Argumentation et narration dans le discours publicitaire
Burger, Marcel
De la publicité au discours politique, les procédés d’argumentation sont variés. Un seul d’entre eux, aux multiples occurrences, occupe ce mémoire : l’emploi de la narration dans le discours publicitaire. Ce mémoire consiste davantage en une étude sur les manières dont s'articulent l'argumentation et la narration dans une formation socio-discursive particulière qu'en un travail sur le discours publicitaire à travers l'analyse des liens entre argumentation et narration. En raison de l’influence du contexte d’énonciation sur toute production discursive, les exemples analysés se réfèrent à deux modalités narratives distinctes, les récits factuels et les récits fictionnels. Les textes étudiés sont au nombre de quatre, relatifs à trois produits différents : une publicité pour la gamme Excellence de Lindt publiée en avril 2008 dans Femina ; un publi-reportage consacré au café Jinogalpa de Nespresso diffusé en février 2008 dans le magazine de la marque ; un fascicule promotionnel consacré à Jinogalpa, distribué avec le même magazine ; un iconotexte publicitaire datant de février 1938 pour le Cognac Hennessy issu de L’Illustration. De manière générale, l’usage de la narration par l’argumentation publicitaire recouvre les catégories dégagées par la rhétorique : l’exemplum (l’illustration ou l’analogie) et la narratio (narration orientée favorisant une réception pertinente de l’argumentation). Néanmoins, l’analyse pointe de nouveaux phénomènes : l’emploi d’assertions présuppositionnelles par la reformulation des cadres spatio-temporels implicites du récit en pôles d’argumentation explicites, l’utilisation de fragments de récit et de scripts narratifs comme embrayeurs d’une interprétation orientée ou encore l’usage des genres narratifs comme brouilleurs du contrat de communication préétabli.
Intelligence artificielle et science-fiction : Du Golem à la singularité technologique, le fantastique posthumain.
Kaempfer, Jean
L’intelligence artificielle désigne un domaine de recherche relativement récent, puisqu’il est apparu dans les années 1950. Cette technologie en devenir a inspiré de nombreux auteurs, notamment dans la science-fiction, qui l’ont ensuite représentée sous des formes variées. Elle apparaît tour à tour sous les traits de robots, de superordinateurs, ou encore de logiciels évoluant dans des univers virtuels. Ce mémoire cherche à établir des critères permettant de catégoriser les diverses représentations proposées par notre corpus, des robots d’Isaac Asimov à la neuromatrice de Maurice G. Dantec. Il explore également certaines des propositions scientifiques et philosophiques qui sont liées à ce domaine, afin de mettre en évidence les spécificités de ce motif dans le contexte de la littérature de science-fiction, et d’envisager certains rapprochements avec la littérature fantastique et la littérature générale. La relation d’interdépendance entre l’être humain et les objets techniques est également examinée par le biais de la pensée posthumaine, notamment à travers le concept de la singularité technologique.
Alexandre Dumas fils ou le paradoxe du moraliste féministe.
Cordonier, Noël
Dumas fils s’intéresse aux problématiques de la libération de la femme d’un point de vue législatif. Nombre de ses écrits tournent autour de sujets tels que le divorce, dont il est l’un des fervents défenseurs, le suffrage féminin, les enfants illégitimes ou les femmes délaissées. Toutefois, il demeure misogyne selon les critères actuels de l’histoire du féminisme. Le but de notre étude est de définir la part féministe et réactionnaire de l’écrivain, à la lumière des ouvrages consacrés à la femme au XIXe siècle. Ses romans, dont le plus célèbre : La Dame aux camélias, seront le point de départ de notre analyse et d’un dialogue entre des écrits de fiction et des essais.
La parole qualifiante : variations discursives et construction du personnage dans “Belle du Seigneur” d'Albert Cohen
Zufferey, Joël
Le discours des personnages participe pleinement de leur construction textuelle. Dans un texte moderne, les paroles d’un personnage non seulement dépendent de son appartenance géographique et de son statut social, mais, de plus, semblent varier selon la situation de communication dans laquelle elles sont énoncées. L’étude des modalités de cette variation permet une caractérisation fine du personnage, qui peut révéler tant des traits de caractère que des idéologies. Pour illustrer ces considérations, nous avons étudié la construction du personnage de Solal dans Belle du Seigneur d’Albert Cohen, en nous intéressant à la façon dont son discours varie selon qu’il se trouve en situation de dialogue (face à un interlocuteur qui l’entend) ou en situation de monologue (où sa parole reste secrète). Notre analyse a porté sur quatre phénomènes linguistiques particuliers : les adjectifs substantivés, les temps et modes verbaux, la référence à son amante Ariane et les connecteurs. C’est principalement la nature ambivalente du personnage que révèle l’étude de ses paroles : Solal est double tant dans ses traits de caractère que par sa vision du monde. Par ailleurs, la particularité de l’écriture de Cohen est également mise en évidence, particularité qui se présente comme profondément moderne.
À Vol d'Oiseau, Le Royaume Aveugle, Reine Pokou. De l’utilisation du mythe à l'appropriation de la tradition orale africaine chez Véronique Tadjo.
Le Quellec Cottier, Christine
Ce travail porte sur l’étude de trois textes de Véronique Tadjo, une auteure ivoirienne contemporaine : À Vol d'Oiseau (1986), Le Royaume Aveugle (1990), et Reine Pokou (2006). Mon analyse s’intéresse à deux axes problématiques centraux dans l’œuvre de l’écrivaine : l’étude des figures féminines, ainsi que l’observation de l’univers traditionnel africain. En effet, les trois récits sont dominés par des personnages féminins, ayant tous un lien plus ou moins direct avec l’univers traditionnel africain. Ainsi, la narratrice d’À Vol d’Oiseau témoigne des problèmes qu’elle rencontre dans sa vie privée, tout en étant spectatrice des événements qui se déroulent autour d'elle. Akissi, l’héroïne du Royaume Aveugle, passe quant à elle de spectatrice à actrice des changements d’un royaume, par une prise de conscience du rôle qu’elle peut jouer dans l’accession du pays à un avenir meilleur. Enfin, le personnage de Pokou est étroitement lié aux mécanismes du pouvoir et actrice à part entière du devenir de la société africaine. Dans un mouvement parallèle, les textes de l’écrivaine se rapprochent de plus en plus de la culture traditionnelle du continent noir. La narratrice-oiseau du premier récit convoque des éléments de l’univers traditionnel africain tels que masques et fétiches afin de trouver des repères dans un contexte contemporain dans lequel elle se sent perdue. Akissi quant à elle entreprend un retour au village et à ses origines, qui lui permet de gagner en lucidité et de trouver la force de se battre contre un gouvernement corrompu, mais également contre son propre père, combattant ainsi les bases d’une société patriarcale en proie aux inégalités. Enfin, l’héroïne aux multiples visages de Reine Pokou marque une étape supplémentaire du questionnement de Véronique Tadjo quant à la réflexion sur les mécanismes du pouvoir et au pouvoir des mythes au sein de la société africaine contemporaine. En effet, l’auteure n'invente plus des contes et légendes comme c’était le cas dans les deux textes précédents, mais elle réinterprète l’Histoire par le biais du personnage de la reine Pokou. Par un tel procédé, elle peut alors mettre en relation les légendes et l’actualité africaine, pour montrer que l’histoire se répète et qu’il faut la prendre en compte dans notre appréhension du présent. Elle utilise le caractère « mobile » de la littérature orale pour souligner les dangers que peuvent engendrer certaines de ses interprétations, selon le contexte politique ou historique.
L’animalisation de l’homme et l’humanisation de la bête chez Céline à travers Voyage au bout de la nuit et Mort à crédit : le monde animal, miroir de la société humaine
Comment la commission impériale ne s’est-elle pas aperçue qu’il y a une certaine différence entre des œuvres d’art et des machines à vapeur ?
Caraion, Marta
Les Expositions universelles du XIXe siècle se distinguent notamment des foires les ayant précédées par la présentation, dans un même espace, d’œuvres d’art et d’objets manufacturés. Dans cette optique, les Expositions universelles de 1867, 1878 et 1889 qui se tinrent à Paris composent un objet d’étude privilégié pour aborder la question de la relation art-industrie-science. Trois niveaux de cette relation ont été privilégiés. Du point de vue des organisateurs et en étudiant la dimension et l’emplacement des salles des Beaux-arts ainsi que les décrets instituant cette exposition, force est de constater que l’art a une situation périphérique au sein des Expositions universelles ; sa présence lui est néanmoins garantie par les fonctions attendues de sa part : le prestige, l’essor du commerce, l’éducation et la pacification. Le clou des Expositions est constitué par les groupes dévolus à l’industrie et la science, la seconde n’apparaissant par ailleurs qu’au travers des réalisations techniques qu’elle permet à la première. Quant aux exposants, une étude de cas autour des sciences anthropologiques a mis en exergue l’utilisation de médiums artistiques (fresques et sculptures) et industriel (photographie) à des fins scientifiques, témoignant d’un dialogue entre art-industrie-science autour de la question de la scénographie. Enfin, la réaction du public des Expositions universelles fut questionnée par l’étude des discours de réception, et notamment les interventions de Zola, de Vogüé, Du Camp, Cherbuliez, ainsi que la pétition des artistes contre l’érection de la tour Eiffel. Il s’est agi tout d’abord de mettre à jour l’aspect protéiforme des interventions (compte rendu des salles des Beaux-arts ou de l’industrie, chant didactique, lettre ouverte parue dans la presse, etc.) et tenter de justifier la diversité de ces discours. La question de l’esthétique a constitué notre seconde préoccupation et notamment les thèmes de l’imagination, du caractère utilitaire du beau, du renouvellement des formes (réalisme ou idéalisme), des sujets (ceux de la société du XIXe ou de l’Antiquité). La posture sociale de l’artiste, abordée notamment au travers de l’opposition avec l’ingénieur dans la controverse de la tour Eiffel, conclût notre exposé.
De la fin'amor au Saint Graal : images de la quête médiévale dans trois romans du XXeme siècle. Un jardin sur l'Oronte, La Réponse du Seigneur, Montsalvat.
Corbellari, Alain
Partant de l’analyse du Jardin sur l’Oronte de Maurice Barrès, de la Réponse du Seigneur d’A. de Châteaubriant et de Montsalvat de Pierre Benoit, ce mémoire cherche à mettre en évidence les liens qui unissent ces trois romans du 20e siècle à la littérature médiévale du Graal. Ancrés dans un contexte idéologique commun marqué par l'attachement au christianisme et au nationalisme, ces œuvres constituent en effet un reflet du regard porté par une certaine catégorie d'auteurs sur le Moyen Age et les mystères de la Sainte Coupe. Les diverses parties analytiques de ce mémoire traiteront les personnages du corpus ainsi que les quêtes qui y sont décrites. Ces différents éléments, comparés d’un roman à l’autre peuvent être étudiés en fonction de leurs rapports avec les images traditionnelles de la Quête, plus particulièrement de sa version cistercienne datée du XIIIe siècle. L’approche choisie permet d’identifier les points communs et les différences existant entre l’archétype de la quête et ses réécritures modernes. Pour terminer, quelques hypothèses sont établies sur ces parallélismes littéraires et sur les liens qu’ils entretiennent avec leurs contextes culturels, spirituels ou politiques respectifs.