumière leurs visées communicatives respectives. J’étudie les contes dans leurs dimensions péritextuelles et génériques et examine avec précisions les modalités de la mise en discours des textes. Le résultat de cette approche est le constat d’un dialogue intertextuel entre les oeuvres qui permet de penser les KHM dans un rapport direct avec les Contes des fées.
« Contre une époque qui a besoin de héros, nous ne pouvons rien faire » : l’itinéraire de Jason dans la littérature médiévale (1300-1430).
Mühlethaler, Jean-Claude
Prenant pour point de départ la polémique créée par le choix de Jason comme patron de l’ordre bourguignon de la Toison d’Or, ce travail s’attache à retracer l’itinéraire de ce héros dans la littérature médiévale entre 1300 et 1430. Personnage profondément ambigu, il est tantôt décrié pour son comportement amoureux coupable envers sa compagne Médée, tantôt mis en avant comme le jeune héros intrépide qui conquit la toison d’or au prix d’une longue et périlleuse navigation vers l’Orient. L’étude de la figure de Jason permet d’aborder certains thèmes parmi les plus importants de la littérature du la fin du Moyen Âge : la loyauté, le mensonge, mais également le voyage, l’exotisme oriental et les qualités chevaleresques. Elle permet en outre de mettre en lumière certains fonctionnements du mythe littéraire et d’ouvrir des pistes de réflexions sur la manière dont les héros se trouvent répondre aux besoins et aux attentes de certaines époques.
La difficulté de dire le judaïsme au XXème siècle : l’œuvre d’Albert Cohen, entre tentative de définition collective et quête identitaire personnelle.
Caraion, Marta et Ehrenfreund, Jacques
Ce mémoire s’intéresse à la définition de l’identité juive au XXème dans le contexte francophone. C’est par le biais de l’œuvre d’un écrivain d’origine juive, Albert Cohen, que le travail tente de dégager une image de la judéité dans le monde moderne. L’écrivain s’efforce en effet dans les années vingt de définir et de réhabiliter le judaïsme, pour lui-même et ses contemporains. Volonté et questionnement qu’il poursuivra toute sa vie, par un engagement sioniste dans l’entre-deux-guerres, mais aussi au travers de ses écrits. Il offre de plus une œuvre génériquement variée, comportant aussi bien des textes journalistiques engagés qu’une saga romanesque ou encore des écrits à valeur autobiographique. L’analyse d’une grande partie de ses écrits s’est voulue à la fois thématique (dégager les éléments constitutifs de l’identité juive pour Cohen) et stylistique (l’écrivain cherchant à créer en littérature un style représentant ce qu’il nomme “ l’âme juive ”), tout en se doublant d’une approche socio-culturelle et historique dans le but de mettre en perspective les éléments répertoriés en les confrontant à la tradition religieuse juive et à la réalité historique. Si l’appréhension de la judéité selon Cohen semble de plus en plus personnelle et focalisée au fil des années, il ne faudrait en aucun cas sousestimer la volonté première et permanente de fournir une image collective et unificatrice de l’appartenance juive, représentative pour lui de l’expérience humaine.
Au Nom du Père : le problème de l’identité dans Les Misérables de Victor Hugo ou la vér(itable ident)ité derrière le masque.
Caraion, Marta
Avec sa question à l’évêque : « Qui êtes-vous ? », au début du roman, le Conventionnel G. met le doigt sur un point essentiel de la littérature romantique : l’émergence du Moi. Comment considérer cette instance qui, tel Jean Valjean, paria de la civilisation, se trouve en perpétuelle opposition à la société de son temps ? Pour Hugo, qui distingue masque social et être profond dans Les Misérables, le Moi véritable résiderait dans l’âme. C’est ce que nous constaterons à travers le parcours du pèlerin Valjean : dans une ascension qui le conduit de la société à Dieu, de Jean à Saint-Jean, du faux au vrai et du nom à l’âme, celui-ci se libère de son déguisement de bagnard pour révéler sa vér(itable ident)ité au grand jour. Si la société l’avait réduit à un rôle de criminel, l’amour réveillera l’être qui sommeillait en lui et qu’il avait toujours voulu exprimer : un père.
La perception du paysage de la sur-modernité dans les oeuvres de Jean Rolin, Zones et La Clôture et de Jacques Réda, Le Citadin.
Reichler, Claude
La perception du paysage dans la littérature. L’étude à travers les deux auteurs que sont Jacques Réda et Jean Rolin de l’appréhension du paysage urbain contemporain dans les romans que sont Le Citadin de Jacques Réda, Zones et La Clôture de Jean Rolin. Une introduction préalable retrace une évolution dans la perception de la ville aux temps de la modernité pour aboutir à notre époque qualifiée par certains de sur-moderne. Les écrivains percevant cette sur-modernité nous la présentent selon leur approche particulière. Les notions de panorama, de paysage sonore et de dispositif de perception sont abordés tour à tour relativement à une agglomération urbaine recelant des paysages spécifiques. En poète avec Réda, et de manière plus documentaire chez Rolin qui prend en compte nombre d’aspects sociologiques de la périphérie parisienne, exemplifiant les liens qui attachent l’existence humaine et la ville dans leur devenir commun.
Emile Zola face à la question de l’émancipation féminine.
Kaempfer, Jean
Emile Zola, écrivain de la seconde partie du XIXe siècle, avait pour mot d’ordre de transcrire au mieux la réalité de la société dans ses romans. Or, durant cette partie de l’Histoire en France, la controverse sur l’émancipation féminine est en pleine expansion. Ce mémoire tente de déterminer la position de l’auteur face à ce problème social. Les personnages féminins dans les romans de Zola sont nombreux. C’est donc en sélectionnant un échantillonnage des divers types de femmes présents dans toute l’œuvre zolienne et en analysant la façon dont ces dernières sont traitées qu’il est possible de reconnaître l’avis de l’auteur sur la libération des femmes. Afin de justifier les arguments du travail de mémoire, les articles journalistiques de Zola sur le thème de la femme ont constitué un outil inéluctable. Or, l’opinion de l’auteur face à ce débat ne semble pas uniforme, en effet les années et les éléments de sa vie personnelle ont modifié son avis. Même en s’impliquant dans la société qui était la sienne et en émettant, au travers de ses écrits, toutes les critiques possibles sur les éléments qui l’offusquaient, Zola n’a pas toujours été dans la capacité d’avoir une opinion déterminée dans tous les débats de son temps. La femme a été, pendant trop longtemps, un être soumis, pour que sa libération soit si vite acceptée. Zola faisait partie de ses hommes qui, étant conscients des mauvaises conditions de vie des femmes, souhaitaient que ces dernières soient mieux considérées, mais dont l’émancipation effrayait.
« Frissonner salubrement » : invitation à la lecture de quelques textes de Charles-Albert Cingria : Les Autobiographies de Brunon Pomposo, Pendeloques alpestres, Le seize juillet, La Fourmi rouge.
Singularité plurielle d’un personnage de roman : la désignation d’Odette de Crécy dans A la Recherche du Temps perdu de Marcel Proust.
Zufferey, Joël
Le personnage d’Odette de Crécy traverse À la Recherche du Temps perdu en révélant progressivement des traits de natures si opposées qu’ils en viennent à menacer son intégrité. De même que de la tasse de thé du narrateur surgissent la Vivonne, ses nymphéas, Combray et tous ses habitants, le personnage d’Odette s’étire et se déplie en une éclosion qui révèle des êtres aussi variés que Miss Sacripant, « la dame en rose », Mme Swann ou encore Mme de Forcheville. Cet étrange morcellement a été étudié par de nombreux auteurs qui l’ont généralement lié à l’instabilité onomastique du personnage d’Odette. Un certain nombre d’indices suggèrent cependant que ce phénomène ne peut être expliqué intégralement par la variabilité des noms propres de ce personnage. Nous présentons dans ce travail une analyse de la désignation d’Odette qui montre que l’instabilité onomastique n’est de loin pas le seul phénomène à être mobilisé par les forces qui tendent à défaire et à pluraliser ce personnage singulier. Pour ce faire, nous avons réalisé un inventaire de l’ensemble des désignateurs d’Odette et l’avons soumis à une analyse reposant sur deux axes, le premier visant à déterminer la nature et le rôle joué par les éléments participant à la pluralisation d’Odette, le second visant à déterminer la nature de ce qui, au contraire, permet d’assurer et de maintenir la cohésion de ce personnage exemplaire de la pluralisation qui s’exerce sur un grand nombre de personnages de la Recherche.
La langue ramuzienne dans tous ses états : recherche d’un « centre de gravité » esthétique et philosophique de la langue chez Ramuz.
Cordonier, Noël
Contrairement à l’idée communément admise, la langue ramuzienne n’est pas seulement un moyen d’expression qui décrirait la beauté du monde paysan. Elle peut se mettre dans tous ses états – au sens propre du terme. Grâce au dynamisme du geste, la langue ramuzienne déchire l’ordre social, froisse ses personnages, emmêle les référents, détruit la temporalité. Ce pessimisme linguistique correspond bien au climat tendu du début du XXe siècle. Sa langue romande, plus encore qu’une construction (destructrice), permet de décrire un monde en train de sombrer dans les affres de la guerre… Ce travail est un cheminement vers la découverte du « centre de gravité » philosophique et esthétique de la langue ramuzienne : l’idée de destruction totale1. Au fil des trois sections du travail, nous n’allons pas seulement étudier une langue dans tous ses états, mais aussi différents états (et malheureusement pas tous les états) d’une langue. Que pensait Ramuz de son style ? Les métaphores de Ramuz-Peintre ou encore de Ramuz-Poète sont-elles pertinentes ? Faut-il organiser son œuvre selon le modèle traditionnel divisé en trois périodes ou par l’usage de tendances ? Ce parcours nous mènera de la langue qui parle de la langue à une étude frontale de la langue en action, dans tout ce qu’elle possède d’original.