[La] « littérature réaliste libérale » […] c’est littéraire comme les cours de la Bourse, réaliste comme un rêve d’affamé et libéral comme une matraque électrique. Les rôles de la comparaison chez Daniel Pennac
Gollut, Jean-Daniel
Ce mémoire, à la suite d’une constatation initiale – Pennac utilise un nombre étonnamment élevé de comparaisons dans sa saga malaussénienne – veut arriver à la conclusion que ces figures de style ne sont pas utilisées au hasard de l’écriture. Elles sont parfois utiles à une meilleures compréhension du comparé, peuvent inciter le lecteur à réfléchir au vrai sens de l’énoncé, ou permettent à l’auteur d’exprimer de façon sous-entendue son véritable point de vue ; mais elles ont plus fréquemment une visée ironique. Les fonctions que la littérature théorique attribue à la comparaison (clarté, pertinence, originalité) seront mises à l’épreuve à travers des exemples extraits de l’œuvre romanesque de Pennac. Les adéquations ou les ruptures vis-à-vis de ces fonctions feront l’objet d’une analyse sémantique. J’en conclurai que l’ironie est décelée de manière plus prononcée dans les comparaisons en rupture avec les principes de clarté et pertinence, et en adéquation avec le principe d’originalité.
Michaux à l’épreuve du cercle. Eléments de géométrie subjective.
Rodriguez, Antonio
Il peut a priori sembler paradoxal de choisir la figure du cercle, d’emblée connotée comme pleine, close et achevée, pour aborder une œuvre aussi obsédée que celle d’Henri Michaux par le morcellement, le décentrement, cherchant inlassablement à échapper à tout enfermement à l’intérieur de formes fixes, à toute cristallisation définitive. Pourtant, ainsi que le révèle l’expression de Maurice Blanchot, « du fini qui est pourtant fermé, on peut toujours espérer sortir, alors que l’infinie vastitude est la prison, étant sans issue ; de même que tout lieu absolument sans issue devient infini. » C’est vers l’étude de cette lutte toujours renouvelée entre fini et infini, telle qu’elle apparaît problématisée dans le travail littéraire de Michaux des premiers écrits aux livres de la drogue, que nous entraîne la forme symbolique du cercle. Esquisser les contours du cercle, partant du modèle herméneutique élaboré par Georges Poulet pour penser les mutations de la subjectivité, c’est esquisser l’envers paradoxal du désir d’infini à l’œuvre dans les textes d’Henri Michaux.
Histoire, Genres et Romans : une étude de "Comme le Sable", Alice Rivaz et "La Vie attendait", Yvette Z'Graggen.
Cossy, Valérie
Meizoz, Jérôme
Etude comparative de "Comme le Sable" (1946) d'Alice Rivaz et de "La Vie attendait" (1944) d'Yvette Z'Graggen qui se focalise sur la question des genres durant une période historique forte.
Identités en construction dans le "Journal" de Charles Juliet
Rodriguez, Antonio
Ce mémoire cherche à étudier l’oeuvre d'une vie dont la construction identitaire est le point d'orgue.
Charles Juliet propose dans son "Journal" une forme nouvelle de diarisme. Tout d'abord dans sa
manière d'aborder la notion d'intimité, mais aussi dans celle d'intégrer le lecteur à cette forme
d'écriture de soi. Il semble en effet que le journal d'un seul homme devienne au fil des publications
le fruit d'une perpétuelle réflexion collective. La théorie littéraire concernant le journal intime,
l'utilisation des notions d'intimité et d'extimité, ainsi que l'analyse détaillée des sept volumes allant
de 1957 à 2003 chercheront à étayer ces hypothèses.
Faire voir Victor Hugo. Technique, posture et vision de la photographie à l'aéronautique. Autour d'une correspondance avec Nadar
Caraion, Marta
Dans la correspondance entre Victor Hugo et Nadar, la photographie occupe une place minime, sinon anecdotique. L’essentiel de leurs échanges porte sur la question aéronautique, les deux hommes partageant un même point de vue progressiste sur la navigation aérienne. À partir de cette correspondance, à partir aussi de cette "absence étonnante" de la question photographique, l’objectif du présent travail est de réévaluer certains enjeux du rapport de Victor Hugo à la technique, suggérant l’hypothèse suivante : la photographie et l’aéronautique ne médiatisent pas la vision poïétique du créateur, mais contribuent à sa visibilité posturale. La puissance de leur faire voir va du monde au poète, et non l’inverse.
D’une part, contrairement à une hypothèse relativement répandue, l’œuvre hugolienne semble échapper à l’ubiquitaire « révolution invisible » décrite par Philippe Ortel. D’autre part, l’aéronautique, glorifiée par Hugo sur le plan du progrès, est critiquée pour son déficit esthétique. C’est que le rapport du poète à ces techniques est "à trouver ailleurs". Ses portraits photographiques et ses écrits sur la navigation aérienne participent à la visibilisation d’une posture multiple et soigneusement travaillée. Ils font voir un opposant politique, un exilé résistant, un poète proscrit, un ami des sciences et du progrès. Façonnant et manifestant la "posture-Hugo", ils font voir l’homme-total d’un progrès total, tout à la fois politique, poétique et technique.
Écritures romanesques de la révolte chez Camus et Malraux / Une Comparaison des personnages de La Condition humaine et de La Peste
Lachat, Jacob
La parution de "L’homme révolté" en 1951 a entraîné de nombreuses polémiques à cause de la manière dont la révolte a été développée par Camus. Dans ce mémoire, nous chercherons à nous interroger sur deux notions problématiques mises en évidence dans cet essai : la révolte historique et la révolte métaphysique. Toutefois, au lieu de se borner au débat d’idées, notre réflexion aura pour objectif de réfléchir à comment des romans, grâce à leur représentation romanesque de la révolte, parviennent à s’inscrire dans ce débat, pour fournir une représentation complexe et sensible de la révolte. Les deux œuvres dont nous avons décidé de traiter sont "La Peste" d’Albert Camus et "La Condition Humaine" d’André Malraux. En l’occurrence, la mise en commun de ces deux romans dans un même corpus s’explique par leurs différences dans le traitement de la notion de révolte, mais aussi par leurs similarités. Il s’agira aussi de remettre au jour la relation entre Camus et Malraux à partir de ces deux œuvres qui s’intéressent toutes deux aussi bien à la manière dont une révolte évolue à l’échelle individuelle que collective.
L’enchâssement narratif dans les romans d’Andreï Makine: un outil de rétrospection pour une lecture critique du présent?
Cordonier, Noël
A travers l’analyse de trois romans (La musique d’une vie, L’amour humain et La vie d’un homme inconnu), nous nous proposons de nous pencher sur un aspect méconnu et pourtant récurrent de l’œuvre makinienne : le phénomène d’enchâssement narratif. En employant ce procédé, il s’agit pour l’auteur de revenir sur le passé de son pays natal et les événements marquants qui ont jalonné son histoire. Selon nous, chaque œuvre de Makine est marquée par un type de narration dont la tonalité nostalgique traduit la recherche constante d’une patrie aujourd’hui disparue, d’une Russie effacée par le temps et la modernité.
Dans ce travail, nous procédons d’abord à une analyse structurelle des textes pour aborder ensuite les thématiques qui forment le contenu des récits enchâssés et qui apparaissent de façon récurrente au sein des trois romans. Nous nous intéressons par la suite aux réflexions que ces récits enchâssés suscitent au sein des récits enchâssants, et nous tentons enfin de définir plus clairement l’univers esthétique dans lequel nos œuvres évoluent, les courants de pensée qui ont inspiré Makine et la vision du monde que celui-ci cherche à transmettre à son lecteur.