Le traitement de la mémoire au sein de l’univers post-exotique : L’exemple de Dondog et de Lisbonne dernière marge d’Antoine Volodine
Kaempfer, Jean
Antoine Volodine s’inscrit dans une réflexion majeure de notre époque contemporaine en construisant un univers littéraire – le post-exotisme – qui constitue une expérimentation de la matière mémorielle. Ce présent travail propose d’envisager deux textes emblématiques du traitement volodinien de la mémoire : Lisbonne dernière marge et Dondog1 afin de saisir la nature profondément problématique de la matière mémorielle présente au sein de ces romans. Ce mémoire a donc pour ambition de comprendre la manière dont Volodine travaille le paradoxe de la mémoire et de mettre à jour les différents effets d’une telle position dans l’horizon littéraire contemporain.
Repenser, "panser", transformer nos relations aux animaux ? Le potentiel de la mobilité empathique, de l'éthologie au roman contemporain : "Règne animal" (Jean-Baptiste Del Amo), "Défaite des maîtres et possesseurs" (Vincent Message)
Ponctuer une traduction théâtrale : un exercice virgule à virgule ? "La paz perpetua" de Juan Mayorga. "Daisy" de Rodrigo García.
Mahrer, Rudolf
Partant de l’hypothèse que la ponctuation de la partition graphique d’une pièce de théâtre participe au sens du discours et détermine en partie la prosodie de sa performance scénique, le présent travail étudie sa variation à travers une analyse comparative de deux pièces d’auteurs contemporains espagnols et de leurs traductions : La paz perpetua de Juan Mayorga et Daisy de Rodrigo García. Ces œuvres présentent l’avantage de ressortir de deux tendances opposées du paysage théâtral espagnol actuel : le théâtre à thèse et le théâtre de plateau, qui impliquent des procédés de création fort différents. Le théâtre de Juan Mayorga opte en outre pour une forme théâtrale « classique » (intrigue développée à travers un dialogue complété de didascalies) alors que celui de Rodrigo García bouscule les codes du genre (fragments monologués consécutifs non dépendants d’une intrigue et sans didascalies). Quelle influence la ponctuation de chacune des pièces peut-elle avoir sur une (ou plusieurs) mise(s) en scène potentielle(s) ? Le passage d’un système de ponctuation à l’autre implique-t-il des modifications importantes de celle-ci ? Quels effets ces modifications peuvent-elles avoir sur le sens ou la performance de la partition théâtrale ? Il est généralement admis qu’il est impossible de traduire mot à mot : peut-on cependant traduire virgule à virgule ? Sans chercher à évaluer le processus de traduction lui-même, ce travail s’applique donc à comparer texte à texte (de l’original à sa traduction) les signes de ponctuation de La paz perpetua et de Daisy, tant dans le rapport que les textes entretiennent l’un à l’autre que dans celui qui les lie à leur propre système de ponctuation.
Les personnages maîtres de leur conscience : appréhension de l’être fictif dans trois ouvrages de science-fiction. [« Le docteur Lerne, sous-dieu », « Les mains d’Orlac » de Maurice Renard et « L’Eve future » d’Auguste de Villiers de l’Isle Adam].
Difficultés d’emploi par des germanophones des temps du passé français. Etude de cas.
Adam, Jean-Michel et Alexander Schwarz
Ce travail a pour but de s’interroger sur les difficultés rencontrées par quelques étudiants germanophones face au problème épineux des temps du passé français. Basé sur plus d’une quinzaine de travaux de nature hétérogène, il ne prétend pas donner une quelconque vision d’ensemble ni apporter de solutions. Il vise plutôt à esquisser quelques pistes, à mettre le doigt sur les points qui semblent les plus confus. Ce mémoire est divisé en deux parties : l’une, théorique, expose tout d’abord les enjeux de l’analyse des erreurs ; puis développe les relations et caractéristiques des IMP, PS et PC ; et enfin, à l’aide d’une comparaison des systèmes verbo-temporels de l’allemand et du français, présente les problèmes auxquels sont susceptibles d'être confrontés les germanophones. Sur cette base, la seconde partie analyse les emplois erronés ou maladroits rencontrés dans le corpus. Cette étude aboutit à une conclusion qui rassemble les éléments découverts. Ce travail d’analyse pose d’autre part une question fondamentale : comment qualifier d’erroné le choix d’un temps, alors qu'il appartient au narrateur de décider dans quelle perspective le procès sera présenté ? Cependant, dans une situation d’apprentissage, les étudiants sont-ils toujours conscients du sens produit par leurs formes verbales ? L’effet de style créé résulte-t-il d'un choix délibéré ou d’une non-maîtrise de la langue ? Il est vrai que, dans un tel contexte, le choix du temps est déterminé non seulement par ce qui a été enseigné à l’apprenant et ce que celui-ci a compris du fonctionnement de la langue étrangère, mais aussi par des facteurs phrastiques et transphrastiques ainsi que par les aspects grammaticaux et lexicaux du verbe. La notion même d’erreur est alors remise en cause, et, avec elle, la question des limites de l’analyse des erreurs posée.
« S'il vous plaît... décris-moi Le Petit Prince ! » Approche linguistique de l'appartenance à la littérature enfantine et du genre du texte illustré de Saint-Exupéry.
Adam, Jean-Michel
Constatant que Le Petit Prince, livre illustré que Saint-Exupéry a publié en 1942, n’a pas un statut littéraire clairement défini, puisqu’on ne sait ni s’il faut le considérer comme de la littérature enfantine ni quel est son genre, ce mémoire a pour but de fournir des éléments de réponse à ces deux interrogations complémentaires en fondant en raison la littérature enfantine, - et à travers elle la littérature et la paralittérature -, et les genres littéraires. La littérature enfantine est une littérature à part entière (et non une paralittérature) qui, du fait de son public particulier, doit adapter sa manière d’écrire au moyen de techniques verbales (lexique, syntaxe, énonciation, thème) et visuelles (illustrations). L’analyse du Petit Prince met en évidence une volonté manifeste de simplicité, ce qui tend à signifier que les enfants sont les destinataires de cette œuvre. Néanmoins, le fait que la simplification ne confine pas au simplisme explique que le livre plaît également aux adultes. Plutôt que de le cantonner dans l’une ou l'autre littérature (enfantine, adulte), il est préférable de le considérer comme de la littérature transgénérationnelle, au double sens du terme : dans le texte (le petit prince et le narrateur adulte) et par la lecture (le double lectorat), il met en présence adultes et enfants, et ce au cours des générations successives. Les genres littéraires sont la norme, l'air de famille qu’un texte a avec un groupe de textes. Constatant que l’on ne parvient pas à obtenir un classement générique satisfaisant au niveau de l’ensemble « texte », il faut se résoudre à s’intéresser au niveau moins complexe de la séquence et discerner, dans chaque texte, une dominante séquentielle et des séquences spécifiques. Bien que l’on trouve l’éventail des séquences possibles dans Le Petit Prince (argumentative, explicative, dialogale, descriptive), la dominante est sans conteste narrative. Le Petit Prince peut être considéré comme la synthèse de trois genres, la parabole, le conte et la nouvelle, ce qui en fait un « paraconte réaliste ». Cette dénomination antithétique se veut l'écho de la logique fictionnelle du livre, seule habilitée à transmettre, dans les circonstances particulièrement cruelles de sa parution, le message : il est urgent de donner un sens à sa vie grâce aux relations humaines, invisibles aux yeux de chair mais essentielles.
Le genre épidictique dans la presse sportive suisse romande : étude sur Martina Hingis et Marc Rosset.
Adam, Jean-Michel
Le genre de l’épidictique est – selon la définition qu’en donnait Aristote dans la Rhétorique – le genre de l’éloge et du blâme. Le penseur de l’Antiquité confrontait ce genre, dans l’ouvrage précité, aux genres judiciaire et délibératif. Le genre épidictique a longtemps été considéré, par rapport aux deux autres genres, comme un genre mineur, plus proche du domaine du littéraire que de celui de la rhétorique. Depuis les années septante, les rhétoriciens et linguistes se sont repenchés sur l’étude de ce genre, démontrant tout d’abord qu’en louant ou blâmant une personne, un fait, l’orateur du discours épidictique promeut des valeurs. Ainsi, le genre épidictique a aussi un rôle social à jouer, au même titre que les deux autres genres. Cette perspective nouvelle du genre épidictique a relancé l’intérêt pour ce genre et depuis, l’appareil théorique s’est étoffé de nombreuses études. Notre mémoire se propose d’étudier un corpus d’articles de presse sportive en s’appuyant sur les théories épidictiques actuelles. Cette démarche a un aspect novateur dans le sens où les recherches sur le genre épidictique, pour étayer leurs théories, se basent sur des textes de l’Antiquité, ou sur aucun texte en particulier.
Sociolinguistique et échec scolaire : la théorie des deux codes.
Adam, Jean-Michel
S’intéressant à l’échec scolaire des couches défavorisées de la population, le sociologue Basil Bernstein postule l’existence de formes de langage différentes dans les diverses couches de la population. Les couches supérieures utiliseraient un langage explicite (qui peut être compris sans le contexte dans lequel il est produit) et les couches inférieures un langage implicite (qui ne peut être compris que par référence au contexte dans lequel il est produit). Dans le premier cas on parle de code élaboré, dans le second cas de code restreint. L’échec scolaire des couches défavorisées viendrait de ce que le code restreint limite l'accès au raisonnement abstrait, le raisonnement étant guidé par les structures linguistiques. En fait, la théorie des deux codes paraît peu crédible. Le discours restreint décrit par Bernstein ne s’observe ni dans les textes que les élèves produisent à l’école, ni dans les activités verbales qu’ils pratiquent dans la rue. Le problème vient de ce que Bernstein tient pour représentatifs des échantillons de discours obtenus en situation expérimentale, situation problématique. Cependant une explication sociolinguistique de l’échec scolaire reste possible, mais en d’autres termes. L’échec s’explique par les conflits entre les structures de surfaces des différentes formes de langage, ainsi que par ceux portant sur les valeurs sociales qui leur sont rattachées.
Vision et poétique romanesques : une lecture rétrospective de Jean Rouaud.
Adam, Jean-Michel
En 1999 Jean Rouaud publie Sur la scène comme au ciel, volume qui, à en croire la quatrième de couverture de l’édition originale, met un terme à sa « suite romanesque », commencée en 1990 avec Les champs d’honneur. Au travers de ce qu’il nomme lui-même une « comédie de commentaires », l’auteur affiche sa volonté de revenir sur ses romans précédents et d’en expliquer les recoins obscurs. Or, par le biais de cette relecture, c’est non seulement ses écrits, mais surtout son écriture (au sens de « procédé de création ») qu’il met en lumière. Ainsi apparaît un véritable art poétique à l’intérieur même de l’œuvre romanesque de Rouaud. L’enjeu de ce travail de recherche a donc été de reconstituer les différents aspects de cet art poétique, fils d’Ariane aboutissant à la (re)découverte d’un auteur à considérer avant tout comme un stylisticien…
La « nouvelle-instant », un cas-limite de narrativité ? L’exemple de deux nouvelles d’Albert Camus.
Adam, Jean-Michel
Ce mémoire prend pour point de départ la notion de « nouvelle-instant » proposée par le critique René Godenne dans ses travaux sur la nouvelle moderne. Selon Godenne, « certains auteurs [notamment Marcel Arland ou Albert Camus] ne prétendent plus vouloir raconter une histoire en bonne et due forme, mais ramènent le sujet de la nouvelle à la seule évocation, et à l’approfondissement, d’un instant précis de vie (...). La notion n’inclut pas - ou si peu - une idée narrative ». Le but du travail est de reprendre ces hypothèses sur la narrativité pour tenter de les affiner théoriquement et de les mettre à l’épreuve d’une approche linguistique de deux nouvelles tirées de L’Exil et le Royaume d’Albert Camus (La femme adultère et Les muets). La première partie est entièrement consacrée à une mise au point théorique où les termes-clés d’instant, d’action et de mise en intrigue sont soumis à une tentative de redéfinition. La deuxième partie s’ouvre quant à elle à une analyse stylistique des nouvelles du corpus. L’enjeu central est de montrer que la dilatation temporelle dans l’instant va de pair avec un effritement de l’action humaine et de son organisation textuelle par la mise en intrigue. Les nouvelles camusiennes apparaissent alors comme des cas-limites de narrativité où le récit est fondamentalement décevant. Ce mémoire vise ainsi à une réflexion sur le processus de dénarrativisation à l’oeuvre dans la « nouvelle-instant » par une approche située au carrefour de la poétique de la nouvelle, des théories du récit et de l’action, ainsi que d’une stylistique linguistique.
Les Lettres portugaises de Guilleragues. Analyse discursive d’une passion épistolaire.
Gollut, Jean-Daniel
L’étude de ce roman par lettres du XVIIe siècle prend en compte les deux dimensions qui font la particularité de l’ouvrage : le discours amoureux et la monodie épistolaire. Elle cherche à mettre en évidence les aspects de l’expression passionnelle et à montrer en quoi le régime d'écriture de la Lettre convient idéalement à la dramatisation d'un scénario d’abandon. Les chapitres du mémoire traitent tour à tour différentes composantes de l’énonciation : jeu des personnes, images des interactants, modalités, argumentation. Ces analyses permettent de montrer l’évolution de l'épistolière, à la fois dans le sens d'un désespoir accru et dans celui d'une lucidité toujours plus aiguisée.
L’élaboration littéraire d’un « socio-régio-lecte ». L’image du parler paysan chez Maupassant.
Gollut, Jean-Daniel
Nombreux sont les récits de Maupassant qui ont pour cadre la campagne et qui mettent en scène des paysans. Cette catégorie de personnages fait l’objet d'une caractérisation par le langage. L’élaboration littéraire du parler paysan est étudiée ici sur la base d’un corpus de quatorze contes. Après une introduction qui souligne l’importance de la parole dans la caractérisation des personnages romanesques et rappelle les enjeux idéologiques et esthétiques de la représentation de la parole dans la littérature du XIXe siècle, l’analyse linguistique du langage paysan comprend trois volets : le premier l’envisage en tant que langage parlé, le second comme parler populaire, le troisième comme parler régional. A chaque fois, les traits caractéristiques sont répertoriés selon leur niveaux de manifestation (prosodique, phonique, morphosyntaxique, lexical, sémantique et pragmatique). La conclusion fait la synthèse des procédés utilisés par l'auteur pour produire une image littérairement acceptable de ce langage particulier.